DOSSIER - Quand l'école publique innove

Publié le lun 19/12/2016 - 17:10
Même si chaque ministre qui passe y va de sa réforme, l’Éducation nationale est souvent présentée, à tort ou à raison, comme une grosse machine difficile à faire bouger. Depuis la création de la pédagogie Freinet en son sein dans les années 1930, le « mammouth » comporte pourtant son lot d’innovations, souvent portées par les enseignants eux-mêmes. Comment sont mises en place ces expérimentations ? Pour quels résultats ? Permettent elles vraiment de changer l’école de l’intérieur ? Enquête dans les couloirs.

 


 

ENQUÊTE - Ecole : l'urgence d'innover 

Interdisciplinarité, approche individualisée de l’élève et développement des outils numériques : la réforme du collège de 2016 prétend introduire plusieurs innovations pédagogiques dans les établissements. De leur côté, les enseignants sont de plus en plus incités par leur hiérarchie à expérimenter de nouvelles méthodes d’apprentissage. Mais les plus motivés se heurtent encore à de nombreuses difficultés… Comment faire bouger l’école ?

 
 
Une attitude bienveillante favorise le mieux-être à l’école. Ici à l’école Jean Moulin, Nîmes - FD  / LMDP
 
L'école Jean Moulin est un établissement qui innove. Bienveillance et collaboration n’y sont pas de vains mots. Ici, aucun manuel d’apprentissage de la lecture en CP. « Un manuel, c’est un cadre. Nous employons une approche différenciée des élèves, selon leurs difficultés et leur niveau », témoigne Johan Berthelot, directeur de l’école. « Pour nous, une erreur n’est pas une faute. On a le droit de se tromper », poursuit-il. Les pédagogies actives, parfois inspirées de la méthode Freinet, sont privilégiées : les enfants sont incités par exemple à pointer les difficultés d’un texte avant une dictée.
 
Jean Moulin est aussi un établissement ouvert aux parents. Ces derniers sont invités à s’exprimer, chaque mercredi, sur une thématique précise (mixité sociale, santé, citoyenneté…) dans le cadre du Café des parents. Une inclusion des familles qui a valu à l’école d’être sélectionnée par l’académie pour présenter sa démarche dans le cadre de la Journée nationale de l’innovation, le 8 avril 2015. Car nous ne sommes pas ici dans un établissement privé aux frais d’inscription élevés. Mais bien dans une école publique, située au coeur d’un quartier populaire de Nîmes.
 
Le cas "Alvarez" en question 
 
Cette question de l’innovation dans le public est réapparue dans l’actualité avec la médiatisation du cas Céline Alvarez. L’expérience menée par cette ex-professeure des écoles dans une maternelle de secteur prioritaire, à Gennevilliers (93), fait couler beaucoup d’encre depuis un an. Dès 2011, la jeune femme a appliqué des méthodes inspirées de la pédagogie Montessori (autonomisation, liberté, bienveillance). Avec, selon elle, des résultats stupéfiants : la plupart de ses élèves « de 4 ans lisaient des albums entiers dès la deuxième année » et « effectuaient des opérations à quatre chiffres ». Mais, au bout de trois ans, devant le refus du rectorat de Versailles d’étendre son expérimentation, Céline Alvarez démissionne de l’Éducation nationale. « Lorsque l’on est enseignant et que l’on se bat tous les jours pour développer le lexique des élèves ou leur sens du nombre, que l’on voit la lenteur avec laquelle les choses avancent et que l’on entend quelqu’un dans les médias qui explique que sa méthode marche à tous les coups, on a des raisons d’être agacé », s’énerve Paul Devin, inspecteur de l’Éducation nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. « Le métier d’enseignant comprend de fait une dimension d’expérimentation car il s’agit de s’adapter en permanence aux profils particuliers des classes et des élèves et de repérer ce qui fonctionne », continue le syndicaliste.
 
