QUALITÉ DE L'AIR EN PACA : UN TIERS DES ÉMISSIONS DUES À LA COMBUSTION DE BIOMASSE

Publié le mar 16/05/2017 - 14:00

Par Eric Besatti

Air Paca, association agréée pour la surveillance de la qualité de l'air, publie ses résultats 2016. Présentation au sein du FabLab « A Lab in the Air » à Marseille, lieu d'expérimentation de nouveaux dispositifs de mesures, partenaire de l'association. 

Contextes national et régional 

Côté sanitaire, on estime qu'« en région Paca, 10 % de la mortalité évitable est due à la pollution de l'air, soit 4000 décès par an pour 48 000 au niveau national », relève Laurence Pascal, médecin épidémiologiste à Santé Publique France. Côté économique, le coût de la pollution de l'air extérieur est estimé en France entre 68 et 97 milliards d'euros par an, selon la commission d'enquête sénatoriale de 2015. Pour le président d'Air Paca, Pierre-Charles Maria, « l'impact de la pollution doit également être appréhendé du point de vue de l'activité touristique. Si demain la qualité de l'air se dégrade en Paca, l'attractivité de notre territoire se dégradera également. »

La population provençale exposée

En 2016, conformément à la tendance de ces 10 dernières années, le niveau de pollution est en baisse en Paca. Malgré cela, Selon la réglementation européenne – issue de la directive sur la qualité de l'air de 2008 – plus de 300 000 personnes résident dans un secteur où les normes limites ne sont pas respectées. Mais la proportion monte à 86% de la population selon le critère de l'OMS (un taux de particules maximum de 20 µg/m³ en moyenne annuelle), beaucoup plus sévère. Les grandes agglomérations et les axes routiers sont particulièrement concernés.

Les cheminées des particuliers très polluantes

En Paca, tout au long de l'année, « plus d'un tiers de la pollution aux particules est dû à la combustion biomasse », explique Dominique Robin, directeur d'Air Paca, soit des particules issues du chauffage au bois, des centrales bois énergie ou du brûlage de déchets végétaux. Durant les mois d'hiver, la proportion du chauffage au bois monte à 40 % de la pollution aux particules à Marseille et 50% pour la vallée de Gap. « Un résultat auquel on ne s'attendait pas », convient le directeur. L'association identifie donc un levier d'amélioration de la qualité de l'air par le remplacement des installations de chauffage à bois les plus vétustes. Elle estime à 147 300 le nombre de chauffages à bois à rendre plus performants dans la région.

Le manque de données sur les particules ultrafines

Daniel Moutet, président de l'Association de défense et de protection du Golfe de Fos, alerte sur le manque de données sur les particules ultrafines. En effet, le cadre normatif européen imposé aux industriels est basé sur l'émission des particules fines PM10 (de diamètre inférieur à 10 µm). Il cite une étude réalisée par l'Institut éco-citoyen pour la connaissance des polluants montrant « qu'en termes de particules fines, une zone pavillonnaire voisine des industries à Fos-sur-Mer est aussi polluée qu'un tunnel marseillais en heure de pointe ». Daniel Moutet, membre du bureau d'Air Paca, milite pour encadrer également les émissions de particules utrafines : « ce sont les plus dangereuses pour la santé car elle pénètrent le plus profondément dans l'arbre respiratoire ». Du côté d'Air Paca, l'association en est « à l'étape de l'exploration du territoire selon le critère des particules ultrafines », explique son directeur. Deux points de contrôles expérimentaux sont installés depuis des années à Port-de-Bouc et Marseille Cinq Avenues.

 

Information aux habitants

Au rayon innovation, après l'application smartphone d'information sur la qualité de l'air conçue en 2016, Air Paca va en développer une nouvelle destinée aux sportifs marseillais. Elle avisera les joggers et leur servira de guide vers des itinéraires de course moins pollués.

 

Modélisation de la rue Paradis (Marseille) en légo pour faire le lien entre urbanisation et qualité de l’air. FabLab Air PACA « a LAB in the AIR » - Crédit : Air Paca

Plus d'infos : www.airpaca.org

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