À Lyon, l’artiste plasticien Romain Froquet déploie « Tissage Urbain », une œuvre monumentale sur la place Bellecour. Une création à la croisée de l’art, de l’urbanisme et de l’écologie, pensée comme un outil d’adaptation au changement climatique.
Comment est né ce projet ?
Avec l’architecte Tristan Israël nous avons répondu à un appel à projet lancé par la ville de Lyon. Dès le départ, nous avons imaginé « Tissage Urbain », comme une réponse artistique et urbaine à cette place minérale qu’est Bellecour, afin d’imaginer son usage et son intégration dans la ville du futur qu’aspire à être Lyon. D’ailleurs, nous avons imaginé dès le départ un chantier par phases, pour que la place reste vivante et accessible pendant toute l’installation.
Qu’est-ce que vous avez voulu proposer à travers cette œuvre ?
Pour moi, tout part du lien. Mon travail interroge cette idée : comment un lien connecte, sépare, structure. « Tissage Urbain » matérialise cela : des voilages monumentaux relient les rues, modifient la perception de l’espace, introduisent une ombre, un fragment de nature symbolique. Ce n’est pas seulement une œuvre décorative. C’est une proposition : ralentir, respirer, retrouver ce qui nous relie.
La question climatique était-elle présente dès le départ ?
Oui, c’est même central, notamment grâce au travail de Tristan Israël. Bellecour est l’une des plus grandes places piétonnes d’Europe, mais elle reste aussi très minérale, écrasée de chaleur l’été. L’œuvre crée des zones d’ombre et de fraîcheur, pour pouvoir traverser cette place différemment. L'objectif : proposer une autre expérience de cette place, envisager son futur. Elle prépare ainsi le projet de végétalisation de Bellecour.
Que lui arrivera-t-il après ses cinq années prévues place Bellecour ?
L’installation est planifiée pour cinq ans, mais elle est conçue pour durer autrement. Ce tissage éphémère, monté sans ancrage, est conçu pour durer ailleurs : il pourra voyager, se réinventer. C’est une œuvre pensée pour imaginer une seconde vie. Celle-ci se poursuivra ailleurs dans la ville, à l’occasion d’un autre événement, dans une autre rue. Et cette volonté de circularité, on l’a impliqué jusque dans le choix des matériaux et de nos partenaires — bois local, béton réemployé, toiles durables et fabricants locaux. C’est une manière de prolonger le geste artistique, de rester en dialogue avec le territoire et ses habitants.
Plus d’infos : romainfroquet.fr