Expérimenter : une "dérogation" à la règle
 
Expérimentation ». Un terme qui possède un sens bien précis pour l’administration. Le contenu des programmes, socle commun à tous les élèves, est « exclus du champ de l’expérimentation », explique Isabelle Robin, directrice du Service expérimentation et innovation au sein du ministère de l’Éducation. Les innovations concernent donc surtout la façon de transmettre et les méthodes pédagogiques. Avec la création en 2010 du Département recherche et développement, innovation, expérimentation, l’institution incite ouvertement les professeurs à sortir des sentiers battus. Aussi, la plupart des démarches sont initiées par les équipes pédagogiques. Une base de données en ligne appelée Expérithèque en recense près de 6 000 engagées depuis 2011-2012. Certaines sont directement impulsées par le ministère. Elles concernent alors « un minimum de 50 classes », précise Isabelle Robin. Mais que deviennent ces expériences une fois le suivi terminé ? Certaines sont pérennisées après avis de la cellule académique en charge de leur suivi*. « Nous avons mené une étude qui indique que 56 % d’entre elles sont intégrées dans le fonctionnement normal des établissements car elles sont jugées concluantes », assure Isabelle Robin. Ces initiatives ne sont alors plus considérées comme des exceptions et sont adaptées par les équipes pédagogiques en fonction de leurs publics. D’autres sont généralisées au niveau national : citons le cas de la Mallette des parents qui propose des outils pédagogiques pour favoriser la coopération parents-école. Elle s’impose à tous les établissements depuis 2012 après avoir été « testée » dans l’académie de Créteil. Notons aussi que plusieurs éléments issus des pédagogies « alternatives » (Freinet, Montessori...) ont inspiré la réforme du collège de 2016 (interdisciplinarité, approche individualisée des élèves). Éléments expérimentés au sein d’établissements pilotes (lire l’encadré sur les pédagogies « alternatives »).
 
 
Manque de liens avec la recherche 
 
Cependant, l’innovation repose surtout sur les épaules d’enseignants motivés. La Fédération des établissements scolaires publics innovants (Fespi) regroupe des établissements dont toutes les classes possèdent un fonctionnement « alternatif ». Pour Bastien Sueur, son délégué général : « Les profs sont pris en étau entre l’injonction d’innover du ministère et le jugement encore négatif de membres de l’administration ou de collègues à l’égard de l’expérimentation. » Pour lui, expérimenter représente un investissement supplémentaire. C’est aussi « prendre des risques dans un contexte où les enseignants n’ont pas le droit à l’erreur ». Des risques néanmoins plébiscités par de nombreux parents d’élèves. « Les enfants arrivent à l’école avec des capitaux de savoirs différents. Proposer la même chose à tout le monde est source d’inégalité. L’école devrait davantage favoriser l’innovation pour s’adapter en permanence aux besoins spécifiques des individus », soutient Valéry Marty, présidente générale de la Peep, principale fédération de parents d’élèves de l’enseignement public. Mais qu’en est-il de l’évaluation réelle des expérimentations menées ? Beaucoup soulignent le manque de liens existant entre recherche et Éducation nationale. « On ne peut pas dire que la recherche est absente de l’école, mais elle est convoquée sur des objets précis : les neurosciences, le numérique, la lecture, etc. Les sciences de l’éducation sont quasiment absentes de ces convocations.
 
Le lien entre la recherche et les enseignants est compliqué car ces derniers sont au charbon tandis que les chercheurs sont penchés sur leur objet en tant que tel : leur temporalité n’est pas la même », indique Françoise Cros, professeure émérite en Sciences de l’éducation au Conservatoir national des arts et métiers. L’expérimentation des programmes est aussi un des points faibles du système éducatif. Un rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) sur les inégalités sociales, paru en septembre, souligne que les contenus des réformes ne sont – en général – pas suffisamment expérimentés avant leur mise en oeuvre et que celles-ci ne sont pas assez évaluées selon des « protocoles scientifiques solides ». Pascal Bressoux, professeur en Sciences de l’éducation et membre du Cnesco, estime que la France est « en retard par rapport à la Grande-Bretagne, l’Australie, les États-Unis ou l’Allemagne » en la matière. Il plaide pour la mise en place d’un « budget spécifique dédié à la réalisation d’enquêtes d’ampleur pour estimer l’efficacité des dispositifs sur le long terme ». Le chercheur cite notamment le projet américain Abcedarian qui observe depuis plus de 40 ans les progrès d’enfants ayant bénéficié d’activités de stimulation de la parole via des interactions verbales fréquentes. Les individus sont suivi jusqu’à l’âge de 30 ans. Un programme qui « n’a pas d’équivalent en France », indique Pascal Bressoux.
 
