GUY TAPIE, SOCIOLOGUE - L'importance du lien social dans l'habitat contemporain

Publié le jeu 07/03/2019 - 12:18

Guy Tapie est sociologue et spécialiste de l'habitat contemporain. Il sera présent le 07 mars 2019 à Aix-en-Provence, lors de l'événement " Aix demain, entreprendre le futur ", second cycle de séminaires prospectifs dédié aux nouvelles formes d'habitat. Entretien.

Elément primordial de la vie individuelle et collective, le « chez-soi », le domicile, le lieu de vie, l’habitat, ont des valeurs pratiques et identitaires majeures. En matière d’appropriation des espaces de vie, la sociologie a insisté sur le rôle d’un individu plus libre de ses choix, aux multiples expériences, aux désirs plus personnels, lié à des appartenances catégorielles (âge, sexe, classe, ethnie), à des différences de statuts (propriétaires / locataires) en fonction de trajectoires résidentielles plus complexes : au cours de sa vie on habite différemment. S’il est toujours question d’exclusion, de ghettos, de sans-abris, de personnes mal-logées, l’amélioration régulière du confort, la définition et l’application de normes exigeantes en matière d’équipement, de bien-être, d’habitabilité permettent à tous d’accéder à un logement de niveau équivalent, pas au même logement.

Depuis le tournant de la durabilité, les politiques publiques valorisent des principes vertueux : sobriété énergétique, attention à l’environnement, lutte contre le changement climatique. Les éco-quartiers, sont célébrés pour être économes en ressources naturelles. Des habitats originaux concilient une localisation urbaine et des qualités de la maison individuelle, proche des services, des lieux de travail pour limiter les mobilités, en centre-ville ou dans les faubourgs, en lien avec des infrastructures de transports publics. Dans le langage des experts de l'urbanisme, c'est allier densité et individualité, une équation guère réceptive pour une partie de la population qui reste campée sur l'archétype de la maison.

La demande, dans la société française, s’est déplacée de besoins primaires vers d’autres plus sophistiqués. Ainsi se reposer, prendre du temps, affirme une approche hédoniste de la vie. Sur un autre aspect, c’est faire face à des angoisses collectives plus fortes (sur le plan des solidarités sociales, sanitaire, environnemental), dont la recherche de sécurité. En particulier, l’intérêt pour l’habitat intergénérationnel est de remettre à l’ordre du jour l’importance du lien social. C’est la conséquence de constats récurrents sur les sociétés contemporaines en matière de solidarité.

Dans des sociétés individualistes et matérialistes, l’envie sociale de ré-injecter du partage et du lien social passerait par une sociabilité élargie et une dynamique des échanges sociaux entre générations. Elles seraient des remparts contre une mise à l’écart ressentie et subie par les personnes âgées. Privilégier de tels liens est une intention majeure de programmes innovants conçus spécifiquement sur la mixité générationnelle.

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