[DECHETS] Les biodéchets et le Contrat de transition écologique : une affaire qui roule ?

Publié le mar 20/10/2020 - 07:16

Photo : Site de compostage du Centre Lepoire, Briançon. crédits: Camille Felouzis

Par Camille Felouzis

Depuis 2018, 100 territoires sont engagés dans des Contrats de transition écologique (CTE). Dans la multiplicité des actions menées, la gestion des déchets est un enjeu crucial. Le Grand Briançonnais fait partie des 19 territoires pionniers qui ont bénéficié d’un CTE en 2019. Un de ses axes forts de travail : la valorisation des biodéchets.

Le gisement des biodéchets représente 22 millions de tonnes et constitue un tiers des poubelles résiduelles des ménages français. De fait, les biodéchets participent au réchauffement climatique lorsqu’ils ne sont pas compostés. Ces déchets issus de la matière organique (restes alimentaires et de jardinage principalement), peuvent pourtant facilement éviter l’incinérateur. Dans le Grand Briançonnais, ils ont été réduits par toute une campagne d’incitation au compostage, avec une baisse de 4 000 tonnes d’ordures ménagères en 8 ans sur l’ensemble de la communauté de communes du Briançonnais.

600 par jour. C’est le nombre de repas que confectionne l’équipe du centre Lepoire à Briançon, pour toutes les cantines de la ville. Kévin Rio, le cuisinier en chef explique : « J’ai créé mon propre guide de pesées des plateaux repas pour éviter le gaspillage alimentaire. » Et pour cause, en huit ans, le centre est passé de 150g de déchets par assiette à 20 g.  L’équipe de cuisine a également suivi une formation de compostage. Quatre bacs brassent 50 kg de biodéchets par semaine. L’idée ? Récupérer du broyat à la déchèterie, le mélanger au compost et lorsqu’il est mature, l’utiliser pour les espaces verts de la ville. Par ailleurs, un « parcours compost » avec des panneaux expliquant l’implication de la commune sur le compostage a été inauguré en septembre 2019. « Au début, notre site de compost était vandalisé mais aujourd’hui, les gens comprennent ce que le compostage apporte à la ville » révèle Kévin Rio.

Un CTE pour impulser une dynamique

L’idée du CTE « est d’accompagner les territoires pendant 4 ans sur la transition écologique. À la fin, on fait le point et on généralise », détaille Pierre Leroy, premier adjoint au maire de Puy-Saint-André, vice-président de la communauté de communes du Briançonnais et responsable du CTE sur le territoire. « On doit partir des besoins primaires de la population. Les collectivités et l’État proposent des outils pour que les citoyens puissent changer de pratiques ». L’un des projets proposé au CTE, encore à un stade de pré-évaluation, est une collecte des déchets organiques à cheval sur la commune de Briançon. « C’est complexe, car ce projet doit réunir de nombreux partenaires qu’il faut mettre d’accord, qu’il faut interconnecter. Un porteur est nécessaire, mais qui sera dépendant de tous les autres. En plus on est dans l’innovation donc avec des prises de risque. Sur ce projet là, la mobilité équine coûte cher ! » raconte Pierre Leroy.

« Pour moi ce projet n’est pas réaliste. Il est juste très beau sur le papier », rétorque Anne Chouvet, vice-présidente de la communauté de communes du Guillestrois-Queyras, en charge de la transition énergétique, déchets, environnement. Elle renchérit : « Les petites solutions sont celles qui ont un véritable impact. » À Guillestre, le CTE n’a pas très bonne réputation. Vingt projets ont été financés à hauteur de 5 800 000 euros mais aucun n’est sur le territoire du Guillestrois. Il n’est pourtant pas en manque d’initiatives. « 80 sites de compostage de proximité ont été mise en place. Et le syndicat mixte forme des habitants en tant que référents de leur quartier pour qu’ils prennent en charge le compostage collectif. », raconte Elise Defossez, chargée de la valorisation des déchets organiques au SMITOMGA (Syndicat Mixte de Traitement des Ordures Ménagères du Guillestrois, du Queyras et de l’Argentiérois). À ce jour le CTE n’a pourtant pas eu une grande influence sur les initiatives locales du Grand Briançonnais quant au compostage. La route est encore longue pour qu’il arrive à maturité.

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