Centrale nucléaire de Brennilis : « On ne maîtrise rien. »

Publié le ven 20/07/2018 - 10:45

2038, et pas avant. C’est, selon EDF, la date à laquelle le démantèlement de la centrale de Brennilis, dans les Monts d’Arrée (Finistère), pourra être terminé. Un délai qui illustre les limites de la politique nucléaire, selon Tugdual Tanquerel, représentant de Bretagne Vivante au sein de la Cli (la Commission Locale d’Information des Monts d’Arrée, qui assure une mission de concertation sur la question de la centrale).

 

 

On a appris cette semaine que la centrale de Brennilis ne sera démantelée qu’à l’horizon 2038. Quelle est votre réaction ?

On remarque qu’il faut énormément de temps pour démanteler une petite centrale, alors qu’elle n’a été utilisée que peu de temps, entre 1967 et 1985. Le temps de démantèlement du réacteur seul dépasse celui d’utilisation. Et comme il y a toujours des retards et des surprises, on peut imaginer que cela sera encore plus tardif que 2038.

Pourquoi cela prend-il autant de temps ?

C’est compliqué. Il y a des questions qui restent sans réponse : comment traiter les déchets par exemple. On voit ce qu’il se passe à Bure. Lorsqu’on a créé la centrale dans les années 1960, on ne s’est pas posé la question de ce qu’on allait en faire après. On a peut-être pensé que dans cinquante ans, on saurait tout faire, mais ce n’est pas le cas.

Mais y a-t-il vraiment urgence à la démonter ? Quel est l’impact environnemental de la présence de la centrale ?

Il reste des pollutions qui datent de l’utilisation de la centrale, de contaminations antérieures. La Cli s’est d’ailleurs étonnée dans un rapport de ne pas avoir accès à l’historique des incidents survenus en cours d’utilisation. Il y a un manque de transparence de la part d’EDF. Mais actuellement, les déchets sont confinés dans le dôme de la centrale. EDF a assuré que les travaux ne nécessiteraient pas de procédures de confinements supplémentaires.

Qu’est-ce que cela dit sur le nucléaire en France ?

Cela montre qu’on ne maîtrise rien, qu’on a aucune idée des coûts du démantèlement. La preuve en est, c’est qu’à chaque fois, EDF refuse de nous donner des chiffres. Alors soit ils n’en savent rien, soit ils ne veulent pas le dire. Mais si le bilan financier de la centrale de Brennilis était positif, EDF s’en vanterait. Or là, c’est motus et bouche cousue.  

 

Garantissez l'indépendance rédactionnelle et financière de Sans transition !