[THEMA] Participation citoyenne : terreau fertile pour la biodiversité

Publié le ven 05/08/2022 - 12:00

Par Mariane Riauté

Pour implanter de la nature dans les villes et rendre pérennes ces nouveaux espaces de biodiversité, l’implication des habitants est indispensable ! 53 % des Français attendent d’ailleurs de la ville de demain qu’elle « remette la nature » en son cœur1. Il existe bien des moyens à notre portée pour agir.

Vert béton

Dans les espaces privés, de nombreuses surfaces artificialisées ont un potentiel de végétalisation insoupçonné : les cours de copropriété, les rebords de fenêtres, les balcons, les toits... Dans ces interstices urbains, les plantations s’installent dans des pots, des bacs, directement au sol, ou sur un mur avec des plantes grimpantes. Pas besoin d’autorisation, chacun peut végétaliser son béton ! Sans oublier, évidemment, de planter des variétés adaptées au milieu et peu gourmandes en eau. Pas besoin d’ailleurs d’arracher les « mauvaises herbes » de votre trottoir. Aussi, les déchets verts et organiques enrichissent et renouvellent cette biodiversité grâce au compost, possible même en appartement.

Jardin sauvage

Un jardin peut être une véritable arche de Noé pour la biodiversité. En limitant sa tonte et son défrichage, il s’ensauvagera progressivement. Un espace vert régulièrement tondu héberge bien moins d’espèces de plantes qu’une prairie sauvage : une quinzaine contre plus d’une centaine2 ! Si ce n’est tout le jardin qui n’est plus entretenu, ce peut être seulement une zone ou des chemins, ou une tonte moins régulière et plus haute. Ravis seront les pollinisateurs et autres êtres-vivants !

Refuges pour animaux

Avec la modernisation des bâtiments, les oiseaux et chauves-souris ont de moins en moins de cavités naturelles où se loger. Installer des nichoirs et gîtes leur offre des espaces pour se protéger des prédateurs et se nourrir. Ces refuges peuvent être fabriqués en bois ou construits naturellement : un arbre creux pour les oiseaux, des fissures dans un mur de pierres ou un accès à un grenier pour les chauves-souris.

Recensements

Les atlas et inventaires de la biodiversité communale permettent aux élus et citoyens de recenser les espèces végétales et animales d’un territoire afin de préserver son patrimoine naturel. Un recensement qui peut également se faire en participant aux enquêtes et observations de l’OFB, comme par exemple celle sur les mares en France. Plus original encore, dans la commune de Saint-Lunaire (35) sont placardés des avis de recherche pour « disparition inquiétante » de phasmes gaulois, hérissons d’Europe, grenouilles ou encore champignons. Ainsi les citoyens participent à « l’amélioration des connaissances et à la préservation de cette espèce » en prévenant la mairie s’ils en observent.

 

Chantiers participatifs

Les associations de défense de l’environnement proposent régulièrement des actions en coopération avec les citoyens. Le plus souvent, n’importe qui peut rejoindre un chantier de plantation d’arbres ou de végétalisation de murs dans sa commune. « En tant qu’association, on facilite les projets et on aide le citoyen à gagner en autonomie, tout en le laissant faire », explique le collectif La Nature en ville à Rennes. La LPO a ainsi lancé le programme de mobilisation citoyenne « Plus de nature dans mon quartier ». Une dizaine de projets pilotes de mobilisation citoyenne seront mis en œuvre en 2022/2023 « autour d’actions de sensibilisation, de préservation et d’intégration de la biodiversité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ».

Bombardement de graines

Plusieurs m² de surfaces libres sont (ré)offertes à la biodiversité lorsqu’une bombe à graines est lancée. Elles permettent une colonisation végétale des pieds d’arbres, toits ou lieux oubliés. N’importe qui peut bombarder, mais pas n’importe quoi, ni n’importe où. Il est interdit d’en lancer au sein d’espaces naturels protégés. Les graines de plantes invasives ou d’espèces exotiques sont à bannir, en faveur des espèces locales indigènes, assez robustes pour supporter des sols secs (sedum, cosmose) et peu gourmandes en eau (rudbeckia). Certaines sont bénéfiques pour les pollinisateurs (tournesols, coquelicots…), pour leurs fleurs et graines (courges, panais…) ou pour enrichir le sol en azote (luzerne, phacélie…). Pour fabriquer ces bombes, il suffit de graines, d’argile (ou d’une coquille d’œuf) et de terreau/compost. Elles sont plus efficaces au printemps et peuvent même devenir des outils de désobéissance civile pour végétaliser des endroits inaccessibles ou interdits d’accès (friches, abords de chantier...).

Green guerilla

Plus le temps d’attendre l’autorisation municipale pour végétaliser une rue ? Avec des pelles et des râteaux, chacun peut agir immédiatement et en toute autonomie. Il suffit de quelques heures pour qu’un collectif citoyen plante des dizaines d’arbres. Il s’agit d’actions illégales, puisque végétaliser la ville est considéré comme une dégradation d’un bien public. Mais on peut se demander ce qui le plus légitime : le béton ou la végétalisation ?

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