Jean-Paul Benoit, Mutualité Française : « Vers une coopération sanitaire ! »

Publié le lun 06/03/2017 - 14:24

PUBLI-RÉDACTIONNEL par La Mutualité Française

La Mutualité Française a lancé en décembre 2016, placedelasante.fr,un site participatif qui invite tous les citoyens à venir poser leur question ou interpeller les candidats à la présidentielle. Ce site décrypte aussi les programmes des candidats au travers de 8 thématiques portant sur la santé et la protection sociale dont l’accès aux soins. Tribune de Jean-Paul Benoit, Président de la Mutualité Française Paca sur la situation de l’accès aux soins dans notre Région

En Paca, ce ne sont pas les médecins qui manquent. Pourtant, à y regarder de près, plusieurs territoires doivent faire face à des déserts médicaux ?

Jean-Paul BENOIT : Si l’on considère la moyenne régionale, PACA est plutôt bien dotée en médecins. Néanmoins, ce chiffre cache de fortes disparités. Les territoires alpins et ruraux, ainsi que certaines zones péri-urbaines connaissent des pénuries très préoccupantes. De plus, l’âge moyen des médecins libéraux est élevé et le remplacement des départs en retraite est quasi impossible dans les zones peu attractives. A la question des déserts médicaux s’ajoute celle de l’accessibilité financière aux soins. En fonction des spécialités, il est des secteurs géographiques où il n’y a plus de médecin respectant les tarifs de la sécu.

Est-ce une fatalité ou peut-on dépasser cette situation contrastée ?

Jean-Paul Benoit : Tous les candidats à la présidentielle proposent d’augmenter le numerus clausus*. Il est vrai qu’à trop le fermer on décourage les jeunes qui souhaitent devenir médecins. Mais cette mesure ne suffira pas. Les nouveaux médecins ne veulent plus de l’exercice isolé de la médecine en cabinet libéral. A la sortie des études, seul 1 sur 10 s’installe en libéral. Ils ne veulent des conditions professionnelles de leur prédécesseur : le praticien seul, disponible 24/24, travaillant 14h/ jour, ne disposant pas d’un plateau technique performant, qui gagne, certes, bien sa vie mais n’a plus de vie personnelle... Ce n’est plus leur vision du métier, ni la médecine qu’on leur enseigne en fac de médecine. Heureusement des solutions existent pour faire évoluer les conditions d’exercice et garantir l’accès aux soins de premier recours sur tout le territoire.

Quelles sont-elles ?

Jean-Paul Benoit : Il faut mettre en place les conditions d’exercice de la médecine du XXI e siècle : une pratique en équipe pluridisciplinaire, la possibilité de recourir à des plateaux techniques de qualité. Les centres de santé ou les maisons de santé sont des structures adaptées à ces exigences. Les centres qui peuvent disposer de plateaux techniques lourds, salarient leurs médecins, ce qui correspond aussi à une aspiration forte chez les jeunes. De par leur taille, ces structures sont bien adaptés aux zones péri-urbaines. Les maisons de santé sont plus légères. Elles regroupent des professionnels libéraux. Elles peuvent être implantées dans les zones de population moins dense. Leurs limites en équipements techniques et couverture des spécialités peuvent être compensées par un adossement aux hôpitaux locaux. Les médecins qui exercent pourraient ainsi se voir proposer des contrats de salariés à temps partiel à l’hôpital. Ils y retrouveraient les conditions techniques et collectives d’exercice pour lesquelles ils ont été formés. Les spécialistes hospitaliers pourraient, quant à eux, assurer des consultations avancées dans ces maisons de santé. Il s’agit de casser le mur entre la médecine de ville et l’hôpital pour tendre vers une coopération de l’ensemble du système de santé sur chaque territoire. Je ne crois pas aux mesures coercitives d’installation des médecins. Je reste persuadé que la solution est dans l’amélioration des conditions d’exercice. Pour cela, une concertation entre tous les acteurs de l’organisation de soins est nécessaire afin d’aboutir à un maillage territorial satisfaisant.  


 

Le 21 février, la Mutualité Français a invité cinq candidats à l’élection présidentielle – Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon, Yannick Jadot et François Fillon – qui sont venus préciser leurs programmes en santé et protection sociale, au Palais Brongniart, à Paris, lors du rendez-vous Place de la Santé. Retour sur cet événement, en vidéo. 

 

Plus d'infos :

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