[OCEAN] : 16 000 km² d’écosystèmes épargnés par les pêches profondes

Publié le ven 16/09/2022 - 09:12

Par Bloom association

 

VICTOIRE !

La Commission a annoncé ce jeudi 15 septembre la fermeture à tous les engins de pêche entrant en contact avec le fond 87 zones abritant des écosystèmes marins vulnérables dans l’Atlantique au large des côtes de l’Irlande, de la France, du Portugal et de l’Espagne, au-delà de 400 m de profondeur.

Cela aura pris quatre années de plus que prévu, mais la Commission européenne l’a fait : par acte d’exécution inscrit au Règlement encadrant les pèches profondes en Europe (Règlement n°2016/2336) sur lequel BLOOM s’est battu pendant près de sept ans, la Commission annonce la fermeture à tous les engins de pêche entrant en contact avec le fond 87 zones abritant des écosystèmes marins vulnérables dans l’Atlantique au large des côtes de l’Irlande, de la France, du Portugal et de l’Espagne, au-delà de 400 m de profondeur.


La fondatrice de BLOOM, Claire Nouvian, a réagi avec enthousiasme à l’annonce de Bruxelles : « C’est un jour de joie. Les écosystèmes remarquables au-delà de 400 mètres de profondeur vont ENFIN pouvoir souffler et cesser de se faire broyer par des énormes engins industriels qui pulvérisent des coraux millénaires, des éponges et des requins centenaires, de fragiles poulpes à oreilles et des myriades d’espèces extraordinaires qui sont les victimes collatérales depuis plus de 30 ans de l’insatiable cupidité des navires industriels. » 

La Commission a dû affronter vents et marées pour venir à bout de la résistance des flottes industrielles et de leurs plus fidèles lobbyistes : les États. La France et l’Espagne ont ainsi longtemps bloqué l’envoi de données scientifiques permettant d’établir la cartographie des milieux marins les plus extraordinaires à protéger en priorité. 
Le 26 juillet dernier, lors d’une réunion entre parties prenantes, les industriels espagnols ont même explicitement menacé d’attaquer la Commission européenne devant la Cour de justice de l’UE si celle-ci avait l’audace d’appliquer la loi et de protéger des écosystèmes millénaires. BLOOM avait dénoncé le régime odieux d’intimidation que les flottes de pêche industrielles faisaient régner alors qu’elles saccagent en toute impunité depuis des décennies un patrimoine naturel unique qui présente, en plus d’une biodiversité remarquable, l’intérêt de stocker très efficacement et à long terme le CO2 que nous émettons et de servir ainsi de puits de carbone particulièrement précieux à l’heure de la lutte contre le changement climatique. 

Sous pression de toutes parts, la Commission aurait pu faiblir, comme cela se produit trop souvent. Mais pas cette fois. Par la grâce peut-être d’une prise de conscience que l’effondrement de la biodiversité et du climat met en péril l’humanité elle-même, par la volonté politique du Commissaire à l’environnement, aux océans et à la pêche, le lituanien Virginijus Sinkevičius, la protection de l’océan et de la volonté citoyenne l’a emportée sur les intérêts des lobbies industriels. 
BLOOM salue cette décision et encourage le Commissaire à poursuivre son œuvre en fixant le cap d’une interdiction du chalutage de fond dans toutes les aires marines jusqu’ici faussement « protégées » de l’Union européenne par le biais de son « Plan d’Action pour l’Océan » attendu depuis le printemps 2021 et bloqué par le lobby du chalut. « Que le mandat de M. Sinkevičius soit retenu comme le moment de bascule de la Commission vers une protection sans faille de l’intérêt général » souhaite Claire Nouvian. 
Au-delà de la protection de notre patrimoine naturel commun, irremplaçable et merveilleux, c’est tout l’équilibre de la biosphère qui est en jeu.
 

N.B : BLOOM a gagné ces combats européens de haute lutte en coopération étroite avec de nombreuses ONG internationales, notamment la Deep Sea Conservation Coalition et The Pew Charitable Trusts.

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