Architecture : quelques réalisations "frugales"

Publié le mar 25/09/2018 - 11:17

Bâtir en circuit court, avec des matériaux naturels, sains et bruts, en recourant à des savoir-faire locaux. Voici les principes de l’architecture dite « frugale », qui privilégie une approche « low-tech » de la construction, ainsi qu’une recherche constante de l’économie de moyens. Cette démarche militante est une franche riposte aux forts impacts environnementaux du secteur de la construction et de l’aménagement. Focus sur quelques réalisations « frugales ».

 

 Monoblet (30) – Une école co-réalisée avec les habitants

À Monoblet, bourg de 500 habitants niché au pied des Cévennes gardoises, l’école est essentielle à la vie du village. Au début des années 2010, la municipalité a décidé de faire construire un nouvel établissement pour remplacer l’ancien, vieillissant. Les architectes Yves Perret (atelier Perret/Désages) et Fabrice Perrin ont été sélectionnés pour mener ce projet inclusif. « 40 000 euros ont été réunis par les habitants pour financer les équipements informatiques. Les enfants ont réalisé une mosaïque, ont apporté chacun une pierre à intégrer dans la maçonnerie et ont participé au déménagement de l’école. Ces contributions sont importantes pour que les personnes s’approprient leur bâtiment », indique Yves Perret. Côté architecture, la frugalité est au rendez-vous : structure en bois du Massif centrale, toiture végétale, béton de chanvre, brise-soleil... Livrée en 2014, l’école a reçu le prix national du Projet Citoyen, en 2015.

Plus d’infos : www.perret.desages.free.fr

Une habitation-manifeste frugale dans le Finistère

En réhabilitant cette écurie de Plouguin (Finistère) en habitation de 100 m², entre 2014 et 2016, l’architecte Philippe Madec a été le plus loin possible dans la frugalité. Les matières naturelles ultra-locales sont les plus présentes : murs en béton de chanvre, cloisons en bois massif (épicéa de Sitka produit à 10 km), laine de bois pour l’isolation, pierres issues d’une carrière située à 7 km... La ventilation est, elle aussi, naturelle. Le seul chauffage de la maison est un poêle à bois. « Pour pousser les choses jusqu’au bout, nous avons fait des creux dans les portes en guise de poignées, nous avons coupé une partie d’un mur porteur en bois pour faire une porte. Le bois récupéré est devenu la table du séjour », raconte Philippe Madec. L’Écurie (c’est son nom) fait l’objet d’un livre qui vient de paraître. Son sous-titre : Vers une architecture frugale. Tout est dit.

À lire : L’Écurie de Philippe Madec — Vers une architecture frugale, D. Gauzin-Müller, A. Bornarel, P. Madec, Éditions Muséo, octobre 2018 – 20 euros

Plus d’infos : www.atelierphilippemadec.fr

 

Matériaux locaux et sains, pas d’objet industrialisé, comme les poignées de portes ou les interrupteurs muraux : l’Écurie de Phillipe Madec va loin dans la frugalité. © Pierre-Yves Brunaud

Le Rouget (15), village frugal

L’atelier d’architecture et de paysage de Simon Teyssou est profondément ancré dans son territoire. Installé au Rouget, situé à 25 km à l’ouest d’Aurillac (15), il a progressivement produit des aménagements « frugaux » dans cette commune de 900 habitants. Les abords du plan d’eau municipal datant des années 1980 ont été revus. « Nous avons fait le choix de conserver des séquences de végétation spontanée. Le but était de faire du tour de l’étang un lieu de promenade. Les plantes enrichissent notre perception du lieu et captent les agents polluants », commente Simon Teyssou. À partir de là, les architectes et paysagistes ont reconnecté différents espaces du village entre eux. Trois plateformes ont été créées dans la pente menant au centre du village. Elles peuvent aussi bien accueillir des places de stationnement, des stands de marché que des événements festifs. Un terrain de pétanque a été réalisé ainsi que des jardins pour les habitants ne disposant pas de potager. Le tout avec légèreté et économie de moyens. « Ce qui importe, c’est l’addition de ces travaux  : elle donne une cohérence au territoire », défend Simon Teyssou. 

Plus d’infos : www.atelierarchitecture.fr

 Au Rouget, l’atelier d’architecture Simon Teyssou a réalisé des aménagements légers dans la commune. © DR

Une crèche bioclimatique à Vaison-la-Romaine

Être frugal, c’est avant tout être économe en moyens tout en gagnant en confort. Et c’est le pari réussi de la crèche des Écureuil, livrée en 2013, à Vaison-la-Romaine (84), par l’agence montpelliéraine Architecture Environnement. Les arbres présents sur le terrain d’origine ont été conservés, fournissant une protection face aux rayons du chaud soleil méditerranéen. Orientation du bâtiment et casquette solaire évitent la surchauffe des intérieurs tout en tirant parti de la lumière naturelle, évitant un recourt excessif à la ventilation et au chauffage. Les matériaux naturels et sains dominent : isolation en fibre de bois, bardage en mélèze, ossature bois... De quoi préserver la santé des tout-petits. Le bâtiment est certifié « or » dans le cadre de la démarche « bâtiment durable méditerranéen » d’Envirobat qui récompense les constructions écologiques en climat méditerranéen. 

Plus d’infos : www.arch-environnement.fr/portfolio/items/creche-a-vaison-la-romaine/

La crèche des écureuils, à Vaison-la-Romaine, respecte le confort des tout-petits. © Architecture Environnement

 

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