[TRIBUNE] Nelly Pons : s'engager contre la pollution plastique

Publié le mer 31/05/2023 - 15:45

À l'occasion du Forum Éco Solutions les 20 et 21 octobre prochain, Sans transition ! vous propose à la lecture une tribune de l'autrice Nelly Pons, invitée de cette édition. 

 


Nelly Pons développe une sensibilité à son environnement et au monde vivant qui le peuple depuis son enfance. Elle allie sciences et culture dans un parcours d’écrivaine essayiste engagée. Parmi ses ouvrages notables : Choisir de ralentir (2017), Océan plastique (2020), Déplastifier sa vie (2022). Nelly Pons a également collaboré aux ouvrages Animal de Cyril Dion (2021) et Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi (2010).


 

Ces jours-ci, 175 pays et plus de 1.500 scientifiques, représentants d'ONG et de l’industrie sont réunis dans les locaux de l'unesco à Paris. Leur mission : mettre fin à la pollution plastique à l’aide d’un traité mondial contraignant.

L’occasion est sans pareil.

En tant qu’autrice indépendante, ma parole est libre. Je me saisis donc de cette occasion pour rappeler que :

1. La pollution plastique n’est pas qu’une question déchet, elle est aussi et surtout un problème de matière (qui commence dès l’extraction de la matière 1e et se déploie tout au long de son cycle de vie).

2. De nombreux plastiques sont associés à des problèmes de toxicité et engendrent une pollution chimique dont on ne parle encore que trop peu.

3. Une économie circulaire des plastiques est une illusion. Elle est irréaliste et ne résoudrait aucunement l’émanation de microparticules dans l’environnement. Pire, plusieurs produits chimiques dangereux ayant été retrouvés dans du plastique recyclé, elle viendrait aggraver les problématiques de toxicité.

4. Le recyclage et l'innovation, seuls, ne résoudront rien. Tout ce qui nous détournera des démarches de réduction et de simplification concourra uniquement à nous faire perdre du temps. Temps que nous n’avons plus.


À l’heure où nous mangeons, buvons et respirons quotidiennement du plastique, où l’ensemble des écosystèmes sont impactés, dans un monde où nous avons dépassé 6 des 9 limites planétaires, il y a urgence. 
Sans plus attendre, il nous faut : 

·Sortir du focus déchet.
·Sortir du focus ‘petit geste’ citoyen qui, si l’implication de tous reste indispensable, masque les décisions collectives qui doivent être prises. Et elles sont éminemment politiques.
·Lutter contre l’influence des lobbys d’intérêt privé sur les décisions publiques.
·Monter en compétence pour embrasser la complexité du sujet, sa dimension systémique,     transdisciplinaire.

Une réelle sortie de crise ne pourra que passer par :

· Une réduction drastique de notre production et consommation de plastiques
· Une réduction et simplification des résines mises sur le marché
· Une approche par secteur et par produit
· Une régulation des produits chimiques utilisés dans l’industrie plastique
· Une exigence qui ne transige plus avec la santé humaine et celle des écosystèmes.

En 1987, le protocole de Montréal interdisait les CFC, gaz responsables du trou de la couche d’ozone. Pour la 1e fois de notre histoire, nous étions confrontés à l’idée de notre propre finitude causée par nos seules activités humaines. Et nous avons réagi.

Aujourd’hui, nous bénéficions d’un cadre clair : les limites planétaires. Chacune de nos décisions doit désormais s’inscrire dans ce cadre, le seul que nous puissions nous donner : celui de la protection du monde vivant et du maintien de la vie sur Terre telle que nous la connaissons.

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