Des candidats interpellés sur la transition écologique

Publié le lun 19/12/2016 - 20:16

Par Laure Salamon

Sollicités sur la transition écologique, plusieurs candidats à la primaire de la gauche ou à la présidentielle ont répondu jeudi dernier. Sans Transition ! a classé leurs prestations.

 

À l’occasion de la sortie du livre L’Âge de la transition : en route vers la reconversion écologique, le Collège d’études mondiales de la Fondation de la Maison des Sciences de l’homme et l’Institut Veblen organisaient, avec la Fondation de l’Écologie politique, l’Université Paris Dauphine et les éditions Les Petits Matins, une rencontre jeudi 15 décembre au Pavillon de l’Arsenal à Paris. But de l’opération : interpeler les candidats ou leurs représentants à la présidentielle 2017 ou à la primaire socialiste sur les enjeux écologiques et démocratiques. Les candidats devaient expliquer ce qu’ils souhaitent mettre en œuvre pour la transition écologique. Un exercice peu évident pour ces politiques puisque la forme adoptée était celle des speed-speaking.Chacun disposait d'un temps de parole très court, seulement huit minutes. Puis ils étaient relancés pendant sept minutes par Dominique Méda, économiste de l’université de Paris-Dauphine, Dominique Bourg, philosophe, et Aurore Lalucq, économiste et co-directrice de l’Institut Veblen, think tank pour des réformes économiques en lien avec l’écologie. L’exercice, loin des formes des discours politiques habituels, exigeait de la concision et imposait donc d’aller à l’essentiel. Bilan.

Les bons élèves de cet exercice :

Yannick Jadot, candidat EELV :Yannick Jadot a démontré – sans entrer dans les détails – que la transition énergétique passait par une réappropriation de cette question par les citoyens à l’échelle locale et qu’elle était au cœur d’une reconstruction démocratique. Il a ajouté que ce qu’il défendait sur l’énergie s’appliquait aussi à l’alimentation. Relancé sur le moyen de financer la sortie du nucléaire, il s’est énervé sur la question car, pour lui, ce qui coûte cher c’est de continuer à investir dans cette filière. Il a d’ailleurs dénoncé la destruction de 15000 emplois dans des PME engagées dans le photovoltaïque dont personne n’a parlé car ces petites entreprises ne sont pas représentées par des syndicats. Il a reconnu qu’il fallait absolument anticiper sur les reconversions d’emplois, sur les transports… Après un discours virulent, le candidat d’EELV a été très applaudi par le public.

Benoît Hamon, candidat à la primaire socialiste : très à l’aise dans l’exercice, le député des Yvelines a rappelé qu’il ne croyait plus au modèle de développement économique qui vise la croissance. « On a bien vu que ça ne marchait pas. » Il a partagé quatre convictions : repenser notre rapport au travail en intégrant de nouveaux indicateurs humains, instaurer un modèle économique moins inégalitaire (réduction du temps de travail) ainsi qu'un revenu universel sur la base d’un RSA revalorisé, notamment pour les jeunes. Enfin, concernant la transition écologique, il a défendu une sortie du nucléaire financée par la taxe carbone et remplacée par des unités de production autonome à l’échelle locale. Pour lui, la transition écologique est forcément liée au social.

Martine Billard (qui représentait Jean-Luc Mélenchon, en déplacement aux Antilles) : elle a présenté les points du programme de Jean-Luc Mélenchon, dont certains étaient déjà inscrits dans son programme de 2012 : protectionnisme solidaire, planification écologique, inscription dans la Constitution de la règle verte (c’est-à-dire ne pas lancer des projets qui prennent plus à la nature que ce qu'elle peut offrir ou reconstituer). Et de donner l’exemple de Notre-Dame-des-Landes qui ne pourrait être initié dans un tel contexte. Elle a proposé aussi la sortie des énergies carbone et du nucléaire, en s’appuyant sur le scénario de NégaWatt, financé par les 41 milliards du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et de faire de Fessenheim un site pilote de démantèlement.

Moyens ou mauvais élèves de cet exercice :

Vincent Peillon, candidat à la primaire socialiste : visiblement pris au dépourvu, l’ancien ministre de l’Éducation a préféré présenter le bilan de François Hollande sur cette question écologique, défendant que des choses avaient été faites. Il a rappelé ses engagements au sein de France Nature Environnement et a gentiment meublé les huit minutes. Relancé sur ses propositions concrètes, il a répondu qu’il les présenterait dans son programme début janvier. Il a conclu par : « La République, je la veux démocratique, sociale, laïque et écologique ». Mais on ne saura pas comment concrètement.

Serge Grouard, représentant de François Fillon et Les Républicains : seul homme de droite dans cet océan de gauche, il n’avait pas la tâche facile. Il a passé ses huit minutes à rappeler l’urgence climatique. Ce qui n’était pas la meilleure stratégie face à un parterre de militants écologistes déjà convaincus. Interrogé par Dominique Méda et Aurore Lalucq sur comment François Fillon comptait travailler la transition écologique, il a fini par dire qu’il était d’accord avec les autres sur l’importance d’économiser les énergies et de développer les énergies renouvelables, sauf sur le nucléaire. Il a aussi rappelé que François Fillon souhaitait faire des économies notamment pour épargner la dette.

Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste : il a rappelé que l’écologie ne peut se faire sans les citoyens, sans un prix carbone, sans un changement de système financier. Il veut reprendre une proposition de Nicolas Hulot, notamment sur les investissements, et a souligné la pertinence de plusieurs propositions de Yannick Jadot.

Jean-Luc Benhamias, candidat à la primaire socialiste : il a commencé par rappeler son enthousiasme pour la lutte écologiste. Il a dénoncé la puissance du lobbying nucléaire en France et les deux morts dans les manifestations écologiques. Il a souligné l’intérêt de l’économie circulaire maisn’est pas allé au bout des huit minutes, n’ayant pas de propositions concrètes à présenter.

Gérard Filoche, candidat non validé à la primaire socialiste : il n’a pas parlé d’écologie, il n’a fait que dénoncer le système financier dans lequel nous vivons, expliquant que si on laissait Total ou Volkswagen se comporter comme ils le font, c’était inutile de parler d’écologie ou de transition.

 

Plus d'infos :

L’Âge de la transition : en route vers la reconversion écologique, sous la direction de Dominique Bourg, Alain Kaufmann et Dominique Méda, Éditions Les Petits Matins/Institut Veblen, 2016, 239 p., 23€.

 

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