[INTERVIEW] Olivier Théobald « Deux ans pour généraliser le tri à la source des biodéchets »

Publié le ven 01/10/2021 - 12:00

Propos recueillis par Catherine Stern

Olivier Théobald est ingénieur au service Valorisation des Déchets à la direction Economie Circulaire et Déchets de l’Ademe. Il fait le point sur la législation en matière de biodéchets, qui représentent en France un tiers des ordures ménagères résiduelles.

Que prévoit la législation pour le traitement des biodéchets (1) par les entreprises, collectivités et structures collectives de restauration ? Comment a-t-elle évolué ?

Les lois Grenelle de 2010 puis la loi de transition écologique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 prévoient que les producteurs d’une quantité importante de biodéchets sont tenus d’en effectuer le tri à la source en vue de leur valorisation organique d’ici 2025. Une disposition supplémentaire a été ajoutée en 2017 avec l’adoption par la France du paquet énergie-climat de l’Union européenne qui prévoit que les biodéchets soient triés ou recyclés à la source ou collectés séparément le 31 décembre 2023 au plus tard. Fin 2021, on aura donc deux ans pour généraliser le tri à la source des biodéchets pour tous les producteurs (ménages, collectivités et professionnels) et trouver des solutions de valorisation.

Où en est-on aujourd’hui dans le traitement des biodéchets par les entreprises, collectivités et structures collectives de restauration ?

Les structures qui produisent plus de dix tonnes (2) sont aujourd’hui obligées de trouver des solutions. Mais il est compliqué de connaître la part des professionnels qui trient et recyclent leurs biodéchets. Ce que l’on sait c’est qu’en 2019, 6% de la population étaient desservis par une collecte sélective de biodéchets et que 140 collectivités proposaient un service de collecte séparée, dont les trois quarts à destination des ménages et un quart pour les professionnels.

Quelles solutions existent pour remplir ces obligations légales ?

Il existe principalement deux voies de traitement pour respecter l’obligation d’hygiénisation pour les déchets de cuisine et de table (DCT), définis comme des sous-produits animaux (SPAn) : le compostage (3), en respectant un couple de paramètres de température et de temps, et la méthanisation avec une étape préalable d’hygiénisation. Avec un composteur comme l’Emeraude station, il faut s’assurer que les produits sortants sont hygiénisés, respecter un temps de compostage suffisamment long pour permettre la dégradation de la matière organique puis observer une période de maturation suffisante pour que le produit puisse ensuite être utilisé comme amendement organique.

 

Note de bas de page :

(1) Les biodéchets sont définis dans le code de l’environnement comme des déchets non dangereux biodégradables de jardins ou de parcs, alimentaires ou de cuisine, issus des ménages, restaurants, traiteurs, magasins de vente au détail ainsi que tous déchets comparables provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires.

(2) C’est-à-dire les grandes et moyennes surfaces, la restauration collective, les hôpitaux et cliniques, les établissements d’hébergement ou de soins, etc.

(3) Individuel, en établissement, partagé ou centralisé avec une plateforme exploitée par une collectivité ou un acteur privé.

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