[ENTRE RHONE ET SAONE] Sophie Gosselin : « Réapprendre à cohabiter autour de l'eau »

Publié le mer 26/06/2024 - 12:00

Dans le cadre du Festival Entre Rhône et Saône, dont Sans transition! est partenaire et qui se tient du 28 au 30 juin 2024 à Lyon, découvrez une série d'articles réalisés en coopération avec la Ville de Lyon.


Sophie Gosselin est philosophe. Elle enseigne à l’EHESS à Paris et est membre fondatrice de la revue Terrestres. Elle publie, avec le philosophe David gé Bartoli, La Condition terrestre - Habiter la Terre en communs (Le Seuil), une réflexion à propos d’autres manières de se relier à la Terre et à l’ensemble des entités qui la peuplent.

En tous temps, les humains se sont installés à proximité de l’eau. Mais selon les sociétés, leurs perceptions de cette force naturelle ont divergé. Dans nos sociétés, l’eau est davantage perçue comme quelque chose d’extérieur, une ressource que l’humain peut s’approprier, exploiter pour ses usages, au service de sa propre consommation.

Cette conception, dérivée du capitalisme, est déconnectée de la réalité de nos milieux de vie. Tant et si bien que nous n’avons plus aucune prise populaire sur nos conditions d’existence. De quoi vit-on finalement ? De quoi sommes-nous dépendants ? Autant de questions qu’il est grand temps de se poser collectivement, là et où nous habitons.

Face à ce paradigme, les mentalités tendent à évoluer. Face aux changements climatiques, les citoyens et localités reprennent conscience de leur vulnérabilité à la dégradation de leur milieu de vie. Ainsi sur la Loire, a été créé le Parlement de Loire en 2019. Cette expérimentation, basée sur l’imagination, permet d’envisager une gestion du fleuve dans son intérêt et celui de ses habitants, humains ou non. En 2023, le collectif a remonté une partie de la Loire en bateau traditionnel, proposant des animations scientifiques et artistiques à chaque escale.

Ces expérimentations sont indispensables, car elles questionnent notre rapport à l’eau et nous rappellent que la privatiser n’est pas une solution. L’eau est un commun terrestre. Rien ne justifie qu’elle appartienne à une minorité, ni-même au genre Humain plutôt qu’à d’autres. En tant que commun, elle se partage : nous nous devons de laisser leur part aux milieux et aux autres vivants. En somme, réapprendre à cohabiter avec eux. »

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