[THEMA] « Sois jeune et tais-toi ! »

Publié le lun 12/09/2022 - 15:14

Par Julien Dezécot

Connaissez-vous l’âge de vos représentants à l’Assemblée et au Sénat ? Seuls 25 députés sont âgés de 18 à 30 ans, alors que les plus de 50 ans pèsent la moitié des 577 élus. Quant au Sénat, n’en parlons pas… La moyenne d’âge y est de 61 ans et les moins de 40 ans représentent... 1,7 % des sénateurs ! Forcément, dans ce contexte, pas simple de s’identifier et encore moins de susciter de l’engagement, alors que les 18-25 ans représentent près de 15 % de la population.

« Comprendre les causes de l’abstention électorale des jeunes nécessite de s’intéresser à leur degré d’intégration sociétal, à leur place au sein du système démocratique et à la manière dont les pouvoirs publics et les politiques les considèrent... ». C’est par ces propos criants que le Cese, le Conseil économique social et environnemental, introduit en mars dernier - à la veille de l’élection présidentielle - son avis « Engagement et participation démocratique des jeunes ».
Un mois plus tard, les chiffres tombent. Plus de 40 % des moins de 34 ans se sont abstenus au premier tour de l'élection (42 % des 18-24 ans et 46 % des 25-34 ans). A contrario, les 60-69 ans sont ceux qui ont le plus voté : 88 % d’entre eux ! Un constat explose : la démocratie représentative est en panne.
Pourtant, si elle boude indéniablement les urnes, la jeune génération expérimente d’autres voies d’engagement, que nous explorons dans ce nouveau numéro thématique. Manifestations pro-climat et opérations coup de poing, les jeunes d’Extinction Rebellion, de Dernière rénovation, de L214 ou encore d’Alternatiba – le partenaire de cette édition -, sont dans tous les titres de presse.
« Malgré les espoirs d’intégration, le sentiment de perte d’un avenir individuel ou collectif prédomine », poursuit le Cese dans son avis, en pointant « les jeunes entendus dans les manifestations pro-climat ». L’éco-anxiété, cette angoisse vis-à-vis de l’avenir de notre planète, touche particulièrement cette génération. D’après une étude parue dans The Lancet l’an passé, 45 % des jeunes souffrent de ce mal du siècle.
S’ajoutent à ce traumatisme, les difficultés économiques et sociales avec près de 20 % de chômage sur la tranche 18-25 ans, notamment dans les milieux les plus défavorisés – loin des jeunes ingénieurs qui refusent leurs diplômes.

Ce qui fait dire à la Fage, première organisation étudiante de France dans un récent communiqué, qu’ il est « urgent de mettre en place de réelles mesures pour les jeunes. Et d’ajouter : à l’heure de l’urgence climatique, la jeunesse attend de ses gouvernant·e·s des mesures fortes pour répondre aux enjeux. » 

Emmanuel Macron vient de lancer pour la rentrée le Conseil national de la refondation, qui n’est pas sans rappeler le Conseil national de la résistance d’après-guerre. Objectif affiché : rassembler des forces politiques, économiques, sociales et associatives du pays, ainsi que des citoyens tirés au sort, pour proposer des réformes, notamment en matière de transition écologique. Boudée par les oppositions et les syndicats, cette nouvelle instance va-t-elle aussi oublier la jeune génération ?

Mais quand va-t-on enfin, au sein de nos instances démocratiques, permettre aux jeunes d’avoir la place qu’ils méritent ? « Nous proposons un quota de jeunes de moins de 30 ans au sein de la direction de toute instance publique », ont demandé l’an passé dans une tribune Noé Michalon, 27 ans, chef de la délégation au Youth 7 (Y7 en référence au G7) et Mégane Aellen, 28 ans, cheffe de la délégation au Y20, les représentants officiels des jeunes au G7 et au G20. Désormais, seule une mesure aussi radicale permettra de remettre les jeunes au cœur du projet sociétal.

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