L'école, "machine à trier"
 
L’expérimentation en France est essentiellement financée par la mise à disposition d’un volant d’heures supplémentaires distribuées aux équipes enseignantes volontaires (environ 12 000 heures par an, selon une source désirant rester anonyme). Les collectivités compétentes (communes pour les écoles, départements pour les collèges, régions pour les lycées) peuvent mettre la main à la poche. Ainsi que des acteurs privés, comme la Fondation de France. Pour la Fespi (Fédération des établissements scolaires publics innovants), le soutien de l’État à l’innovation pédagogique est insuffisante. « L’école est une machine à trier et à reproduire une élite. Or, en 2014, selon le ministère, plus de 100 000 jeunes quittaient le système scolaire sans diplôme (un chiffre en baisse, voir notre encadré sur le Lycée des possibles, ndlr). Il est plus que jamais urgent de soutenir des établissements dans lesquels les élèves ont le droit de se tromper », défend Bastien Sueur. Dans les établissements de la Fespi, « les individus sont appréhendés
dans leur globalité, dans une approche de coopération et non de compétition », précise-t-il. « Au moins une soixantaine d’établissements fonctionnent de façon systématique sur un mode innovant » (sur les quelque 55 000 établissements publics, chiffres INSEE 2014), indique Isabelle Robin. Ceux fonctionnant selon un mode alternatif à la pédagogie courante « sont au nombre de 9 », dont 8 sont adhérents de la Fespi. La fédération possède une quinzaine d’adhérents dont, par exemple, un lycée auto-géré ou des micro-lycées destinés à « repêcher » des jeunes éloignées de la scolarité. Certaines structures existent depuis longtemps (l’école Decroly de Saint-Mandé, fondée en 1945), mais les créations d’établissements « alternatifs » sont rares.
 
Le collège Clistène, inauguré à Bordeaux en 2002, est un des derniers établissements publics entièrement alternatifs à avoir été créé. Ses 175 élèves bénéficient d’un tuteur personnel. Coopération et autonomie sont favorisées par des « groupes de service » : s’occuper de la bibliothèque, organiser un petit-déjeuner pour les autres… Le travail du collège sur la citoyenneté et la bienveillance est reconnu, tout comme sa volonté de mêler les disciplines, un dispositif qui a inspiré les « enseignements interdisciplinaires » de la réforme du collège. Mais Nadine Coussy-Clavaud, coordinatrice de Clistène, déplore que l’établissement ne soit pas « évalué selon ses spécificités ». Et le fait qu’il dépende administrativement d’un autre collège entrave, selon elle, son autonomie. Le ministère « donne une impulsion favorable en matière d’innovation. Mais il faut aller plus loin pour faire avancer l’institution. Quand l’innovation vient du haut, cela n’est pas toujours du meilleur effet. On le voit avec les blocages suscités par la réforme du collège, rebondit Bastien Sueur. Il faut que les enseignants se sentent réellement autorisés à innover », continue-t-il. Et si, une fois encore, le changement ne pouvait advenir que de la base ?
 

 

Faire entrer les pédagogies « alternatives » dans le public

 

Montessori, Steiner, Freinet : autant de pédagogies dites « alternatives » à l'enseignement conventionnel. Apparues entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, « ces pédagogies dites "nouvelles" ont en commun de prendre en compte l'enfant dans sa globalité, dans sa vie émotionnelle et dans sa fragilité. Elles s'opposent à l'école classique autoritaire et austère », commente Henri-Louis Go, professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Nancy, spécialiste des pédagogies alternatives. « Bienveillance », « autonomie » et « coopération » sont les maîtres-mots de Freinet, Montessori et Steiner. « Ces méthodes permettent de lutter contre la reproduction des inégalités en proposant aux enfants de travailler à leur rythme », précise le chercheur. Pourtant, elles demeurent marginales au sein de l’Éducation nationale. La pédagogie Freinet, née dans les années 1930 sous l'impulsion d'un instituteur de Vence (06), Célestin Freinet, ne concerne que l'enseignement public. Mais on compte à peine 25 établissements fonctionnant complètement selon ce modèle en France. En revanche, les écoles Steiner et Montessori n'existent que dans le privé, même si des enseignants (notamment de maternelle) s'inspirent parfois de cette dernière dans leurs travaux. « Depuis la loi d'orientation Jospin de 1989, l’Éducation nationale a intégré des apports de ces pédagogies. Mais nous faisons toujours face à des problèmes budgétaires pour aller plus loin. Par ailleurs, certains enseignants ne sont pas disposés à transformer leurs pratiques », indique Henri-Louis Go.

