L'HOMME RESTE LE PRÉDATEUR DU LOUP JUSQU’AU 1er JUILLET

Publié le lun 26/06/2017 - 17:08

38. C’est le nombre de loups qui pouvaient être abattus en France pour la période 2016-2017, dont le terme est fin juin. Mais, par un arrêté du 16 juin, les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, Nicolas Hulot et Jacques Mézard (désormais ministre de la Cohésion des territoires), ont autorisé l’abattage de deux loups supplémentaires. Une décision qui a fait un tollé auprès des associations écologistes.

« C’est une décision symbolique », affirme Patrick Boffy, vice-président de FERUS (association nationale pour la conservation du loup, de l’ours et du lynx en France) en charge du pastoralisme. Et pour cause : l’arrêté pris le 16 juin est seulement valable jusqu’au 1er juillet, date à laquelle débutera une nouvelle période annuelle, avec un plafond d’abattage fixé. « Mais, sur le principe, elle ne nous plaît pas », ajoute-t-il. Une opinion partagée par toutes les associations écologistes, notamment par le collectif CAP loup. À tel point que Nicolas Hulot a cru bon de s'en « expliquer » en vidéo.

Loup, longtemps absent en France

Pour ces associations, tuer davantage de loups ne les rendra pas moins agressifs, et n’améliorera pas le sort des ovins. « Tout se base sur la protection des troupeaux, explique Patrick Boffy. Dans les pays où le loup est présent depuis longtemps, comme en Italie ou en Espagne, les gens sont habitués à travailler avec, et le taux de prédation est bien inférieur à celui que nous avons en France. » Les raisons seraient selon lui à chercher dans la longue absence du loup sur le territoire (jusqu’en 1992). Après un siècle de tranquillité, les éleveurs se sont habitués à laisser leurs troupeaux paître seuls, sans protection.

Protéger les troupeaux

« Le loup n’a pas besoin de s’attaquer aux troupeaux. Il le fait parce que c’est plus facile que de pister des animaux sauvages. Il faut donc lui rendre difficile l’accès aux troupeaux », précise Patrick Boffy. Pour cela, trois moyens, selon lui : la présence humaine près des troupeaux, celle de chiens de protection, ainsi que la construction d’enclos plus sécurisés. Il affirme que ces solutions, d’ores et déjà adoptées dans d’autres pays européens, ont montré leur efficacité.

Début juillet, le nombre de loups à « prélever » sur la période 2017-2018 sera déterminé. L'arrêté ministériel est, pour l’heure, en consultation publique. Mais « personne ne tient compte de cette consultation », déplore Patrick Boffy. Et il sait que, pour contester l’arrêté, il faudra que les associations l’attaquent devant les juridictions administratives. Ce qui a un coût. Il garde néanmoins espoir : « Nicolas Hulot a promis une discussion à ce sujet après l’été, dans l’optique du futur plan national pour le loup ».  De quoi redéfinir le rapport complexe que la France entretien avec le canis lupus lupus ?

Plus d'info : 
- Ferus
- Cap loup
- Aspas 

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