PLAN CLIMAT DE HULOT : ATTENTES ET INCERTITUDES DES ÉCOLOGISTES ET ONG

Publié le ven 07/07/2017 - 17:00

Fermeture des centrales à charbon, fin des moteurs thermiques d'ici 2040, développement des énergies renouvelables ou encore rénovation thermique des bâtiments : les grandes orientations du Plan climat présenté jeudi 6 juillet par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, auraient de quoi séduire les défenseurs de l'environnement. Mais de nombreuses inquiétudes et incertitudes demeurent du côté des militants politiques et des ONG...

Dans un communiqué, Europe Ecologie Les Verts (EELV) se félicite d'ailleurs d'une « feuille de route » qui « reprend nombre de combats des écologistes ». Avant d'émettre des doutes :

« les questions du chiffrage financier, du financement et du calendrier de mise en place restent entières et constituent un flou inquiétant quand à la mise en actes de cette feuille de route. Que ce soit sur la réduction de la part du nucléaire, l’objectif de neutralité carbone, la contribution climat-énergie (taxe carbone) ou sur les grands projets inutiles et imposés, aucune modalité concrète n’a été avancée. Pas plus que le montant de la prime pour l’équipement en voitures moins polluantes. »

Concernant le nucléaire, EELV rappelle que :

« La Programmation pluriannuelle de l’énergie ne permettra manifestement pas de réduire la part du nucléaire » et regrette « le silence de Nicolas Hulot sur l’entêtement du gouvernement à construire l’EPR de Flamanville. »

De son côté, Greenpeace France indique sur son compte Facebook que :

« Le diagnostic est bon, le cap est intéressant, et des mesures emblématiques sont (enfin) reprises, comme l'interdiction de tout nouveau forage pétrolier ou l'arrêt de la déforestation importée. »

L'ONG déplore néanmoins des « oublis inquiétants » :

« Pas un mot sur la consommation de viande et de produits laitiers, aucune trajectoire précise de fermeture des réacteurs nucléaires, rien sur les traités de libre-échanges dangereux pour le climat (CETA, JEFTA) ou les grands projets anti-écolo comme NDDL. »

Avec d'autres ONG (350, Greenpeace, Oxfam, RAC), Greenpeace a d'ailleurs lancé un site et un hashtag (#MakeFranceGreenAgain) destiné à « mettre le président Macron devant ses contradictions en termes de climat ».

Pour Attac, « le plan climat de Nicolas Hulot comporte plusieurs failles majeures ». Le collectif altermondialiste regrette que :

« En écartant tout engagement pour une taxe européenne sur les transactions financières (TTF), le Plan climat entérine la priorité d’Emmanuel Macron consistant à satisfaire les exigences des acteurs bancaires et financiers au détriment de la régulation financière et de la mobilisation de ressources nouvelles pour financer la transition écologique et soutenir les populations pauvres de la planète. »

Attac critique aussi la poursuite de la négociation des accords de libre-échanges (CETA, TAFTA, JEFTA, etc.) qui, selon Aurélie Trouvé, porte-parole de l'organisation :

« contribuent à accroître les émissions de gaz à effet de serre, qui font peser de lourdes menaces sur les réglementations environnementales actuelles ainsi que sur la capacité des États à prendre de nouvelles mesures plus strictes à l’avenir, tout en donnant des droits excessifs aux entreprises multinationales, empêchant de sanctuariser les politiques climatiques des États et les engagements pris dans le cadre de l’ONU. »

Attac pointe également un objectif de neutralité carbone pour 2050 « imprécis ». Enfin, l'association insiste sur :

« L’importance des exigences sociales qui doivent accompagner toute politique de transition énergétique digne de ce nom, Attac déplore le grand écart de l’exécutif entre la nécessité de créer de nouveaux droits - via les contrats de transition - permettant de sécuriser l’avenir des salariés des secteurs concernés et l’attaque en règle en cours contre le droit du travail qui ne pourra que générer plus d’insécurité pour ces mêmes salariés. C’est là une des failles majeures du plan climat présenté par Nicolas Hulot : faire comme si les politiques de compétitivité économique, internes et externes, qui organisent la compétition généralisée et encouragent la dévastation des écosystèmes, étaient compatibles avec une politique climatique ambitieuse, ce qu’elles ne sont pas. »

Le Réseau Action Climat a quant à lui produit une analyse critique par entrée, en fonction des attentes qu'il avait formulées au mois de juin concernant des actions à mettre en oeuvre dans différents secteurs : agriculture, alimentation, fiscalité, rénovation énergétique, transports, énergie. Sur l'ensemble des points abordés, une couleur (rouge, orange ou vert) est attribuée au Plan climat. Nicolas Hulot reçoit ainsi cinq "rouges" (mauvais), quatre "oranges" (moyen) et quatre "verts" (bon). Le document est à retrouver ICI

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