Politiques et participation citoyenne : dépasser les déclarations d’intention

Publié le mer 05/10/2016 - 10:18

Une journée sur le thème de la participation citoyenne était organisée à Sciences Po Rennes, le 1er octobre dernier. Une occasion de soulever les difficultés dans la mise en place d'une démocratie participative.

Pour aller plus loin, retrouvez notre dossier sur les nouvelles formes d'engagement démocratique et citoyens dans le n°1 de Sans Transition !

La participation des citoyens au développement du territoire ? Une idée qui fait l'unanimité chez les élus et acteurs publics présents autour de la table ronde organisée à l'IEP de Rennes en ce samedi 1er octobre par la région Bretagne. Mais de la simple concertation à la co-construction, la mise en œuvre de la participation fait face à de nombreux freins. Premier obstacle : les élus eux-mêmes. «La participation des citoyens met à mal le schéma pyramidal auquel sont habitués certains élus » observe elles-même Geneviève Letourneux, conseillère municipale de Rennes et vice-présidente en charge de la politique de la ville. « Cela nécessite un renoncement à une forme de toute puissance qui peut être difficile pour certains d'entre eux ».

Mobiliser les populations

Une deuxième difficulté est de faire venir les habitants aux réunions de concertation. Car paradoxalement la participation reste de nature descendante. «  Le pouvoir public propose des dispositifs à une population qui ne les attend pas toujours » analyse Sébastien Ségas, chercheur en science politique. Vice-présidente du Conseil régional de Bretagne chargée de l'aménagement du territoire, Laurence Fortin en est témoin : « Lorsque nous organisons une réunion de participation à Brest nous avons 50 personnes... comment arrive t-on à faire venir les gens ? » Lors du débat qui suit la table ronde cette problématique revient en boucle. Confiscation de la représentation par des représentants associatifs ou sur- représentation des personnes diplômées et des retraités paraissent éloigner une partie des citoyens. Quelques pistes émergent du débat, comme de former les élus et les citoyens à cette nouvelle forme de gouvernance ou de sensibiliser les jeunes. Le tirage au sort et l’indemnisation des participants aux réunions est aussi évoqué. Mais comme l'observe Anne Patault, vice-présidente à l’innovation sociale de la région Bretagne : «Des innovations viennent de la société civile, à nous de les accompagner ». Tout simplement.


Trois questions à Laurence Fortin, vice-présidente du Conseil régional de Bretagne chargée de l'aménagement du territoire.

Un projet breton qui est pour vous emblématique de la démocratie participative ?

Les conseils de développement, dont la région a soutenu la création dans chacun des 21 pays bretons. Ces conseils sont des assemblées constituées de membres de syndicats, d'associations, et de citoyens. Chaque pays doit définir ses orientations, et ceci doit se faire avec le conseil de développement. Au départ, pour les élus, devoir travailler en relation avec ce conseil a soulevé au début de vraies interrogations.

Que pensez-vous de la table ronde sur la participation, à laquelle vous avez participé, à Science Po Rennes, le 1er octobre ?

Ce genre de réunion permet un état des lieux. Bien sûr des tables rondes ne suffisent pas, il va aussi falloir se saisir de nouveaux outils, et les mettre en application. Mais cela ouvre un champ de réflexion. Une rencontre comme aujourd'hui permet d'avoir un regard croisé entre les différents acteurs et partenaires, pour trouver de nouveaux outils.

Que pensez-vous du fait qu'aujourd'hui, de nombreuses initiatives d'intérêt général émanent de la société civile ?

Il y a beaucoup de choses qui se font dans la société civile, il faut s'en inspirer. C'est aussi notre rôle, à nous politique, de mettre en valeur ce qui émerge. La collectivité doit entendre ses initiatives et les accompagner. Peut-être même en faire des modèles pour les dupliquer. Nous avons ce souci de travailler avec les bretons et bretonnes et de développer l’économie sociale et solidaire.

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