Thierry Burlot : « Le droit à l'eau, c'est aussi le droit au développement ! »

Publié le mar 18/12/2018 - 11:51

Thierry Burlot, vice-président de la Bretagne en charge de l'environnement, l'eau, la biodiversité et le climat. Il est également président du comité de bassin Loire-Bretagne pour l'Agence de l'eau. A l'occasion des 20 ans du Carrefour de l'eau, qui se déroule les 30 et 31 janvier à Rennes, il revient sur les grands enjeux de la politique de l'eau en région.

 

« Toute l'eau qui coule en Bretagne, s'infiltre et se jette ici. C'est une spécificité du massif Armoricain. 80 % de l'eau en région provient des rivières et 20 % des eaux souterraines, alors qu'ailleurs en France, c'est l'inverse. De fait, si l'eau se dégrade, c'est bien l'aménagement du territoire et le développement économique de nos bassins versants qui sont en cause. Désormais, la Bretagne en a pris la mesure et met en œuvre une politique de l'eau ambitieuse. Avec la Breizh Cop, nous embarquons l'ensemble des acteurs de l'eau : associations, entreprises, agriculteurs, collectivités et citoyens !

Il y a 30 ans, nous faisions le choix d'une production agricole quantitative. Puis on s'est rendu compte que les sols n'en pouvaient plus. Les Côtes d'Armor et le Finistère étaient particulièrement touchés. Nous étions la région avec la plus mauvaise qualité de l'eau. Sous l'impulsion des associations, nous avons décidé d'engager des plans de reconquête, avec Bretagne Eau pure notamment.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Désormais, 40 % des masses d'eau sont conformes, contre seules 10 % il y a 30 ans !
Dans le Finistère, 80 % y sont conformes, 60 % en Côtes d'Armor. Quant aux autres départements, nous y observons une moindre pression historique : on est par exemple à 11 % des masses d'eau conformes en Ille-et-Vilaine. Les Plans algues vertes ont montré des résultats positifs. Depuis 5 ans, on a réduit en moyenne de 15 à 20 mg par litre les nitrates. Une ONG vient même de classer le Léguer « rivière sauvage ». Le Scorff doit l'être en 2019. Mais nous devons poursuivre nos efforts, comme à St Michel-en-grève, où nous avons divisé par 10 les quantités d'algues vertes ramassés l'an passé.

 

Autre problème majeur : le changement climatique. Désormais, l'eau arrive en moindre quantité sur le Massif armoricain (2 fois moins), alors que les besoins s'accroissent...

Rennes doit chercher de l'eau de plus en plus loin, parfois hors de son bassin versant. Or ans eau, pas de nouvelle population, ni d'entreprises. Et c'est aussi s'assurer de la bonne santé de tous avec une eau de qualité. Le droit à l'eau, c'est aussi le droit au développement.

 

D'où la volonté de porter une politique de l'eau intégrée et solidaire ?

Le château d'eau de la Bretagne se situe au centre, il faut le protéger, alors que le développement économique s'accroît sur le littoral. Nous devons organiser une solidarité nécessaire entre l'amont et l'aval, entre le centre Bretagne et le littoral, entre l'est à l'ouest. Et intégrée, car la politique de l'eau c'est aussi la politique agricole, la politique économique, au carrefour des politiques publiques, dans une logique de concertation.

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