[DOSSIER] : Quel rôle pour les régions dans la crise de l'aéronautique ?

Publié le lun 26/10/2020 - 07:57

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Par Guillaume Bernard

Alors que Bruno Le Maire a présenté début juin son plan de relance de l'aéronautique, les régions tentent elles aussi de mettre la main à la pâte pour sauver une industrie qui les finance en partie via l’impôt. Partagées entre un impératif d'action et des moyens limités, elles peinent à trouver leur rôle dans cette crise économique.

Les régions sont un relai essentiel des politiques nationales en matière d'économie, une de leur compétence historique. En charge de construire les CFA et les lycées, impliquées dans les politiques d'apprentissage, elles sont de fines connaisseuses de leur tissu entrepreneurial, dont dépend grandement leur budget et leur rayonnement. Ainsi, dans les régions touchées par la crise de l'aéronautique, impossible de prendre la question à la légère.

« La filière aéronautique représente 40 % de l’emploi industriel en Occitanie, soit 86 000 salariés », rappelle Carole Delga, présidente de la région, dans un communiqué faisant suite aux annonces de suppressions de postes chez Airbus. La région, qui a l'habitude d'investir dans son industrie aéronautique et spatiale notamment via les plans ADER n'hésite donc pas à sortir à nouveau le portefeuille et ajoute 100 M€ aux 200 M€ déjà prévus pour la filière.

Un effort conséquent pour une collectivité dont le budget d'investissement 2020 se porte à 1,24 milliard d'euros, mais une goutte d'eau comparé aux pertes que la Covid-19 fait connaître à cette industrie. À titre comparatif : Airbus accusait à lui seul une perte nette de plus de 481 millions d'euros dès la fin du mois d'avril.

La Bretagne peut-elle sauver Hop ! ?

Les régions ne semblent ainsi pas avoir les moyens financiers de sauver leurs (grandes) entreprises. Pourtant, elles sont parfois sommées d'y parvenir, sous peine d'être accusées de les abandonner.

« La région Bretagne, responsable de l'abandon et du désastre du site industriel de Hop ! Morlaix ! Rien que ça ! Arriver à ce niveau de mauvaise foi est affligeant. » Dans un message posté sur les réseaux sociaux fin juillet, le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, s'insurge contre Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM. Ce dernier lui attribue la responsabilité de la fermeture du site de Hop !, filiale d'Air France pour les vols de court et moyen-courrier à Morlaix, sous-prétexte que les appuis financiers de la région Bretagne à l'entreprise n'auraient pas été à la hauteur.

Une allégation fortement démentie par le président de la région qui répond en mettant le patron de la filiale d'Air France au défi. « M. Smith, si le sujet est financier, alors chiche ! Dites-nous combien et travaillons toutes les solutions au lieu de polémiquer ! » Une proposition qui ne sera pas retenue par le PDG.

Bien en peine de trouver une solution à la crise chez Hop !, le président de la région et le maire de Morlaix tentent d'obtenir l'aide de l'Etat, en vain. « Certaines restructurations sont indispensables, leur répond la ministre Elisabeth Borne, il s'agit d'une question de survie". Le site Hop ! de Morlaix fermera donc d'ici 2022, laissant sur le carreau 276 salariés, sans que les 7 milliards d'euros versés par l'État à Air-France - sans contrepartie environnementale si sociale - ni l'appui des collectivités n'y change rien.

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