Pour ou contre la vaccination ?

Publié le lun 18/01/2016 - 00:00

Le 12 janvier dernier, Marisol Touraine, ministre de la santé, a ouvert une grande concertation citoyenne sur la politique vaccinale en France. Objectif : rétablir la confiance des Français vis-à-vis de la vaccination. En effet, les autorités s’inquiètent des mouvements de défiance qui semblent s’être installés à l’égard des vaccins depuis quelques années. Pourtant il est obligatoire de se faire vacciner contre 3 maladies: la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Quelques piqûres pour « se protéger soi-même mais aussi les autres », comme le mentionne le ministère de la Santé. La vaccination au sens large permettrait aussi « d’éradiquer des maladies qui pourraient réapparaître si la population n’est pas suffisamment vaccinée ». Face à cette responsabilité individuelle, mais aussi collective, certains font le choix de refuser la vaccination, pointant du doigt les risques encourus par d’éventuels effets indésirables.

POUR

Judith Mueller

Professeur en épidémiologie à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et directrice adjointe du Réseau doctoral en santé publique.

 

« Se vacciner est un acte responsable »

Je comprends que le caractère obligatoire de certains vaccins puisse poser problème. D’ailleurs, le Haut conseil de santé publique s’interroge sur la question: liberté individuelle, confusion entre vaccins obligatoires et recommandés, contexte international qui tend à une suppression des obligations... Enfin, pour la diphtérie ou le tétanos, il n’y a pas de caractère urgent ou menaçant en France qui pourrait justifier une obligation, bien que ceci fût le cas pour la rougeole, sans qu’une obligation n’ait été établie. Ainsi, la justification de l’obligation vaccinale s’effrite et la loi pourrait évoluer prochainement vers plus de modularité. Par ailleurs, l’accès aux vaccins recommandés mérite d’être facilité, par exemple par un remboursement à 100%, afin de ne pas créer des inégalités sociales et de renforcer la cohérence de la politique vaccinale. En outre, ce point ne doit pas éluder l’intérêt de la vaccination. Même si aucun vaccin n’est efficace à 100%, la proportion de personnes protégées après vaccination est bien supérieure (ndlr, 90% environ) à celle qui reste vulnérable à la maladie malgré vaccination*. De même, le risque d’un effet indésirable existe avec tous les vaccins. Pour s’assurer qu’un effet indésirable grave ne survienne que de façon extrêmement rare, une surveillance adéquate est importante après l’introduction d’un nouveau vaccin dans la population. Les vaccins actuellement recommandés ont tous un rapport risque-bénéfice très favorable, non seulement pour la population, mais notamment pour l’individu. L’émergence de la diphtérie après la chute de l’union soviétique et l’épidémie de rougeole en France 2008-2011, illustrent que ces maladies sont toujours bien présentes. Enfin, contribuer à la lutte contre une maladie est une action noble et responsable. Chacun doit comprendre le rôle qu’il peut jouer. Si moi et mes enfants sommes en bonne santé et que nous nous faisons vacciner, nous pouvons couper la transmission de plusieurs maladies et ainsi protéger les personnes plus vulnérables autour de nous, chez qui les vaccins sont moins effectifs ou contre-indiqués: les personnes avec une autre maladie ou âgées, les nourrissons en bas âge... C’est à chacun de choisir. Mais personnellement j’espère que dans la société à laquelle j’appartiens, les gens seront sensibles à ce genre d’argument. *Exception: le vaccin contre la grippe saisonnière, pour laquelle l’efficacité peut être seulement de 50%, en fonction des années et des fluctuations du pathogène.

 

CONTRE

Jean-Marie Mora

Président de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations depuis une vingtaine d’années. Depuis 60 ans, cette association conteste les obligations et les abus des vaccinations.

 

«Vaccinations: l’abus de la solidarité »

Au mépris du consentement de l’individu préalablement à un acte médical le concernant (ou ses enfants), la France est l’un des rares pays à exiger des vaccinations (contre Diphtérie, Tétanos, Polio: DTP, pour ne parler que de la population générale), et ce, sans avantage sanitaire par rapport aux pays, notamment de l’union européenne, qui ignorent de telles obligations. L’acte médical relève chez nous de la formalité administrative. Pour s’opposer à une liberté individuelle fondamentale, les promoteurs des vaccinations soutiennent qu’on ne se vaccine pas seulement pour soi, mais aussi, voire d’abord, pour les autres.Cet argument est totalement déplacé pour une maladie non contagieuse comme le tétanos, ou des maladies inconnues en France depuis plus de 20ans, ce qui est la cas de la diphtérie et de la polio. C’est donc inutilement que l’obligation fait courir des risques à la majeure partie de la population.Les vaccins strictement DTP apportent une garantie de l’État pour les dommages causés aux vaccinés, du fait de leur caractère obligatoire. Mais on associe systématiquement au DTP d’autres valences (coqueluche, haemophilus influenza b, hépatite B) dont la présence fait perdre cette garantie. Autour de ces vaccinations obligatoires inutiles et déjà parasitées par d’autres valences, se développent un calendrier vaccinal régulièrement enrichi et des campagnes tapageuses (antigrippe notamment). Or, comme tout médicament, la vaccination comporte des risques et la multiplication de ces sollicitations du système immunitaire est inquiétante. Ainsi, la vaccination contre le papillomavirus (Gardasil®, Cervarix®), abusivement présentée comme une prévention du cancer du col de l’utérus, multiplie de par le monde des scléroses en plaques, des stérilités, etc. Certains adjuvants ou composants (aluminium, squalène, borax...) induisent des risques supplémentaires.Face à ces risques, le bénéfice attribué aux vaccins (antivariolique, BCG, antipolio...) est tout aussi exagéré que le sont les dangers des maladies contre lesquelles ils sont censés protéger la population. C’est pourquoi la Ligue Nationale pour la Liberté des vaccinations recommande la vigilance: «Pas de vaccination, sans réflexion !

 

Plus d'infos

www.inpes.sante.fr

www.hcsp.fr

www.infovaccin.fr

Garantissez l'indépendance rédactionnelle et financière de Sans transition !