Découverte - L'Oasis de Flaugergues, ferme urbaine participative de Montpellier

Publié le mar 05/06/2018 - 00:00

Le premier potager collaboratif de Montpellier est sorti de terre le 21 avril dernier. Pensée pour les citadins en manque de nature et de nourriture saine, l’« Oasis » de Flaugergues est un lieu de vie où cohabitent cucurbitacées, jardiniers en herbe, poules et de précieux insectes. Reportage au cœur de cette ferme urbaine.

« J’adore manger des légumes, j’aimerais apprendre à tous les faire pousser », s’exclame Alexandre, 10 ans, tandis qu’il répand du paillage autour des blettes qu’il vient de planter. C’est la première fois qu’il vient, en famille, au potager agro-écologique du Château de Flaugergues de Montpellier, ce vendredi 1er juin. À peine arrivé, le garçon est déjà à la tâche, ravi. Max, ingénieur agronome, toujours un nom de plante à la bouche, donne les consignes générales : alterner les variétés de légumes pour éviter les contaminations, les planter « en quinconce », et casser délicatement la motte pour libérer les racines.

L’autre « jardin » du château

Dans cette parcelle de 4000 m2, couverte de vignes il y a encore deux mois, tout était à inventer. Le terrain, mis à disposition par la famille de Colbert qui souhaitait donner de la vie à son château, est situé entre le parc luxuriant et le vignoble.

C’est en empruntant un petit sentier dérobé que nous arrivons au potager. Ici, les plantes sont plutôt rases, mais les premiers radis sont déjà prêts à être croqués. Dans la paillote, fabriquée de toutes pièces à l’aide de matériaux recyclés et de feuilles de palmier séchées en guise de toit, les quatre animateurs de l’association Oasis Citadine accueillent les visiteurs.

Sébastien Girault, fondateur de la structure, ainsi que deux agronomes et un jardinier paysagiste, proposent ce soir un atelier d’initiation à la permaculture. Sébastien explique : « Il s’agit de recréer un écosystème efficace, durable, et respectueux de la vie dans sa diversité. » Sous les tomates, des œillets d’Inde et du basilic remplacent les produits pesticides. « À cause de la monoculture, les sols sont morts, mais avec un écosystème en bonne santé, pas besoin de pesticides ! » Ainsi, les haies entourant la ferme abritent les oiseaux qui participent à la régulation des insectes, tout comme les batraciens dans les mares ou les coccinelles.

Le jeune homme de 26 ans, petit-fils d’agriculteur et diplômé d’une école de commerce, avoue ne pas s’être vraiment intéressé, étant enfant, au potager de ses parents. C’est après une expérience de woofing (vivre et apprendre dans des fermes biologiques, NDLR) en Espagne qu’il prend conscience de l’importance du travail de la terre et de ses enjeux. L’ouverture de la ferme urbaine de Montpellier marque le passage de la théorie à la pratique : « Il s’agit non seulement de faire la promotion d’alternatives durables mais de les mettre en marche, concrètement. » 


L'oasis de Flaugergues en images

Retour à la terre et lieu de partage

Les raisons de devenir « Oasien », c’est-à-dire copropriétaire de la ferme, sont variées. Julie, la maman d’Alexandre, regrette son ancien lopin de terre : « Avant, nous vivions dans une grande maison de campagne avec un potager, mais nous avons dû déménager dans un appartement. » Les tomates en pots de son balcon ne lui suffisent plus. Elle exerce la profession de tutrice légale au tribunal de Montpellier, un métier sous tension qu’en fin de semaine elle a besoin de mettre de côté en jardinant. Elle se dit prête à souscrire à l’abonnement de 40 euros mensuel qui lui permettra de venir quand elle veut à l’Oasis, profiter des formations et repartir chaque mois avec des paniers remplis de denrées.

Un peu plus loin, Gustavo, la trentaine, est un habitué du lieu depuis deux mois. Alors qu’il creuse des trous pour y glisser des plants de céleri, cet informaticien venu d’Argentine explique qu’il rencontre ici des gens avec lesquels il partage de nombreux points communs. Il apprécie aussi de pouvoir faire quelque chose de ses mains après des journées passées face à l’écran. 

Quand le soir tombe sur l’Oasis, les jardiniers se retrouvent autour des tables en palettes pour partager un repas. Alexandre s’enthousiasme pour le style « cabane en bambou » de la paillotte : « C’est presque comme Koh-Lanta ! » En attendant le jeu d’aventure, il lui faudra expérimenter pour la première fois les toilettes sèches. Au menu de ce soir, seule une carotte sauvage, que l’on découpe en petits morceaux, provient du potager. Mais bientôt, les récoltes donneront salades, aubergines, courgettes…  À nos pieds, les poules pondeuses « Blanchette » et « Gros yeux » nous tournent autour pour chiper à manger. La justification de Sébastien : « La poule, ça mange de tout, c'est l'emblème de la permaculture ! »

À terme, l’équipe de l’Oasis citadine aimerait s’entourer d’une quarantaine d’abonnés et d’une poignée de « sympathisants » qui viendraient donner des coups de main ponctuellement. Si le projet fait ses preuves, l’objectif sera de tisser « un réseau d’Oasis » dans plusieurs grandes villes. Et, semer toujours plus de graines entre les immeubles !

 

Plus d'infos :

www.oasiscitadine.fr

 

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