[ÉVÉNEMENT] - Sébastien Barles, collectif Marseille en commun : « Le niveau de protection des lanceurs d'alerte est un baromètre de la démocratie »

Publié le mar 23/01/2018 - 15:42

Table ronde, rencontres et ateliers. Un Forum des lanceurs d'alerte a lieu, à Marseille, au Mucem, jeudi 25 janvier à partir de 18h. Un événement exceptionnel qui verra notamment intervenir Edward Snowden. Entretien avec Sébastien Barles, membre de Marseille en Commun, collectif qui co-organise la manifestation avec le Mucem. À noter : le Forum se déroule dans le cadre de La Nuit des Idées, rencontre internationale portée par l'Institut Français qui retransmettra l'événement en live sur son site internet

Pourquoi organiser ce forum des lanceurs d'alerte qui réunit des personnes et des personnalités aussi diverses qu'Olivier Dubuquoy (géographe, lanceur d’alerte sur les boues rouges), Michèle Rivasi (eurodéputée, co-fondatrice de la CRIIRAD) ou Hervé Kempf (rédacteur en chef de Reporterre) ?

Il existe déjà un événement consacré aux lanceurs d'alerte à Paris, mais il est plutôt centré sur le livre. Nous souhaitions, nous, davantage focaliser notre forum sur l'Afrique, Marseille étant un carrefour entre l'Europe et l'autre rive de la Méditerranée. Par ailleurs, Marseille est un endroit où l'alerte prend un sens particulier : la ville est gangrenée par l'affairisme et le clientélisme. Et où des héros ordinaires divulguent des choses incompatibles avec l'éthique et/ou l'intérêt général.

L'idée est de rassembler des associations et des ONG comme Anticor ou Transparency International. Mais aussi de parler de la réglementation européenne sur les lanceurs d'alerte. Deux eurodéputées seront présentes : Michèle Rivasi (EELV) et Virginie Rozière, une social-démocrate qui plaide pour une harmonisation de la réglementation en Europe sur les lanceurs d'alerte. Notre idée est d'organiser de grands débats publics. Le niveau de protection des lanceurs d'alerte est un véritable baromètre de la démocratie. Concernant les médias, la question de la protection des sources, qui est remise en question via le secret des affaires, sera notamment abordée.

Edward Snowden devrait intervenir à distance. Sa parole est rare. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il sera présent en duplex et non par Skype. Nous ne savons pas encore exactement par quel moyen technique, mais il interviendra sur la question de la surveillance généralisée du citoyen.

Une table ronde sera dédiée au rôle de la presse dans l'alerte. Les médias, souvent décriés et accusés d'être liés à des lobbies, sont-ils encore en mesure d'attirer l'attention du citoyen sur des risques ou des pratiques politiques douteuses ?

Nous avons invité des médias spécialisés dans l'alerte. Ils ont un rôle important à jouer. On le voit notamment avec le succès d'une émission grand public comme Cash. Mais ils doivent intervenir dans le respect de la loi Sapin 2 qui protège les lanceurs d'alerte. Ils devront parfois ne pas trop vite donner les noms des personnes qui divulguent des informations au risque de les « carboniser ».

Par ailleurs, nous souhaitons également aborder un sujet qui préoccupe pas mal d'ONG : les procès baillons. Le fait que de grandes entreprises multinationales attaquent en justice un lanceur d'alerte l’assomme de procédures pour le décourager.

"Lanceur d'alerte" semble être aujourd'hui un terme galvaudé, mis à toutes les sauces. Le forum est-il aussi l'occasion de faire le point sur cette notion ?

Oui. C'est vrai que nous avons voulu présenter des lanceurs d'alerte au sens large. Des salariés d'entreprise, des fonctionnaires, une personne victime de «délit de solidarité » pour avoir aidé des migrants à passer la frontière dans la vallée de la Roya... Pour nous il s'agit avant tout des personnes qui agissent, souvent en prenant des risques, pour défendre l'intérêt général. Quitte à désobéir.

 

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