[CYRIL DION] Quelle démocratie face à l’urgence climatique ?

Publié le jeu 11/04/2024 - 10:25

Lors du festival “Faites l’Echo” organisé par le Grand Avignon le 30 mars dernier, en partenariat avec Sans transition ! Cyril Dion nous a rejoint pour un café-débat modéré par notre média, devant plus de 200 citoyens venus dialoguer avec le réalisateur et militant écologiste. Morceaux choisis des échanges.

« Nos institutions sont-elles compatibles avec l’urgence climatique ? » Pour Cyril Dion, réalisateur et militant écologiste, « on ne se trouve pas réellement dans un modèle de démocratie », dans son sens étymologique (tel que “ le pouvoir au peuple”). « Mais plus dans un système oligarchique, où une fois que l’on vote pour nos élus, nous n’avons plus de pouvoir sur les décisions faites ».
Face aux 200 citoyens venus dialoguer avec lui lors du festival Faites écho organisé par le Grand Avignon, Il ajoute également que l’« on confond régulièrement démocratie et vote, ce dernier est une forme de pouvoir au citoyen mais on ne doit pas s’y arrêter. Nos institutions et nos gouvernements sont alertés depuis plus de 50 ans sur le changement climatique. Pour autant, les décisions politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux ; 90% des décisions publiques sont orientées par le secteur privé dirigé par les 10% plus riches des populations ! Ce qui rend nos institutions biaisées et donc peu représentatives de ses citoyens. » 

Comment proposer plus de démocratie ? Est-ce que les conventions citoyennes comme celle sur le climat sont la solution ?

Pour Cyril Dion, en effet, « on a besoin d’aller vers plus de démocratie, pour permettre aux citoyens de participer davantage aux décisions publiques ». Mais le contexte et les débouchés de la convention citoyenne sur le climat ont dénaturé son objectif premier. Lancé par le gouvernement entre le mouvement des gilets jaunes et les grèves pour le climat, cette convention a été mise en place sous l’impulsion de Cyril Dion. Comme il l’a rappelé lors de ce café-débat, le chef du gouvernement lui confiait alors ne pas avoir d’autres idées pour sortir de cette crise. Cependant, contre l’attente du gouvernement, les citoyens se sont réellement impliqués afin de travailler collectivement pour trouver comment agir face au réchauffement climatique. Et Cyril Dion de poursuivre : « la seule solution est d’impliquer les citoyens dans le débat public, pour qu’ils trouvent collectivement des solutions acceptables pour eux, face à l’urgence climatique ». Manière de nous dire que pour maintenir la démocratie face à la montée des populismes, cette ligne de crête pourrait permettre de vivifier nos institutions, tout en impliquant les citoyens.

Quelle serait donc la bonne modalité démocratique ?

Pour Cyril Dion, il faut lancer des « débats à ciel ouvert ou faire des référendums à choix multiples ». Objectif : ne pas borner le citoyen à dire oui ou non mais plutôt à s’impliquer réellement en donnant son avis. « Pour atteindre ces objectifs, poursuit-il, il faut prendre des initiatives éducatives et remettre en question la démocratie, pour mieux la redéfinir. Peut-être nous faut-il trouver des alternatives aussi dans le cas où les élus ne respecteraient pas les programmes pour lesquels ils ont été élus ? Questionne-t-il encore. Et de rebondir : « Une fois qu’on a voté, si les citoyens n’ont plus aucun pouvoir ensuite, c’est regrettable ». Et d’inviter les citoyens, à l’heure des élections européennes, à dépasser les “votes barrière” (quand on élit quelqu'un pour ne pas en avoir un autre au pouvoir).

Peut-on alors se baser sur des organismes internationaux pour agir face au changement climatique ? Comment agir alors en tant que citoyen? La désobéissance civile est-elle acceptable dans ce cas ? Les questions du public s’enchaînent. Pour Cyril Dion : « Il faut [ quand les institutions n’écoutent pas] créer des rapports de force qui impliquent du nombre, afin de les contraindre à tenir compte de nos revendications », faisant référence à l’A69. En prenant l’exemple des zadistes : « Contrairement à ce que l’on tend à nous faire croire, ceux qui désobéissent - notamment les zadistes - permettent par leurs actions de ralentir certains projets, comme pour l’A69, en laissant le temps (long) aux institutions juridiques pour faire leur travail et exercer leur contre-pouvoir. Manière là aussi de donner de l’air à la démocratie, face à l’urgence climatique !

Et la démocratie n'a pas été le seul sujet de cet échange. Cyril Dion et les citoyens ont également longtemps échangé sur les thématiques de la biodiversité et notre relation à l'animal, par ailleurs sujet du dernier film "Animal" du réalisateur. Cet échange est à retrouver en intégralité ci-dessous ! 

 

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