La CRIIRAD a procédé à l’analyse critique de l’étude d’impact que l’Andra a déposé pour obtenir l’autorisation de création de CIGÉO, le centre de stockage souterrain destiné aux déchets radioactifs les plus dangereux (dossier DAC).
Ciblée sur l’état des lieux radiologique, l’analyse a révélé une densité d’anomalies sidérante, relevant aussi bien de la négligence que de l’incompétence : erreurs, incohérences, contre-sens, méconnaissances de concepts pourtant élémentaires…
Ces constats contredisent les conclusions de l’expertise réalisée par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et publiées en avril dernier. L’IRSN souligne en effet le travail d’ores et déjà “conséquent” réalisé pour établir l’état radiologique de l’environnement, sans signalement d’erreurs ni demande de correction.
La quasi-totalité de ces anomalies étaient déjà présentes dans l’étude que l’Andra avait présentée deux ans plus tôt pour obtenir que CIGÉO soit déclaré d’utilité publique (dossier DUP). En dépit de ces irrégularités et des exigences de qualité requises par la réglementation, le décret de déclaration d’utilité publique avait été publié en juillet 2022. Sur cette base, l’Andra a lancé en mars 2024 la procédure d’expropriation mais sa validité est de fait contestable.
L’Andra affirme que les deux études d’impact (DUP et DAC) ont été rédigées par ses principaux experts, aidés de prestataires externes, puis soumises à un double processus de validation (contrôle interne et par un comité d’experts indépendants). Il est impossible de concilier ces affirmations et les constats de la CRIIRAD : comment des “experts” ont pu commettre, ou laisser passer lors des contrôles qualité, autant d’erreurs et des erreurs aussi grossières ?
Une enquête est indispensable pour établir les responsabilités, trouver les causes des dysfonctionnements et les traiter. La procédure d’autorisation de CIGÉO devrait être interrompue dans l’attente de garanties solides sur la qualité des études et sur les capacités de contrôle des autorités. Un projet aussi périlleux ne peut se poursuivre alors que des failles béantes sont détectées dans le système qualité.