Thierry Salomon, " La rénovation [de l'habitat] passe par le changement d’échelle !"

Publié le mar 12/02/2019 - 11:03

Thierry Salomon est vice-président et cofondateur de l’association négaWatt, qui regroupe plus de 1000 adhérents, dont plus de 300 experts de l’énergie. Il conseille à présent les entreprises et collectivités dans les secteurs de l’énergie et de l’habitat. Il sera présent le 07 mars prochain, pour l'événement Aix demain, un cycle de séminaires initié par la ville d'Aix et organisé par l'Agence d'Urbanisme Pays d'Aix-Durance et Sans transition ! Interview.

La rénovation est l’un des grands enjeux de l’habitat de demain. Comment envisager un changement d’échelle en la matière ?              

Dans le cas de la rénovation, on est face à une énorme difficulté : ce n’est pas un produit standard, contrairement à la construction. Puisque chaque maison, chaque appartement est différent. Cela nécessite une réponse accessible et coordonnée par les professionnels, pour toucher le plus grand nombre et embarquer la majorité dans la transition. En somme, il nous faut faire de la haute couture pour le prix du prêt-à-porter, si on veut rénover en profondeur. Et changer l’image trop négative de la rénovation, car les enjeux énergétiques et climatiques imposent de faire en sorte que notre parc de logements atteigne rapidement le niveau BBC rénovation (label Bâtiment basse consommation, 50 kWh ep/m²/an). Autrement dit : diviser par 4 et plus la consommation en kWh/m²/an. Or, nous sommes aux balbutiements de la réponse apportée. Des solutions multiples doivent être déployées sur les territoires.

 Pouvez-vous nous détailler ces options, pour une rénovation qualitative et accessible ?  

Le seul chauffage des maisons construites avant 1975 représente 10 % des consommations françaises d’énergie ! Soit 17 millions de résidences principales à rénover en priorité, à un niveau de performance BBC, si possible en une seule fois. Une première piste consiste à proposer, comme nous l’avons fait avec l’Institut négaWatt, une réponse de « groupement d’artisans », formés activement à la rénovation. Baptisé Dorémi, ce dispositif a été lancé en Rhône-Alpes depuis 2012 dans la Drôme, avec Biovallée. L’autre option consiste à organiser davantage d’industrialisation dans ce secteur, pour une rénovation en profondeur, préparée en atelier, avec de l’ingénierie d’intervention. Il faut créer les conditions d’un service rapide et simplifié. Avec un vrai métier de « rénovateur » à la clé. La rénovation doit devenir simple, rapide et économique comme un coup de fil ! Dernier axe clé : rendre plus attractif le processus de rénovation : la positiver ! Pour qu’elle ne soit plus vue comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité. Il faut travailler sur ces bénéfices : confort, meilleure qualité de vie, coût, patrimoine ....

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