[SENIORS] Habitat partagé : sortir de l’Ehpad

Publié le mar 19/05/2020 - 07:59

Légende photo : Habitat intergénérationnel dans la Drôme. Crédit : Ecoravie

Par Clara Martot

Depuis une dizaine d’années, des projets alternatifs à l’Ehpad se multiplient en France. Prenant souvent la forme d’associations ou de coopératives, ces initiatives sont portées par les personnes âgées elles-mêmes, désireuses d’une fin de vie digne et dans le respect de l’environnement.

Fin des années 1990, la militante féministe Thérèse Clerc imagine une résidence autogérée pour femmes de plus de 60 ans. Plus de vingt ans plus tard, sa Maison des Babayagas s’est érigée en exemple. Au départ, le projet basé à Montreuil ne met pas en avant un idéal strictement écologique. Mais en refusant au maximum l’aide d’intervenants extérieurs et les équipements médicalisés, il s’impose comme un modèle vert de fait. Parce que l’autogestion permet souvent de déboucher, comme ici, sur des réflexions autour de l’approvisionnement en nourriture, de la dépense énergétique, ou encore du partage des biens matériels.

Époque oblige, plusieurs Ehpad cherchent à prouver que les modèles d’hébergements traditionnels peuvent aussi se mettre au vert. Le geste compte, puisque ces établissements hébergent chaque année près de 6000 résidents (soit 20% des plus de 85 ans). Parmi les gestionnaires de structures, de grands groupes lucratifs comme Korian ou Colisée affichent aujourd’hui leurs efforts d’optimisation énergétique ou de réduction des déchets. Et dans la grande famille des maisons de retraites médicalisées, certaines démarches sont plus abouties que d’autres. C’est le cas de l’Ehpad associatif Simon-Bénichou à Nancy. Avec l’arrivée d’une nouvelle directrice en 2014, l’établissement a mis peu à peu à disposition de ses 67 pensionnaires poulailler, potager, système de compost et même marché bio ! Mais si le modèle de Simon-Bénichou est régulièrement cité en exemple, certains irréductibles écologistes préfèrent façonner de toutes pièces leur propre habitat. En autogestion.

Paille, bois et tuiles

En 2009 dans la région lyonnaise, plusieurs enseignants en fin de carrière imaginent une forme d’habitat coopératif pour leur retraite. Le terrain doit être proche de la métropole pour ne pas rompre le lien avec la famille et les habitudes. En 2012, l’association devient une SAS coopérative, un modèle plus adapté à la levée de fonds. En 2017, la résidence Chamarels « Les Barges » est livrée. Dans cet immeuble de 18 logements à Vaux-en-Velin, chaque résident possède son logement et les décisions sont prises en collectif.

« Mon souhait initial était de ne pas embêter mes enfants en vieillissant et de rester active » explique Anne, 66 ans, résidente depuis l’année dernière. Elle ajoute d’emblée : « dans le groupe de départ, plusieurs personnes avaient déjà un vécu très écolo. Lorsqu’il a fallu réfléchir à toutes les caractéristiques du bâtiment, l’impératif écologique s’est imposé ». Les murs ont été montés en paille, bois et tuiles. Des panneaux solaires permettent de chauffer l’eau, de grandes baies vitrées laissent passer le soleil et limitent la consommation de chauffage.

Toilettes sèches

Dans le département de la Drôme, les tenants du projet Écoravie ont, quant à eux, érigé leur projet en pleine campagne : « il n’y avait pas de route qui menait au terrain. On a tracé nous-même notre voie d’accès ! » déroule Claire, 80 ans. Elle est l’une des initiatrices du projet, débuté il y a 13 ans : « on rêvait d’avoir chacun nos petites maisons, mais on a opté pour des appartements, plus écologiques. Chacun est adapté aux fauteuils roulants. »

Les quelque 45 résidents ont aussi choisi un système de toilettes sèches. Enfin, contrairement aux Chamarels, la coopérative Écoravie n’est pas réservée aux séniors : « l’intergénérationnel est le fondement-même du projet » explique Claire. De quoi favoriser la solidarité et, surtout, préserver au maximum l’autonomie des « Anciens ».

Plus d’infos :

www.ecoravie.org

cooperativechamarel.wordpress.com

www.ehpad-benichou.fr

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