rencontre de la MACIF du 25 novembre 2024 - Nantes
Un assureur doit prendre en compte tous les risques, en particulier le climat et la santé, en plus des vols, des incendies … Et, justement, le maraîchage intègre tous ces risques, mais il dispose aussi des leviers pour les réduire et pour construire des systèmes résilient. C’est pourquoi il est indispensable de renforcer les liens entre le monde de l’assurance et celui du maraîchage. Le Jardin de Cocagne Nantais constitue un terrain privilégié pour réfléchir aux solutions à mettre en œuvre.
Le Jardin de Cocagne Nantais, c’est 7 permanents et un conseil d’administration pour mettre en œuvre :
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un chantier d’insertion qui accueille une 20 aine de personnes ;
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une exploitation en maraîchage biologique sur 3 ha, dont 3500m² sous serre, avec 50 types de légumes et 200 variétés par an pour 30 tonnes produits tous les ans ;
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la distribution à 160 adhérents, accompagnés de Brèves, toutes les semaines ;
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le partenariat avec Bio Loire Océan, une association de producteurs qui coopèrent, pour organiser la distribution de près de 2000 paniers par semaine à l’échelle de la région
Le Jardin de Cocagne Nantais constitue un lieu particulier où des personnes qui s’engagent dans un nouveau projet de vie produisent des légumes pour des foyers qui ont les moyens de les acheter.
Le Jardin de Cocagne Nantais n’est pas seul : il est membre du réseau Cocagne constitué de 110 jardins, 700 hectares, 7000 salariés pour 1,3 millions de paniers de légumes produits sur l’année.
Des constats :
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un changement climatique, avec un réchauffement et beaucoup d’aléas : cette situation rend plus complexe la préparation du plan de culture ainsi que son suivi, avec des crises qui peuvent fragiliser l’accès à l’alimentation de tous les citoyens ;
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des tensions pour l’accès à l’eau (avec des restrictions possibles) ; des risques pour les serres (coups de vent fréquents) ;
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des nouveaux ravageurs qui s’installent (punaises, tuta absoluta …) et qui n’ont pas de prédateur ; ravageurs actuels de plus en plus résistants et qui passent l’hiver (parce que les températures sont douces.
Une bifurcation écologique s’impose car on ne peut plus seulement adapter un système. Pour accompagner ce changement, il faut que l’action publique et les financements puissent avoir des effets de levier puissant.
Le Jardin de Cocagne Nantais apporte une approche locale d’un développement durable intégré, portée par un conventionnement avec les partenaires, en particulier les acteurs publics.
Des réponses pour construire un système résilient :
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développer un maraîchage bio-intensif avec :
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pour la gestion de l’eau : du paillage et du goutte-à-goutte ; un travail du sol « en douceur » pour maintenir la biodiversité ;
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pour les ravageurs : des plantes de service réparties sur l’ensemble des serres ; le maintient d’une grande biodiversité ;
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former des salariés aux techniques du maraîchage biologique, et en particulier des migrants (qui sont partis à cause des guerres mais aussi du changement climatique) qui veulent s’installer en agriculture ; mobiliser la main d’œuvre des salariés en insertion pour limiter le travail au tracteur pour la préparation des planches le désherbage, le buttage, les récoles (pour réduire les consommations d’énergie) : au Jardin de Cocagne Nantais, les émissions sont d’environ 100 g CO2 / kg de légumes alors qu’elles sont de 300 g de CO2 / kg de légumes en agriculture conventionnelle ;
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renforcer les liens avec les adhérents pour qu’ils soient heureux de venir chercher un panier de légumes (de saison … comme dans son propre jardin) toutes les semaines, avec des Brèves sur les actualités du Jardin et des idées de recettes : on construit une coopération avec les consommateurs en développant une démarche de sobriété et promouvant une économie des besoins et de la coopération (et non une simple logique d’offre et de demande) : une véritable alliance doit se construire ;
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développer les coopérations au sein du territoire et avec d’autres Jardins de Cocagne en partageant une vision intégrée des enjeux environnementaux, sociaux et économiques ; promouvoir des actions entre acteurs qui sortent d’une logique de concurrence, comme on le fait au sein de Bio Loire Océan mais comme on n’arrive pas à le faire avec les agriculteurs chimiques ; visites par des écoles ; organisation de portes ouvertes.
Il faut une articulation des échelles pour passer de la petite échelle du Jardin de Cocagne Nantais jusqu’à l’échelle mondiale. La tendance libérale est de rendre le système alimentaire de plus en plus grand pour le rendre résilient, or ce gigantisme le fragilise. C’est en partant du local que nous parviendrons à construire des mosaïques résilientes.
Des orientations et des attentes :
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développer une production maraîchère, et plus généralement agricole, locale, bio et sociale, pour contribuer à un système alimentaire local (porté par un projet alimentaire territorial (PAT)), dans une logique de souveraineté alimentaire locale, en permettant à tous d’avoir accès aux produits (paniers bio solidaires / sécurité sociale de l’alimentation) ; valoriser la biodiversité locale (partenariat avec la LPO).
Le Jardin de Cocagne Nantais cultive 150 m² pour chacun de ses adhérents. Si on voulait permettre à chaque foyer de la métropole nantaise (environ 200 000 foyersà d’avoir sa « parcelle de Jardin de Cocagne », il suffirait de 3 000 ha (soit 30 km²) (la surface d’un gros céréalier!) , ce qui représente seulement 6 % de la métropole.
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avoir le soutien des pouvoirs publics et fondations privées pour l’accès au foncier sur des petites surfaces (planification et financement) et à l’eau (avec un partage équitable). La constitution de foncière pour l’acquisition de terrain agricole permettrait de donner une visibilité à long terme pour une planification agricole durable.
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renforcer les moyens humains et les capacités d’accueil (et donc financiers) pour les Jardins (soutien de l’État, du Département et de Nantes Métropole) en développant des parcours pour faciliter l’accès aux professions agricoles et à l’installation de nouveaux agriculteurs.
Le Jardin de Cocagne Nantais participe à explorer les solutions pour répondre aux défis du changement climatique. Le rêve serait d’avoir plein de Jardins de Cocagne en réseau sur toute la France pour que chaque foyer ait sa parcelle de Jardin de Cocagne !