Loïc Marion : « Notre-Dame-des-Landes, c'est la double peine pour l'environnement »

Publié le ven 16/09/2016 - 16:08

Aigrette, grand cormoran, passereau ou encore canard. Le lac de Grand-Lieu (44) abrite une remarquable diversité d'oiseaux d'eau. Des animaux qui pourraient être fortement dérangés par les avions qui décollent et atterrissent sur la piste de Nantes-Atlantique, située à proximité du lac. C'est en tout cas l'un des arguments développés par les partisans du projet de Notre-Dame-des-Landes pour justifier le déménagement de l'actuel aéroport. Loïc Marion, chercheur en écologie au CNRS, spécialiste du Lac de Grand-Lieu et membre du collectif d'opposants à NDDL « Les Naturalistes en lutte », n'est pas de cet avis. Il a d'ailleurs écrit au Premier ministre pour lui faire part de son point de vue sur le sujet. Interview. 

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Les oiseaux qui viennent nicher au lac de Grand-Lieu sont ils gênés par l'aéroport de Nantes-Atlantique ?

La piste de Nantes-Atlantique est orientée vers l'Est du lac. Les avions ne survolent que partiellement la rive Est. Le milieu n'est pas impacté, notamment parce que les appareils volent suffisamment haut. Bien-sûr, lorsqu'ils se posent, leur hauteur décline progressivement. Mais la piste est à trois kilomètres du lac, et les oiseaux ne sont pas dérangés.

Les animaux se sont habitués à cette présence puisque l'aérodrome existe depuis 1920. Cela ne les a jamais empêchés de venir se reproduire à Grand-Lieu. La seule fois où j'ai pu constater une gène des oiseaux à cause des activités aéronautiques, c'était pendant un week-end durant lequel furent organisés des baptêmes de l'air.  

Le lac fait t-il l'objet d'une protection particulière ? 

Le lac est protégé par une réserve naturelle de 2700 hectares. La superficie du lac en été est de 4000 hectares et de 6500 en hiver. La totalité de ce périmètre d'hiver fait est concerné par un classement qui interdit toutes constructions sur 7500 hectares. De plus, la rive la plus proche de l'aéroport est elle concernée par un périmètre de protection anti-bruit qui interdit aussi d'y édifier des bâtiments. Or, si l'aéroport venait à déménager, ce périmètre situé entre le lac et la piste deviendrait constructible et l'urbanisation pourrait menacer les milieux naturels de Grand-Lieu.  

Les partisans du projet, et notamment Manuel Valls continuent pourtant d'invoquer des raisons environnementales pour justifier le déménagement de Nantes-Atlantique...

Oui, et c'est un sacré paradoxe ! Par ailleurs, les élus locaux de Grand-Lieu et Bouaye (communes voisines du lac, ndlr) ne rêvent que de voir disparaître les contraintes environnementales pour pouvoir construire. Et c'est la même chose pour Nantes Métropole. C'est d'ailleurs le principal argument de Jean-Marc Ayrault qui répète à l'envie que la zone fait face à des problèmes de bruit et de saturation urbaine.

En réalité, déménager l'aéroport actuel à Notre-Dame-Des-Landes, c'est la double peine pour l'environnement. On sacrifierait le lac de Grand-Lieu à l'urbanisation et la zone humide de Notre-Dame, que l'on a longtemps sous-estimé mais qui se révèle être un milieu très riche. Et là, les pistes seraient construites sur la zone humide elle-même, alors qu'aujourd'hui la piste n'empiète pas sur le lac de Grand-Lieu !

Plus d'infos :

naturalistesenlutte.wordpress.com

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