[DECHETS] En Bretagne, à la recherche des alternatives au recyclage

Publié le sam 17/10/2020 - 07:59

Entre la collecte, le broyage, le nettoyage et les traitements de dépollution, le recyclage du plastique est à la fois complexe et onéreux. Crédit : D.R.

Par Virginie Jourdan

Aller plus loin que le recyclage des déchets ? Dans le Finistère, une cinquantaine d'entreprises, associations et collectivités y réfléchissent sérieusement. De la sobriété à l'éco-conception, elles expérimentent de nouvelles manières de faire.

Des seaux de yaourts dans la remise d'une cantine, des palettes de bois stockées dans un hangar, du mobilier plastique stocké dans une arrière-salle, la liste s'allonge chaque semaine. Parfois négligés, les déchets des uns sont des ressources pour les entreprises voisines. Depuis un an, une cinquantaine d'entre elles a rejoint la plateforme numérique G4dec. Spécialisée dans le déploiement de l'économie circulaire, la structure est née en 2019 et réunit 68 communes à proximité de la métropole brestoise. « La collecte des déchets, en vue du recyclage, a aussi un coût pour les entreprises. La plateforme permet d'en faire une ressource pour les voisines mais aussi de proposer des solutions de transformation. Et ça fonctionne », constate Virginie L'haridon, coordinatrice du G4dec. À ce jour, 38 gisements de palettes, gobelets non recyclables ou autre mobilier plastique, réutilisables, recyclables ou transformables ont été identifiés et la volonté de réduire le recours à des matières premières neuves est clairement affichée. « Auparavant, le déchet ultime était notre cible. Dorénavant, c'est aussi le recyclage. Car il faut diminuer la consommation des ressources », poursuit Virginie L'haridon.

Changer les habitudes

« Tout ne peut pas reposer sur le consommateur », assure la jeune femme. Pour diminuer les déchets en amont, la structure travaille directement avec des entreprises. En 2020, quinze artisans vont être suivis de près. Traiteur, boulangerie, brasserie, coiffeur ou céramiste artisanal, chacun expérimente des solutions nouvelles. Le brasseur La Forge à Plouarzel lance la bouteille consignée. Deux traiteurs et une boulangerie bannissent les barquettes plastiques et les contenants à usage unique tandis que deux esthéticiennes renoncent à certains emballages de produits cosmétiques sur leurs étals. Depuis février 2020, le G4dec bénéficie du coup de pouce du Contrat de transition écologique signé par le pays de Brest (1). Comme dans 100 territoires en France, ce dernier veut accélérer les actions en faveur de la transition. « Un signe positif pour amorcer des synergies avec les communes voisines et accélérer les actions », assure Virginie L'haridon. En octobre, à Lesneven, une dizaine d'ateliers pratiques rythmera le deuxième rendez-vous du forum de l'économie circulaire, une rencontre qui réunit une cinquantaine d'entreprises et de collectivités autour des alternatives au recyclage.

 

Encadré

Une usine de recyclage nouvelle génération

Des usines de recyclage qui intègrent la baisse des déchets ? C'est l'idée qui a poussé l'Université de Bretagne Ouest et un recycleur breton à s'unir autour d'un projet commun. « La baisse des déchets plastiques reste l'horizon à atteindre », explique Yves Quéré. Depuis un an, le responsable du laboratoire de fabrication de l'UBO s’attelle à créer Valoplast : une usine de recyclage des gobelets plastiques des machines à café et de montures de lunettes. À ses côtés, le recycleur Eco Action plus qui s'est déjà fait une place autour du traitement des très polluants mégots de cigarettes. Pendant la crise sanitaire, les partenaires ont commercialisé des distributeurs de gel hydro-alcoolique conçus à partir de plastique recyclé. « Nous créerons aussi du mobilier urbain à partir des plaques issues de ces plastiques recyclés pour éviter le recours à de nouvelles matières premières et pour produire en local », explique Bastien Lucas, le DG d'Eco Action plus et Mego. Autre objectif de l'usine : tester de nouveaux usages pour anticiper la seconde vie des bioplastiques qui ne sont ni compostables, ni recyclables pour l'instant. Fin septembre, les premiers prototypes de machines seront installés à Landernau.

Note de bas de page

(1) En France, depuis 2018, 100 territoires se sont engagés à utiliser la transition comme un moteur de développement économique en fonction de leurs spécificités : énergies renouvelables, efficacité énergétique, mobilités, ruralité et agriculture, économie circulaire, construction et urbanisme, biodiversité. Ces contrats sont co-construits entre les collectivités locales, l’État et les acteurs socio-économiques du territoire.

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