 

Freinet au collège-lycée

Ça n'est pas le cas de l'équipe du collège-lycée expérimental Freinet (CLEF) de La Ciotat (13). Créé en 2008, l'établissement est le seul à appliquer la pédagogie Freinet dans le secondaire, de la 6ème à la terminale. Au collège, l'enseignement y est organisé en « trisaine ». C'est-à-dire « selon un cycle de trois semaines durant lequel l'élève s'engage à réaliser une production de son choix dans la discipline concernée (exposé, recherche…) », détaille Alexandre Beautru, le principal. Dans un objectif de partage des connaissances, les meilleurs travaux sont présentés à l'ensemble des élèves. En plus des classiques cours disciplinaires, des groupes de travail individualisé en niveaux mélangés sont mis en place et des réunions de « coopérative » incitent les jeunes à réfléchir ensemble à ce qui se passe dans la classe (difficultés, projets communs…). Alexandre Beautru l'affirme, « les élèves fâchés avec l'école ont repris goût à l'apprentissage ». Il constate aussi que « l'évaluation et la pédagogie différenciée (adaptées au profil de l'élève) qui figurent dans la dernière réforme du collège s'inspirent de ce que nous faisons en Freinet ».

 

Autonomie pour les tout-petits

Toujours dans les Bouches-du-Rhône, Diane Combes, professeure de l'école maternelle d'Eguilles, s'inspire, quant à elle, de la méthode Montessori depuis deux ans. « J'utilise un outil tiré d'un ouvrage appelé La leçon de professeur hiboux. Dans chaque situation où il faut faire un choix, je demande aux enfants de s'asseoir, de fermer leurs yeux et de sentir dans leur cœur – donc dans leur conscience – ce qu'ils doivent faire. » Un moyen de les responsabiliser dans la prise de décision. L'instit a également acquis du matériel spécifique à la méthode Montessori : paires de cubes sonores, dominos tactiles, lettres rugueuses pour apprendre à tracer les lettres… Autant d'éléments permettant d'autonomiser les enfants dans leur apprentissage.

Plus d'infos :

www.icem-pedagogie-freinet.org

www.fespi.fr

www.public-montessori.fr

www.steiner-waldorf.org

 

 

Quand les profs transmettent autrement

 

Bienveillance, entraide, adaptation aux profils spécifiques des jeunes : un autre rapport à la pédagogie est appliqué par de nombreux établissements scolaires publics. Focus sur des exemples concrets.

De Freinet au numérique

L'innovation repose beaucoup sur les épaules d'enseignants passionnés. C'est le cas de Nadia Fontaine et de Charlène Ferrand, respectivement directrice et professeure de l'école primaire Victor Chapellière de Rimou, en Ille-et-Vilaine. L'autonomisation des 43 élèves est favorisée via des principes de la pédagogie Freinet adaptés au numérique : quizz, activités ludiques sur ordinateurs, cours accessibles en ligne… Les enfants enregistrent les dictés sur tablette pour pouvoir les réécouter à leur guise et progresser à leur rythme. Leur mise en concurrence est atténuée par une évaluation « avec un système de ceintures de couleur, comme au judo », décrit Nadia Fontaine. « Les élèves ont fait beaucoup de progrès. Les plus faibles ont une moyenne de 15/20 lorsqu'ils arrivent en 6ème », assure-t-elle. Efficace donc.

Plus d'infos :

www.ecole-victor-chapelliere-rimou.ac-rennes.fr

 

Photos :

École Rimou 2 - Les élèves de l'école Victor Chapellière, à Rimou (35), sont incités à s'entraider. © DR

École Rimou jardin : Les enfants de l'école Victor Chapellière, à Rimou (35), font pousser des légumes dans leur cour de récréation. © DR

École de Rimou animal : Les enfants de l'école Victor Chapellière, à Rimou (35), élèvent des animaux dans leur classe. © DR

 

Confiance et estime de soi au collège

« Pour être un bon élève, il faut se sentir bien », lance Agnès Hemon, principale du collège des Gayeulles, à Rennes. Cet établissement de 520 élèves a fait du bien-être psychique et social sa priorité. L'équipe pédagogique a mis en place une série d'actions axées sur la bienveillance, l'entraide et la citoyenneté. Des ateliers menés en effectifs réduits 2 à 3 heures par semaine, selon les niveaux, permettent d’appréhender les matières différemment : débats argumentés, sketchs en anglais, théâtre, travail sur l'estime de soi… Le collège propose aussi un dispositif d'accompagnement personnalisé pour l'apprentissage de la lecture pour des élèves de 6ème en difficulté. Des 6èmes qui peuvent être aidés par des volontaires de 3èmes lorsqu'ils arrivent dans l'établissement. Le collège est aussi un des seuls de l'académie à fonctionner avec un système d’évaluation sans notes et individualisé dans toutes les classes. Agnès Hemon assure que « les tensions qui pouvaient exister se sont apaisées » et que « le nombre de sanctions est en baisse ».

