[Tribune] : CRISES SANITAIRES, ECOLOGIQUES, SOCIALES, ECONOMIQUES : POUR UN MONDE VIVABLE, COOPERONS

Publié le lun 04/05/2020 - 15:42

Par Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement

Face au Covid-19 et aux multiples crises qu’il révèle, Arnaud Schwartz appelle chacun.e à préférer la coopération à la compétition. Défendre nos intérêts personnels au détriment de l’intérêt général nous fera tous perdre. Car si cette pandémie révèle et exacerbe nos fragilités individuelles et collectives, elle nous démontre aussi que la coopération nous grandit quand la compétition, au mieux nous ridiculise et au pire, nous met collectivement en danger.

Coopérer fait d’abord du bien d’un point de vue individuel. De toutes ces initiatives pour soutenir les soignants, à la réorganisation des solidarités, qui s’opère du mieux possible : aide scolaire pour les enfants, places d’accueil pour des personnes sans domicile vivant avec un chien… Comme trop souvent, ce sont les plus fragiles qui souffrent le plus durement de la crise. Si la solidarité ne peut pas tout résoudre, elle adoucit les difficultés.

La coopération, c’est la voie choisie par FNE depuis plus de 50 ans. Aujourd’hui, parmi les millions d’actifs dans une grande incertitude professionnelle se trouvent de nombreuses associations du mouvement, qui ont dû opter pour le chômage partiel. Notre fédération a été fondée sur une conviction : ensemble, nous sommes plus forts. Alors dans cette période pleine d’incertitudes, le mouvement s’attache à coopérer. Une nécessité pour nous, mais aussi pour l’intérêt général, afin que les défenseurs de la nature puissent apporter leur expertise aujourd’hui, demain, à toutes les échelles et sur l’ensemble du territoire.

Devoir commun

Préférer la coopération à la compétition, c’est aussi un devoir commun. Cette pandémie nous rappelle, s’il fallait encore le prouver, que les intérêts économiques ne peuvent être au-dessus de tout. Le Covid-19 s’est abattu sur la France en pleine crise de l’hôpital, soulignant le caractère vital d’un système de santé robuste. La pandémie se révèle par ailleurs intimement liée à la crise environnementale : destruction des écosystèmes ou encore multiplication des élevages intensifs favorisent l’apparition et la diffusion de tels virus. Résultat ? L’économie en pâtit rudement, comme la société toute entière. Coopérer, malgré nos divergences, est bien une nécessité.

Le président Macron a annoncé vouloir des « décisions de rupture » après la crise. Associer toutes les composantes de la société civile et ne plus dissocier les crises serait un pas immense. Car ces crises sanitaires, environnementales, sociales et économiques sont interdépendantes. Les solutions doivent être mises en cohérence. Déploiement de l’agroécologie, des énergies renouvelables, des PME de l’artisanat… Envisageons une relance économique basée sur la résilience durable des territoires. Notre appel est simple : décideurs publics et privés, osons la coopération au nom du bien commun. Proposons un projet stimulant d'après crise, porteur à la fois d'espérance et de bon sens !

Loin des replis nationalistes, la coopération s’avère également vitale à l’échelle européenne. Travaillons entre États pour combattre le coronavirus mais aussi pour lutter contre ses causes et ses conséquences. Les pandémies futures, tout comme les pollutions, le dérèglement climatique ou encore la crise de la biodiversité, ne connaissent pas les frontières.

Le défi semble immense et ce n’est pas seuls que nous réussirons à y répondre. Mon appel est donc sans ambiguïtés : pour sortir de ces crises, mettons nos égoïsmes de côté et coopérons au service de l’intérêt général. Prenez soin de vous, de vos proches, des inconnus dans le besoin, du monde vivant qui vous entoure et déployons nos énergies pour sortir par le haut des crises inédites que nous traversons.

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