[CONFERENCE] Changer de regard sur l'eau, avec Charlène Descollonges

Publié le mer 15/10/2025 - 12:00

En région Provence-Alpes-Côte d'Azur, face à la raréfaction de la ressource en eau sur certains territoires — liée notamment au changement climatique— comment changer de regard ? Quelles actions concrètes peut-on collectivement mettre en œuvre ? Ce sont les questions auxquelles les intervenants du premier opus du projet « Les pieds dans l’eau », qui s’est déroulé le 25 septembre dernier à la Boiserie de Mazan, ont tenté de répondre. En tout, quatre rencontres sont prévues jusqu’au printemps 2026, la prochaine se déroulera le 11 décembre à Caromb (84).

Le très récent rapport sur l’état des ressources en eau dans le monde en 2024, publié fin septembre par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), confirme que le cycle de l’eau est de plus en plus perturbé et extrême. Entre déluge et sécheresse. Il met en évidence les répercussions en cascade d’un excès ou d’une pénurie d’eau sur les économies et les sociétés. « Que ce soit dans le Bassin méditerranéen ou ailleurs, les tendances du climat vont s’exacerber. Les températures augmenter, avec davantage de périodes de sécheresses et de canicules, qui seront aussi plus longues. Dans le même temps, les précipitations seront aussi plus intenses », nous rappelle Antoine Nicault du GREC Sud.

Le bassin méditerranéen en première ligne

« La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est riche en eau avec 26 000 kilomètres de cours d’eau et des nappes souterraines », informe Karine Viciana de la Maison régionale de l’eau. « Mais c’est l’alimentation de certains territoires, notamment qui va des Alpes vers le littoral, qui est déséquilibrée. En effet, les grands pôles urbains que sont Marseille, Toulon et Nice sont déficitaires en eau mais captent les plus grandes quantités. De grands aménagements ont permis de répondre à cette demande, comme le lac de Serre-Ponçon, mais jusqu’à quand ? Les rivières, quant à elles, pour préserver leur équilibre biologique, ne peuvent pas soutenir les débits. »
De fait, les territoires doivent faire des efforts, notamment en été, et diminuer les consommations. Pour cela, la Maison régionale de l’eau et le GREC Sud (Groupe régional d’experts climat) étudient l’impact local du changement climatique sur les ressources en eau dans la Région Sud et peuvent informer les décideurs, élus et professionnels, dont le milieu agricole qui consomme 82% de l’eau.

Le Vaucluse, chef de file

Le Vaucluse coordonne les actions du département grâce à un plan d’action sur la ressource en eau qui s’articule autour de cinq axes : Connaître, sécuriser, économiser, protéger et innover (https://www.vaucluse.fr/nos-territoires/eau-et-milieux-aquatiques/plan-…). Marielle Fabre, déléguée départementale sur les sujets de l’eau, explique comment le Département s’implique : « Il est de la responsabilité des élus de réfléchir à ces questions, notamment grâce à des ateliers thématiques pour mieux connaître les ressources en eau, les économiser l'eau et mieux gérer. Ils n’ont pas forcément l’habitude de parler entre eux. Donc nous prenons le temps de réfléchir et nous partageons les informations pour éviter que les démarches des uns aillent à l’encontre des autres. Il ne faut pas que cela devienne une guerre de l’eau. »

Charlène Descollonges, hydrologue indépendante, autrice de nombreux ouvrages dédié à l’eau, propose des pistes d’actions et des solutions pour changer de paradigme. Comment ? En ralentissant la consommation car la sobriété est le premier levier, et en régénérant les sols. Il convient de « laisser les écosystèmes faire leur travail. Il est urgent de changer de regard sur l’eau douce. Ce n’est pas une ressource à contrôler, éternellement disponible, alors qu’on a, jusqu’à présent, pompé massivement les nappes, détourné les cours de l’eau, endigué les rivières, construit des barrages et des retenues, bétonné les zones humides et déforesté à tour de bras… ». Il est temps désormais que les différents acteurs, institutionnels, économiques et citoyens, fassent alliance pour changer collectivement de regard sur l’eau. Et agir efficacement face à l’urgence !

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