« Rendre aux jeunes le goût de la politique ! », entretien avec Jean-Claude Perrin, fondateur de l'assocation Res Publica

Publié le jeu 15/11/2018 - 12:07

Entretien avec Jean-Claude Perrin, fondateur de l'association Res publica, organisatrice du festival La Chose Publique, qui se déroule à Lyon du 15 au 24 novembre prochain. Ce chef d’entreprise a mis une part importante de sa fortune personnelle au service du « progrès social et du développement ». A travers l'association Res Publica, il entend susciter le débat démocratique dans la Cité.

Pourquoi avoir choisi de cibler les jeunes pour cette nouvelle édition du festival « La Chose Publique », qui se déroule à Lyon fin novembre ?

Grâce aux nombreux débats politiques proposés, notre souhait est d'impliquer les jeunes dans la vie de la Cité. Objectif : leur montrer l'importance de l'action citoyenne et de la citoyenneté, des enjeux sociétaux. Concrètement, on veut politiser les jeunes ! Et les accompagner dans une co-construction de ce que l'on appelle la société civile.
En partenariat avec le média Rue89Lyon, nous invitons les jeunes à produire des contenus en ligne durant le festival. Ces derniers pourront alors être valorisés via la plateforme Villavoice.fr.
Des lycées sont également invités à participer aux débats, en partenariat avec les Académies locales, et en lien avec le ministère de l’Éducation Nationale.

Le format des débats s'inscrit dans une démarche participative, inclusive, à laquelle les jeunes sont particulièrement sensibles.

 

Vous partez du constat que la démocratie demeure une idée très récente et qu'il est nécessaire de tester sa réelle efficacité par la vox populi. Que proposez-vous pour revitaliser la démocratie  ? Une sortie du capitalisme ?
En effet, nous sommes loin de la démocratiepuisque une personne sur troisne vote pas en France. Les non-inscrits sur les listes sont toujours plus nombreux. Et le vote des extrêmes s'inscrit durablement dans le paysage Français.
Mais à mon sens, le capitalisme -malgré ses défauts- reste pour l'instant le seul système économique qui fonctionne peu ou prou. Le problème du capitalisme : que la seule valeur soit désormais l'argent. Car ceux qui savent mieux le fabriquer finissent par dominer. Et les inégalités se creusent.
Comment agir alors ? En construisant une société qui débat, implique les citoyens dans les décisions, agit sur les inégalités, ré-équilibre les forces en présence notamment par une société civile forte qui interviendrait comme contre-pouvoir.

 

Quels sont alors, selon vous, les chemins de Transition pour une véritable démocratie au sein du système capitaliste ?

La première solution qui me vient a déjà été mise en œuvre en 1789, et a eu pour objet d’abattre une élite. Est-ce souhaitable au XXIe siècle ? Je ne le crois pas.
La seconde voie est celle proposée par la Chine en ce moment : une forme de centralisme démocratique qui contrôle 1,4 milliard d'individus. Ce pouvoir me paraît d'autant plus dangereux qu’il est efficace économiquement puisqu'une importante classe moyenne chinoise - de plus de 100 millions de personnes - est en train d'émerger. Et désormais, ils affichent leur modèle global d’omni-surveillance des citoyens, à travers des conférences partout dans le monde !
La dernière solution, selon moi, est l’avènement d'une prise de pouvoir par la société civile. Doit-elle prendre la place du politique ? Pas sûr. Mais dire que c'est la société civile qui décide des grandes orientations à 20-30 ans, autrement dit du long terme, me semble inéluctable. Cette temporalité n'est plus compatible avec celle de nos politiques et de leurs intérêts propres. Le seul défaut de ce système : les citoyens doivent accepter d'être acteurs de cette Transition. De passer du consommateur au citoyen et donc de travailler à la démocratie. Ce qui ne sera pas une mince affaire !


C'est quoi « Res publica » ?
Du latin, la chose publique, relatif à l'Intérêt Général. Ce terme fait référence à la défense des valeurs de la République. Il se réfère à un état défendant le bien commun face aux intérêts privés. Créée en 1997 sous statut associatif et financée sur fonds propres, Res Publica se définit comme laïque et indépendante de tout pouvoir politique, intellectuel et financier. L'association intervient sur des sujets d'intérêt général, en véhiculant des valeurs telles que la solidarité, la citoyenneté, la liberté de penser, de s'exprimer et d'agir.

 

Christiane Taubira sera notamment présente au Festival La Chose Publique, le 23 novembre.

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