[ASPAS] Chamois du Doubs: protéger un patrimoine naturel menacé

Publié le mer 05/02/2025 - 11:00

Les chamois du Doubs, symboles du patrimoine naturel de notre région, se trouvent aujourd’hui au cœur d’un désastre écologique et éthique. Leur présence, autrefois inaliénable, est désormais menacée par des abattages massifs, menés sans fondement scientifique et en totale contradiction avec les enjeux de conservation.

 

Des centaines de ces paisibles animaux libres et sauvages sont malheureusement abattus depuis cet automne car considérés comme nuisibles ou susceptibles d’occasionner des dégâts.

Le plan initial DDT/ Préfecture proposait en août 2024 l’abattage de 595 chamois, chiffre totalement arbitraire et sans légitimité environnementale, le chiffre d’abattage demandé par DDT / Préfecture était de …886 chamois maximum l’année précédente 2023.

Le plan de chasse définitif de septembre 2024 a finalement validé la destruction arbitraire de 470 mammifères dans les 45 unités de ‘gestion’ définies pour le Doubs: ce chiffre est également sans fondement scientifique et écologique, à priori environ 300 chamois seront/pourront être détruits, compte-tenu des populations réelles du Doubs dont FDC 25 ignore le nombre: de surcroit la moitié des chamois à abattre seront de jeunes animaux.

Les chamois jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes du Doubs, ils constituent une des proies de prédilection des lynx et contribuent à l’équilibre naturel proies / prédateurs. Aucun dégât documenté et avéré -ONF- n’est directement imputable à l’espèce chamois dans des écosystèmes de forêts naturelles diversifiées, ni de dégâts agricoles; les chamois représentent par ailleurs moins de 10 % des herbivores sauvages du Doubs, et moins de 1/1000 de la biomasse animale totale du Doubs : l’équilibre agro-sylvo-cynégétique n’est aucunement impacté et menacé par les chamois du Doubs.

Le taux de croissance naturel des chamois dans les écosystèmes du Doubs est estimée à environ 15 % par an, et la prédation naturelle des lynx est de l’ordre de 10% des populations en présence. La densité de population des chamois est par ailleurs très faible, moins de 1 chamois / 100 hectare boisés ( base 230.000 hectares boisés dans le Doubs ), soit 5 à 15 fois inférieure à celle que l’on peut rencontrer dans certains parcs naturels ou réserves en France, Suisse ou Italie voisine. Le dernier indice de comptage 2024 indique une baisse annuelle de 20% des populations de chamois, l’indice comptage FDC passant de 1400 chamois comptabilisés en 2023 à 1140 chamois en 2024, cette baisse étant la conséquence directe des destructions effectuées par l’activité chasse : Sur les 5 dernières années, le bilan ressort à 2600 chamois abattus dans le Doubs, d’un poids moyen de moins de 30 kgs et âgés de moins de 3 ans.

Sur les 10 dernières années ce chiffre passe à 4500 chamois abattus, alors que ces mammifères sont les proies naturelles de prédilection des lynx et des loups du Doubs. Cette destruction artificielle demandée par la préfecture et entérinée par la chasse ne peut qu’inciter les lynx et les loups à se reporter sur des proies domestiques plus accessibles, ovins pour les lynx et jeunes bovins pour les loups. L’espérance de vie naturelle théorique d’un chamois se situe entre 10 et 15 années, elle est dramatiquement réduite à moins de 3 ans en raison des abattages actuellement pratiqués: la vie n’est plus un long fleuve tranquille pour les chamois du Doubs, qui méritent l’amour et non la haine de notre part.

Dans un contexte général de régression de la biodiversité, de transition écologique et de développement durable, la destruction des chamois du Doubs par l’activité  chasse est totalement contre nature et sans aucune légitimité environnementale. La dernière justification de la chasse du chamois dans le Doubs évoquée récemment par FDC25 de  ‘ pouvoir tuer des chamois pour le loisir et plaisir du trophée de chasse même en l’absence de dégâts ‘ ( T Powolny / JM Boillon ) ne saurait être admise en 2025, d’un point de vue éthique et environnemental:

Cette destruction de biodiversité sans réelle légitimité environnementale s’inscrit au passif du bilan de gestion de notre faune sauvage et devra faire l’objet d’une restauration et compensation écologique en cours d’étude. D’un point de vue éthique, les chamois du Doubs ont le droit à la vie, qui va au-delà de la simple gestion cynégétique, nous devons tous avoir une attitude éco- responsable à l’égard de ces mammifères emblématiques et symboliques du massif du Jura. Un programme de surveillance accrue des populations chamois et lynx, de l’équilibre proie/prédateur et de l’évolution sylvicole devra être effectué pendant les 5 prochaines années période de préservation et de restauration environnementale, afin de réévaluer les impacts réels sur la faune et la flore locales, dans le cadre d’un éco-tourisme durable et responsable dans le Parc Naturel Régional du Doubs. 

En ce début d’année 2025, compte-tenu des enjeux écologiques et environnementaux actuels, nous demandons instamment à Monsieur le Préfet du Doubs / Rémi Bastille et le DDT du Doubs / Benoit Fabbri de prendre des mesures immédiates par un arrêt de la chasse aux chamois du Doubs et un moratoire pour la protection intégrale des chamois pour  les 5 prochaines années, en réorientant les politiques de gestion vers des solutions respectueuses de la biodiversité et des écosystèmes.

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