[THEMA] Sans électricité, pas d’eau au robinet

Publié le mer 08/02/2023 - 11:00

Par Anna Sardin

Le système de potabilisation et d’assainissement de l’eau fait partie de notre quotidien mais ses infrastructures énergivores sont vulnérables face une possible pénurie d’énergie. Cela questionne notre résilience en matière d’eau potable.

On l’appelle le « petit cycle de l’eau ». Parenthèse dans son grand cycle naturel, l’eau emprunte un cycle domestique entièrement géré par les services publics d’eau et d’assainissement. Complètement artificiel, il court du prélèvement de l’eau en milieu naturel jusqu’à son rejet. Entre-temps, le précieux or bleu a été rendu potable puis a été stocké, acheminé vers ses différents lieux d’usage (domestiques, agricoles ou industriels). Finalement, les eaux usées subissent un traitement dépolluant avant d’être restituées au milieu naturel.

« Nous avons besoin d’électricité pour faire fonctionner l’ensemble des pompes et des équipements électromécaniques nécessaires pour produire de l’eau potable conforme aux exigences sanitaires ainsi que pour traiter et rejeter les eaux usées», explique Joseph Pronost, directeur de la formation à l’Office international de l’eau (OIeau). Tout ce processus, sans lequel il n’y a pas d’eau potable au robinet, est totalement dépendant de la disponibilité en électricité : il représenterait en moyenne 20% de la consommation énergétique des collectivités compétentes en matière d’eau et d’assainissement (1).

Dans le contexte actuel de crise énergétique, cette dépendance questionne les acteurs du secteur. « Le risque, c’est un arrêt de l’alimentation en eau potable des habitants, mais aussi des industriels, voire des installations sensibles qui ont absolument besoin d’eau potable comme les hôpitaux », prévient Joseph Pronost. Et si les installations d’assainissement n’étaient plus alimentées, elles pourraient rejeter massivement des eaux usées non traitées, engendrant une forte pollution du milieu récepteur.

Pour progresser vers une meilleure résilience des infrastructures et des réseaux de distribution de ce fluide vital, certaines filières d’assainissement ont fait le choix de réduire leur consommation énergétique en développant des filtres plantés de roseaux ou en exploitant la pente du terrain pour acheminer l’eau. Autre piste : la production d’énergie directement sur les infrastructures. Ces solutions plus écologiques et moins gourmandes en énergie sont nécessaires puisque, comme le rappelle le formateur, « l’eau potable est, tout autant que la nourriture, essentielle à la vie et doit être considérée comme une priorité. »

(1) Selon une étude menée par l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea), aujourd’hui intégré à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), et par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Les situations d’une commune à l’autre sont très variables et il n’existe pas de bilan régulier de cette consommation énergétique à l’échelle nationale.

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