[THEMA] Sur la ferme du Colibri, les figuiers font choux gras !

Publié le lun 13/02/2023 - 11:00

Par Quentin Zinzius

Implanté depuis dix ans au Thor (84), Nicolas Verzotti a mis en place sur sa micro-ferme des techniques issues de l’agroécologie pour s’assurer une production résiliente, (presque) sans pesticide ni pétrole, bénéfique pour la nature, le producteur et les consommateurs.

C’est sous un soleil encore (trop) généreux, ce 2 novembre, que Nicolas Verzotti, enseignant reconverti en maraîcher, nous ouvre les portes de son exploitation : la ferme du Colibri. Caché entre les vignes jaunissantes du sud du Vaucluse, ce terrain maraîcher d’un hectare et demi est, depuis son installation en 2012, cultivé selon les méthodes de l’agroécologie. « Avec plus de cent jours de mistral par an et des étés déjà chauds à l’époque, je voulais trouver une solution pour protéger mes cultures des aléas », se souvient Nicolas. Une solution qu’il imaginait déjà dans l’agroforesterie. « En implantant des arbres fruitiers entre les cultures, ceux-ci peuvent jouer le rôle d’abri climatique », résume-t-il simplement.

Un abri climatique

Une hypothèse qu’il a depuis largement confirmée. « Au printemps, grâce aux arbres, le gel ne trouve pas son chemin jusqu’au sol et les plants sont protégés. En été, l’ombre du feuillage empêche les cultures de brûler ». Les choux visibles ce jour-là en sont de bons témoins : préférant pourtant les températures basses, ils ne semblent pas affectés par le climat estival de ce début novembre. Ce n’est pas le seul bénéfice de ces implantations. « Les arbres participent au cycle de l’eau grâce à leurs racines, à la fertilisation du sol grâce à leurs feuilles qui tombent en hiver et à la régénération de l’écosystème grâce aux mycorhizes1 », détaille le producteur. Et les fruits produits représentent près de 5 % du chiffre d’affaires annuel. Les figues en particulier, en raison de leur fragilité, sont particulièrement adaptées à la vente en circuit court, ce qui réduit considérablement la concurrence internationale. « Si j’avais su, j’aurais mis uniquement des figuiers, sur deux rangs et en quinconce », rajoute Nicolas, tout de même satisfait de son installation mixant pommiers, poiriers et figuiers.

Biodiversité fonctionnelle

Mais les choux, carottes et autres pommes de terre ne sont pas les seules à profiter de l’ombre des arbres fruitiers. Entre et autour des rangs, la flore locale y trouve aussi son compte. « Une fois que les plants ont grandi, je laisse l’espace restant à disposition des plantes sauvages qui se développent sans entrer en concurrence avec les cultures », explique le maraîcher. Mieux encore : elles servent d’abri et de nourriture à la biodiversité, rendant plus difficile la propagation de maladies et de ravageurs. « Quelques poules avaient aussi leur place sur le terrain et régulaient la présence de chenilles, mais les renards ont été plus forts… », regrette Nicolas. Ils se sont heureusement rabattus depuis sur les campagnols, aussi présents sur la parcelle et qui engendrent des dégâts occasionnels.

Gestion des ressources

Dans ces allées de dix mètres de large tout au plus, où grouillent insectes, rongeurs et autres plantes sauvages, grosses machines agricoles et pesticides n’ont pas leur place. Seuls quelques engins légers sillonnent la parcelle, dont un motoculteur et une sarcleuse, tous deux thermiques et équipés de différents outils de travail du sol et d’entretien des cultures. « Dans la liste de mes vulnérabilités, il reste cette petite dépendance au pétrole, reconnaît l’ancien enseignant. Mais aujourd’hui, je dépense plus d’essence pour la livraison en circuit court de mes produits que pour les outils thermiques utilisés sur la parcelle ! » Quant à l’eau, ressource elle aussi précieuse, « elle est puisée dans la nappe sous le terrain et distribuée en goutte-à-goutte et par aspersion. Mais je ne sais pas encore dire si ce système consomme plus ou moins qu’un système conventionnel car je n’ai pas de parcelle test », reconnaît-il. Seule certitude : malgré cette année particulièrement difficile du point de vue hydrique, Nicolas n’a pas manqué d’eau. « Et si jamais la situation s’aggrave, je ferai le choix d’autres cultures moins gourmandes », assure-t-il.

La carotte ou le bâton

Prix d’achat des carottes au producteur :

Conventionnel : 0,50€/kg

Bio (circuit long) : 1,30€/kg

Bio en circuit court (point de vente producteurs) : 2,00€/kg

Prix de vente au consommateur :

Conventionnel : 1,5€/kg

Bio (circuit long) : 3€/kg

Bio en circuit court : 2,60€/kg

Note de bas de page :

1) Association symbiotique entre les plantes et les champignons au niveau des racines.

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