[THEMA] LE DÉBAT : Vers une interdiction du commerce des animaux ?

Publié le mer 12/04/2023 - 09:00

par Quentin Zinzius

En France d’ici 2024, la vente de chiens et chats en animalerie sera interdite. Un « premier pas » pour les celles et ceux qui défendent les droits des animaux, mais plutôt « une erreur de cible » pour les professionnels de l’animal familier qui ont pourtant l’objectif commun de « mettre fin aux abandons et maltraitances ».

René Michau, président du Syndicat des professionnels de l’animal familier (Prodaf) qui regroupe toutes les professions en lien avec les animaux autorisés à la vente : éleveurs, toiletteurs, animaleries…

« En interdisant la vente dans les circuits spécialisés, contrôlés et soumis à des règles strictes, notamment en terme d’identification et de bien-être pour les animaux, le gouvernement s’est trompé de cible. D’ailleurs, les résultats de cette loi sont déjà visibles : les animaleries ont pour la plupart déjà cessé la vente de chiens et chats, mais les chiffres d’abandons, de maltraitances et le trafic d’animaux continuent d’exploser ! Nous tenons là une belle preuve que la personne coupable de maltraitance animale, c’est celle qui tient la laisse, pas celle qui la vend...

Aussi pour enrayer ce phénomène, plutôt que de multiplier les textes de lois et les interdictions, nous devrions déjà faire appliquer les règles qui existent : aujourd’hui, une personne coupable de maltraitance peut être condamnée à 40 000 € d’amende et trois ans d’emprisonnement. Mais dans la majorité des cas, les sanctions n’atteignent même pas les 3 000 € d’amende qui étaient encore en vigueur auparavant. Pire encore : il est souvent difficile de retrouver les responsables, car les animaux sont rarement identifiés.

Or le circuit professionnel était le seul à garantir la traçabilité des animaux et leurs identifications, ce qui n’est aujourd’hui toujours pas le cas pour les achats en ligne et notamment entre particuliers via des plateformes comme Leboncoin. En tant que président du Prodaf, je ne peux qu’espérer une révision de cette loi pour diriger les cessions et adoptions plutôt vers les éleveurs professionnels, animaleries et refuges qui permettent la traçabilité de A à Z de l’animal, et donc lui assurent a minima son bien-être et le respect de ses droits. »

Anissa Putois, responsable communication pour la branche française de Peta (People for the Ethical Treatment of Animals), association qui vise à établir et protéger les droits des animaux à travers le monde.

« La récente interdiction de la vente de chiens et chats dans les animaleries est certes un progrès, mais cela reste dérisoire par rapport à la réalité du terrain : les abandons ne font qu’augmenter d’année en année. Nous sommes d’ailleurs les plus mauvais élèves d’Europe, avec plus de 100 000 abandons chaque année, et les chiens et chats ne sont plus les seuls concernés. La SPA a notamment remarqué une recrudescence d’abandons de nouveaux animaux de compagnie (Nac), en hausse de 34 % depuis 2019.

Il est donc primordial d’étendre cette loi à tous les animaux de compagnie et à tous les circuits de commercialisation, notamment la vente en ligne entre particuliers mais aussi les « salons du chiot ». En effet ces circuits commerciaux alimentent tout simplement le besoin de « production » d’animaux de compagnie ; ce qui n’est ni bon pour leur bien-être, ni pour ceux qui sont déjà en attente d’une famille à rejoindre.

Par ailleurs, le meilleur moyen d’accueillir un animal dans sa famille est l’adoption en refuge. Là-bas, non seulement les animaux ne manquent pas (dont des chiots), mais en plus l’adoption est soumise à de nombreux critères. L’animal est un individu sensible, qui va devenir un membre de la famille, il faut donc choisir et être choisi par l’animal pour que l’adoption soit réussie. Ce processus est largement effacé par les circuits professionnels, dont le but principal est de faire du profit : l’animal n’est qu’un objet de désir qu’il faut vendre. Nous ne les accusons pas tous de maltraitances, mais pour que le bien-être des animaux soit complètement respecté, le commerce d’animaux doit tout simplement disparaître. »

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