[POLLUTION] Zéro plastique et zéro déchet : quand les entreprises s’engagent !

Publié le jeu 03/04/2025 - 10:00

Aux côtés de Jérémie Pichon et Nathalie Gontard, trois entreprises ont pu partager leurs engagements en faveur du zéro déchet / zéro plastique  : Nicolas Kammoun, directeur d’usine chez Florette ; Agnès Coste, responsable RSE chez Aroma-Zone, et Yoann Aucremann, dirigeant d'iLevel, spécialiste en solution Apple.

Ces entreprises du réseau Lubéron Sorgues Entreprendre (LSE) cherchent des solutions mais butent encore, pour certaines, sur des problèmes techniques. Tour d’horizon des chemins de transition.

Aroma-Zone, le casse-tête de l’emballage

Agnès Coste, responsable RSE chez Aroma-Zone, concède d’entrée que « l'emballage est un casse-tête : il est très difficile de trouver le matériau idéal pour chaque produit cosmétique et pour chaque usage. Nous n'avons pas encore trouvé celui qui coche toutes les cases et surtout nous craignons la fausse bonne idée. Si nous commençons par renoncer, nous nous concentrons sur ce qui est nécessaire. La première étape a été de supprimer l'emballage secondaire, malgré nos contraintes réglementaires. La réduction passe par la diminution du poids, alors on change le type de produit. Par exemple, le shampooing devient solide.

Proposer un emballage recyclable est une injonction, même s'il n'est pas toujours recyclé. Nous avons encore 25 % d'emballages en plastique, 25 % d'emballages en carton et 50% en verre. Désormais, nous invitons nos clients à réemployer leurs contenants. Pour cela, nous proposons de plus en plus de vrac (et expérimentons cette démarche), notamment pour les huiles végétales et les produits d'hygiène. Nous vendons aussi des recharges. Pour certains produits, comme le sérum, 1 sur 3 est vendue en écorecharge. Nous testons également la consigne dans nos boutiques de Marseille et Nice. C’est un long processus de transport, de lavage et de conditions de réutilisation à mettre en œuvre. Le taux de retour est déjà de 10% et ce chiffre augmente. »

L’informatique, encore des progrès…

Yoann Aucreman, dirigeant de iLevel : « Nous assurons le dépannage et la réparation informatique et nous réfléchissons au réemploi du matériel. Nous cherchons au maximum à reconditionner le matériel et les appareils : nous commençons par un diagnostic du problème. Au démontage, nous trions les pièces réutilisables. Si elles ne le sont pas, nous les stockons pour recycler les matériaux.

Un des problèmes que nous rencontrons reste la durée de vie des produits. Une fois réparés, nous les proposons à des associations qui ont un besoin différent des entreprises.

Nous cherchons aussi des solutions moins polluantes pour le stockage des données et des messageries. Quant à l’IA, c’est un vrai problème en consommation d'énergie et de matériel qui doit être régulièrement changé. Nous testons une IA locale pour éviter d’envoyer les données à gauche et à droite, et pour minimiser l'impact.

In fine, au quotidien, dans la vie de notre entreprise, nous proposons des gourdes aux salariés, nous trions : les canettes servent à fabriquer des fauteuils roulants. Les cartons qui contiennent peu d'encre sont recyclés en permaculture », dans une dynamique vertueuse d’entreprise.

Florette et ses salades…

Nicolas Kammoun explique les freins rencontrés : « Nous avons cherché à réduire nos emballages de salades (25%) car le plastique coûte cher mais aussi dans un souci d’écoresponsabilité. Mais nous nous heurtons à des limites techniques dans la réduction du plastique. Du coup, nous avons cherché à le remplacer par un emballage « papier ». Nous pensions que les consommateurs souhaiteraient acheter moins d’emballages en plastique. Mais cette gamme ne se vend pas, car la salade n’est pas assez visible. Et le papier se dégrade à cause de l'humidité, ce qui cause des problèmes d'hygiène. C’est un frein visuel et une grande déception pour nous. Nous sommes probablement trop en avance sur la demande. Par contre, outre le recyclage, nous poursuivons un autre test dans certains supermarchés : les consommateurs rapportent les barquettes qui sont ensuite lavées et triées, dans une forme de consigne. »

Le Beau Geste a du biscuit

Fleur Masson, dirigeante du Beau Geste, entreprise d’insertion : « Nous réfléchissons à des emballages sans plastique pour nos biscuits. C’est le sens de l'histoire, mais il faut veiller à ne pas dégrader la qualité de l'emballage et du produit. Nous avions notamment testé des emballages en fibres de bois, c'est-à-dire en cellulose. Mais nous avons rencontré des problèmes de conservation, car cette matière se fragmente. Pour l'instant, nous sommes retournés au sachet plastique mais nous ne baissons pas les bras et allons poursuivre notre expérimentation pour tenter de remplacer le plastique. »

La consigne à adopter : consigner

Thomas Le Roux dirige la microbrasserie La Comédienne (84) : « La consigne était la condition pour que nos produits soient vendus dans les Biocoop. Nous avons franchi le pas et faisons désormais partie du réseau France Consigne et son antenne locale en Vaucluse. Le taux de retour de nos produits est de 50%. Si le consommateur est rétribué, ça marche mieux ! Ce dispositif que nous remettons au goût du jour fonctionnait très bien dans les années 70, à nous de lui donner un nouveau souffle ! »

L’affaire est dans les sacs

Valérie Martin dirige Surcyclum : « Nous pratiquons le surcyclage en récupérant des chutes de bâches, de chambres à air et de tissus, pour créer des sacs et des objets à partir de ces déchets. Il faut changer les attitudes et revenir à des fabrications françaises, qui sont certes beaucoup plus chères. En effet, aujourd’hui la plupart des objets promotionnels, comme les tote bags, sont produits en Asie. »

Quand c’est beau, on gaspille moins

L’agence régionale de la biodiversité et de l’environnement de la Région Sud, ARBE, a notamment pour mission d’accompagner les collectivités locales dans la réduction des pollutions plastiques et de leurs impacts sur la biodiversité du territoire. Pour cela, elle aide à identifier les acteurs qui proposent des solutions. « C’est un enjeu essentiel de se poser la question du besoin initial et du coût. Des collectivités suppriment le plastique dans leurs cantines ou livraisons à domicile avec un modèle pertinent, cohérent et qualificatif pour diminuer le gaspillage. »

LSE, Luberon & Sorgues Entreprendre : valoriser les déchets

Dans la région Sud, plusieurs initiatives communes sont menées. Par exemple, Laura Dos Santos, directrice du laboratoire Mayoly, a présenté le réseau LSE (Luberon & Sorgues Entreprendre) qui regroupe de nombreuses entreprises provençales, dont « plusieurs industriels, qui ont décidé de se regrouper pour trouver ensemble des solutions de façon à réduire leurs déchets, les transformer en ressource et les valoriser. Notre but est d’agir ensemble dans une démarche écologique, pour ne pas détruire notre environnement. C’est bien sûr aussi une démarche économique car les déchets ont un coût sociétal que nous voulons réduire au maximum. »

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