Le Moulinage des rivières redonne vie à une usine textile

Publié le mer 30/01/2019 - 19:02

Par Coline Vernay

Jusqu’en 1964, on fabriquait des fils de soie dans l’ancien moulinage Gabert, de Pélussin (Loire), dans le parc naturel du Pilat. Une association, le Moulinage des rivières, veut transformer cette ancienne usine textile en un lieu de vie et de travail pour les habitants et les artisans locaux. L’ouverture de ce tiers-lieu est prévue pour la fin de l’année 2019.

La variété des profils engagés dans l’association du Moulinage des rivières le dote d’une belle palette de compétences et de sensibilités : « Chaque personne apporte quelque chose », présente Odile Proust. La présidente de l’association, chargée des métiers d’art à la chambre de métiers et de l’artisanat de Vienne, est habitante de Chavanay. Cette commune est située en contrebas de l’ancienne usine textile du moulinage Gabert, bâtiment au cœur des préoccupations de l’association.

Le Moulinage des rivières souhaite rénover le bâtiment et lui donner plusieurs fonctions, dans le but de conjuguer patrimoine, emploi, culture et nature. Sur les deux étages du bâtiment, qui s’étale sur plus de 270 m² de surface, l’objectif est d’abord la sauvegarde du patrimoine et le soutien à l’emploi en milieu rural, avec la création d’espaces de travail et la mutualisation du matériel et des services. Pour cela, des ateliers pourront être loués par des artisans au rez-de-chaussée et au deuxième étage.
Second objectif : accueillir du public, pour permettre le développement de projets culturels avec, par exemple, la création d’un centre d’art et d’expression textile, ainsi qu’un pôle documentaire. Toutes ces activités pourront avoir lieu au premier étage, dans la salle des verrières, mais aussi dans les jardins-terrasses du toit, destinés à accueillir du public.
Dans ce lieu, plusieurs profils s’entrecroisent. Et, pour œuvrer au tissage de liens entre eux, un café de la Manufacture va aussi s’installer et programmera des animations variées.
Et, parce que le projet a aussi pour but de travailler la relation du public à la nature, un sentier botanique et des animations pédagogiques vont être mis en place. Un véritable tiers-lieu, en somme, dont l’ouverture est prévue pour la fin de l’année 2019.

Un espace marqué par ses occupants

L’association du Moulinage des rivières a été créée en 2013, à partir de deux associations : Visages de notre Pilat et Des amis et des livres, qui se sont retrouvés autour de la thématique du patrimoine industriel textile local. Ces cinq dernières années, le lieu a déjà été régulièrement animé, avec des conférences gesticulées, mais aussi des expositions, des ciné-rencontres, des visites scolaires… Les journées du patrimoine et des métiers d’art, ainsi que des ateliers d’écriture ou de linogravure ont aussi attiré du public. En tout, plus de 3000 personnes ont été accueillies, dont d’anciennes ouvrières.
 

« Chaque personne apporte quelque chose »

Odile Proust, présidente du Moulinage des rivières

L’espace a été marqué par ses différents occupants : les travailleuses ont gravé leurs noms sur les murs ; le ferrailleur et l’antiquaire, qui se sont succédé après la fermeture de l’usine, en 1964, ont laissé quelques matériaux en souvenir… Au cours de la visite, on croise de mystérieux objets : une console métallique qui semble sortie tout droit d’un film de science-fiction, un tambour coloré (qui a été utilisé dans le film Effroyables Jardins), des tiges en verre qui ont servi au moulinage des fils de soie… Les derniers arrivants ont déjà pris leurs marques : banderoles joyeuses, structures en bois accrochées aux arbres et fresques colorées attestent de leur présence.

Un potentiel évident pour les artisans

L’accueil du bâtiment est déjà prêt à recevoir du public : son mobilier, fabriqué à partir de matériaux récupérés par Bruno, architecte, et Jean-Luc, plasticien et voisin des lieux, est assorti à la pièce. « Nous ne sommes pas encore installés, mais déjà identifiés ! Nous avons fait émerger plusieurs collaborations entre différentes personnes et savoir-faire. Cela sera encore plus fort lorsque le lieu sera permanent », présente Odile.
Quand l’association a été créée, Odile a appris que le moulinage Gabert était en vente. À ses yeux, qui connaissent bien les besoins des artisans, le potentiel est évident. Elle raconte : « Nous étions une vingtaine au départ, aux centres d’intérêt variés ; certains étaient plus touchés par la dimension patrimoniale, d’autres par l’emploi local, la culture, les métiers d’art… Nous nous sommes réunis autour d’un projet commun : faire quelque chose dans ce lieu. » Une convention d’occupation temporaire du lieu a été signée. Les bénévoles entretiennent le bâtiment, le propriétaire leur fait confiance et soutient le projet.

Un outil de travail

Pour le projet de rénovation du Moulinage, le groupe a opté pour l’architecte Bruno Cateland, qui a été membre d’une crèche parentale et a travaillé sur le projet de rénovation des Halles de la Martinière, à Lyon. Le plan de rénovation se présente comme « minimaliste, afin de respecter au maximum les qualités spatiales du bâtiment existant. Il s’agit avant tout d’aménager le bâtiment pour en faire un lieu et outil de travail », explique Odile. L’architecte, qui reste conseiller bénévole de l’association, a présenté le projet, en octobre, au congrès national des parcs régionaux.

Le budget prévu est de 870 000 euros, réparti entre subventions publiques, emprunts et apports privés. La campagne de financement participatif, réalisée sur HelloAsso, a permis de réunir 34 000 € en fonds propres. L’association opère actuellement une mue vers la coopérative, dans le but de proposer des activités fidèles à l’histoire des lieux, favoriser la coopération entre ses « habitants » et l’émergence de pratiques respectueuses de l’environnement. Le projet a aussi été soutenu par des Cigales, un club d’investisseurs de l’économie sociale et solidaire. Et chacun est encore invité à prendre sa part !

Plus d’infos :

moulinagedesrivieres.com
Financement participatif ICI

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