[THEMA] Cécile Marchand, la voix d’un mouvement

Publié le mer 16/11/2022 - 10:00

par Quentin Zinzius

 

Engagée depuis toujours aux côtés d’Alternatiba, Cécile Marchand a pris part à de nombreuses mobilisations du mouvement. Mais en 2019, sa vie bascule : en participant au décrochage des portraits du Président Macron, elle entre dans une spirale judiciaire, dont elle n’est toujours pas sortie.

Pour Cécile Marchand, jeune femme de 27 ans, « tout a commencé vers 18 ou 19 ans. Je venais de prendre conscience du dérèglement climatique, et j’avais envie de militer ». Par des amis, elle apprend la création d’une antenne locale d’Alternatiba à Lille, où elle fait ses études. « En 2015, je participais à ma première action de désobéissance civile », raconte fièrement la militante. Conquise par « le message politique du mouvement », elle participe aux mobilisations sans encombre, jusqu’aux 21 et 28 février 2019. Ces jours-là, elle prend part au décrochage des portraits du Président Macron. Le 11 septembre suivant, elle comparaît au tribunal de Paris. La peine encourue ? 5 ans de prison et 75 000€ d’amende.

Confiance collective

« C’était une opération symbolique pour dénoncer l’inaction climatique de l’État, à l’aube du G7 », justifie Cécile. Mais pour l’État justement, le symbole est de mauvais goût. « Celles et ceux qui ont pris part à l’action ont vite été poursuivis », reprend-elle. La procédure aboutit ainsi à plus de 80 procès ; malgré la réticence des maires à porter plainte. La jeune femme comparaît lors de trois d’entre-eux. Une répression judiciaire « pas facile à vivre » pour la militante, qui décrit une importante « pression mentale et temporelle ». « Elle salue néanmoins l’aide du mouvement : « il y a eu un immense soutien d’Alternatiba durant ces procès. Nous avons pu organiser nos défenses et utiliser l’engouement médiatique pour plaider notre cause, notre liberté d’expression ». À l’heure actuelle la militante, toujours active aux côtés du mouvement, est condamnée à une amende de 500€ avec sursis ; condamnation qu’elle espère parvenir à casser en Cour européenne des droits de l’homme. « On a échappé au pire », soupire-t-elle. Mais le combat n’est pas fini. « Subir l’épée de la justice pour un portrait à 10€1, ça soulève pas mal de question, raille-t-elle, et il est grand temps qu’une jurisprudence protège la liberté d’expression de la répression de l’État. »

 

1.Sur la boutique de l’Élysée, le portrait du Président est vendu à 9,90€.

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