[ GÉNÉRATION DÉSOBÉISSANCE CITOYENNE ] Vers l’essor d’une désobéissance climatique ?

Publié le mer 17/07/2019 - 08:30

Par ML

Après un appel à la grève initié par la jeune suédoise Greta Thunberg suite à sa participation à la Cop24 en Pologne, la jeunesse s’est retrouvée plusieurs fois au cours des dernières semaines pour marcher en faveur du climat. Un sentiment d’urgence qui semble toucher désormais toutes les couches de la population, et qui donne lieu à de nouvelles formes de luttes.

On connaissait déjà Greenpeace, les Amis de la Terre, et plus récemment, AnvCop21, 350.org, Notre Affaire à tous ou encore Extinction Rebellion, qui arrive désormais en France. Alors que les chercheurs et la communauté internationale tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années à propos des dangers des changements climatiques, la société française se découvre depuis quelques semaines engagée. Pendant que les actions de désobéissance civile se multiplient, la question climatique se démocratise : après le succès des grandes marches pour le climat, des actions de désobéissance civile ont vu le jour aux quatre coins de l’Hexagone, sur des registres tour à tour humoristiques, artistiques, provocantes ou encore de l’ordre du symbole. Une prise de conscience qui proviendrait de l’urgence de la situation, d’après Zoé Lavocat, porte-parole de l’équipe Alternatiba / Anv Cop21 : « Après 40 ans de mouvement écologiste en France, la prise en compte des enjeux climatiques a peu avancé chez les politiques malgré l’organisation de marches, de pétitions en faveur du climat ». D'où la nécessité de créer d'autres modes d'actions. Ainsi,  Notre Affaire à tous a lancé une pétition, l’Affaire du Siècle, qui a déjà reçu près de 2,1 millions de signatures afin de traduire l’État en justice pour son inaction climatique. Ce mouvement, composé à 80% de juristes, ne se qualifie pas pour autant de « désobéissant » : « Nous utilisons le droit comme levier et comme objet de mobilisation », reprend Marie Pochon, coordinatrice générale de l’association, qui affirme croire « à la multiplicité des modes d’action ».

Provoquer pour mieux sensibiliser

Né en 2018 au Royaume Uni, un autre mouvement, Extinction Rébellion, bouscule le paysage. Il fait suite à l’appel d’une centaine d’universitaires à agir pour le climat, et compte désormais 331 groupes d’actions répartis dans 49 pays. Après avoir signé une « déclaration de rébellion », des milliers de manifestants se sont réunis en avril dernier pour bloquer durant plusieurs jours des ponts de Londres. « Notre idée : mobiliser 3,5% de la population mondiale (1) pour inciter les gouvernements à reconnaître la gravité et l’urgence de la crise écologique », considère Emmanuelle Rivoire, l’une des militantes françaises. Ce qui a séduit cette enseignante lyonnaise ? Le fait de pouvoir contribuer à la création d’un nouveau mouvement décentralisé. En France, Extinction Rébellion a commencé à se lancer à l’automne dernier, à travers une plateforme en ligne, surnommée la Base, sur laquelle les militants peuvent échanger sous couvert de pseudos. Alors que près de 831 interpellations ont déjà eu lieu au Royaume Uni, aucune arrestation n’a encore eu lieu au sein de l’Hexagone. « Mais ce serait un moyen pour nous de communiquer », estime Emmanuelle Rivoire. Car le mouvement se distingue avant tout par ses actions choc : en avril dernier, 1,5 tonne de vêtements ont été déversés devant H&M Paris afin de dénoncer les effets de l’industrie textile, « la deuxième plus polluante au monde », tandis que mi-mai, 300 litres de faux sang ont été lâchés sur les marchés du Trocadéro pour symboliser l’inaction des gouvernements au cours des dernières années concernant le déclin de la biodiversité au niveau mondial.

« Nous sommes nombreux à avoir grandi en entendant parler du dérèglement climatique. Nous sommes à la fois inquiets pour nous-mêmes, mais aussi pour d’autres régions du monde », Lena, 21 ans, militante pour Youth For climate

Et l’arrivée de la jeunesse ne fait que renforcer le sentiment d’urgence : « Les jeunes ont une approche plus radicale, et sont prêts à passer tout de suite à l’action. Ils ont peur des effets du dérèglement climatique, qui auront un impact sur leur propre génération », admet Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Lena, 21 ans, est désormais de ceux-là. Etudiante en mathématiques et physique à la Sorbonne, cette jeune fille, militante pour Youth For climate, s’est engagée en arrivant dans la capitale. « J’ai commencé par être présidente de l’association écolo de mon campus ». Puis elle a créé un collectif informel de désobéissance écologiste parisien, avec des amis. « Nous sommes nombreux à avoir grandi en entendant parler du dérèglement climatique. Nous sommes à la fois inquiets pour nous-mêmes, mais aussi pour d’autres régions du monde ».

Bien que l’enjeu soit, pour ces militants, d’abord d’ordre climatique, les mobilisations naissantes représentent autant de manières de s’élever pour une justice écologique et sociale. « Beaucoup de jeunes arrivent avec la question climatique, sans savoir que cela est lié à beaucoup d’autres paramètres. On n’est pas là pour demander de petits changements, mais un changement de société », résume Lena. Une transition, une vraie

(1) en référence à une étude présentée lors d’un Tedx de la professeur américaine en politiques publiques, Erica Chenoweth

https://tedxboulder.com/videos/the-success-of-nonviolent-civil-resistance

 

Plus d’infos :

https://notreaffaireatous.org/

http://youthforclimate.fr/

https://extinctionrebellion.fr/

https://www.greenpeace.fr/

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