Plus d'infos :

www.college-les-gayeulles-rennes.ac-rennes.fr

Coopérer entre élèves

Le collège Joseph Sébastien Pons, à Perpignan, n'a pas attendu la réforme de 2016 pour favoriser la coopération entre élèves. Il a entamé depuis 2011 un travail en ce sens en classe de 6ème. L'établissement accueille des jeunes en difficulté. « Notre souci principal était de donner le goût d'apprendre à des individus parfois très perturbés », témoigne Claire Ferrandiz, principale. Des heures sont dédiées à l’entraide : des binômes de volontaires sont constitués. Un conseil d’élèves a lieu chaque semaine. Un ordre du jour est affiché et les jeunes décident de thématiques qu'ils vont aborder durant la semaine. Ces dispositifs sont complétés par une évaluation « positive » et un encadrement renforcé par les professeurs principaux. Le tout est évalué par une équipe de recherche en sciences de l'éducation. L'expérience a valu au collège de recevoir le prix de l'innovation 2015 de la part du ministère de l’Éducation nationale ainsi qu'une subvention de la Fondation de France.

Plus d'infos :

www.collegepons.fr/wordpress

Lutter contre l'esprit de compétition

Cette entraide, le lycée Lamour de Nîmes (30) la prolonge en seconde, dans le cadre d'une classe « innovante » de 36 élèves. « Nous luttons contre l'esprit de compétion qui aboutit à un tri entre ceux qui y arrivent et ceux qui n'y arrivent pas », défend Maya Amer-Moussa, professeure principale de la classe. Comment ? En essayant de « construire un collectif », poursuit l’enseignante d'Histoire-Géographie. Les jeunes bénéficient d'une salle de cours commune qu'ils s'approprient. Et un système de « cours solidaire » est mis en place : un élève en difficulté sur une notion ou un exercice prend appuie sur un de ses camarades. Les deux s'isolent et celui qui a compris explique à l'autre. « C'est très efficace car devant la classe, les élèves n'osent pas toujours réitérer leur demande s'ils n'ont pas compris », indique Maya Amer-Moussa. Une démarche qui s'accompagne d'un tutorat renforcé (un professeur suit en moyenne 5 élèves sur l'année) et d'une évaluation par compétence. Bienveillant.

www.lyc-lamour-nimes.ac-montpellier.fr/le-lycee-0

Photos : Collège Pons 2, 3 : Le collège Pons, à Perpignan, favorise le travail collectif et la coopération entre élèves et enseignants. © Collège Pons

Un lycée pour rendre son projet « possible »

Ils étaient 110 000 en 2014, 107 000 en 2015 et 98 000 pour la période 2015-2016. Le nombre des 18-24 ans quittant le système scolaire est en baisse, selon les derniers chiffres du ministère de l’Éducation nationale. Un progrès que la ministre attribue, en partie, à son soutien à la création de « micro-lycées ». De 12 en 2012, ils sont désormais 42, répartis dans toute la France. Parmi eux, le Lycée des possibles créé à Toulon en 2014. « Nous accueillons une vingtaine de jeunes âgés de 18 à 25 ans désirant se rescolariser », explique Christian Astolfi, conseiller principal d’éducation. Pendant un an, les ex-décrocheurs préparent un bac S, ES ou L, passeport pour les études supérieures. « Il s'agit d'abord de redonner confiance à des jeunes qui ont rencontré des problèmes avec l'école », indique le CPE. « Nous leur faisons confiance. S'ils sont en retard, on leur envoie un texto, s'ils ne rendent pas leur devoir à temps, on leur laisse un délai supplémentaire », précise Hélène Panzani, professeure de français. Des heures de « travail personnel accompagné » permettent à un enseignant d'aider un à trois élèves dans leurs apprentissages. Et l'évaluation est adaptée au profil de chacun. Cécile, 19 ans, avait arrêté l'école durant 3 ans. Elle veut désormais passer le bac pour aller en fac de psycho. Elle témoigne : « Ici, on se rend compte de nos difficultés, les profs sont à l'écoute. Ça n'est plus une souffrance d'aller en cours. Nous sommes considérés comme des adultes responsables. » Maëlys, 20 ans, souhaite l'année prochaine faire une licence trilingue, à Aix. « Avant je n'arrivais pas à suivre les cours. Ici, l'approche est personnalisée. Ça m'a réconcilié avec le cadre scolaire », assure la jeune femme. 80 % des membres des promotions antérieures ont obtenu leur bac. Félicitations !

Plus d'infos :

www.lycee-des-possibles.lyc-bonaparte.fr

 
 

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