Montpellier : une commission éthique contre la corruption

Publié le mer 06/07/2016 - 11:53

Il aura fallu deux ans et la pression « amicale » de l'association anti-corruption Anticor pour que Philippe Saurel, maire de Montpellier, respecte son engagement de campagne. Le premier magistrat a enfin mis en place une commission éthique, le 8 avril dernier. Une disposition promise par le candidat Philippe Saurel lors des élections municipales de 2014, en accord avec sa signature de la charte éthique d'Anticor. Cette nouvelle instance consultative a notamment pour but d'alerter sur d'éventuels conflits d'intérêt et de contrôler l'attribution des marchés publics. Précisions sur sa mise en place et son fonctionnement avec Bernard Suzanne, observateur de la commission éthique pour Anticor.

Quels vont être exactement les compétences et le fonctionnement de cette commission, que pourra-t-elle ou ne pourra-t-elle pas faire ?

Cette commission n'est ni une instance judiciaire, ni un comité d'experts. Elle est composée de 3 élus issus de la majorité et 3 de l'opposition ainsi que 6 citoyens tirés au sort sur les listes électorales. C'est une instance au sein de laquelle des personnes de différents horizons expriment leur ressenti, non pas sur la légalité d'une action mais sur son éthique. Une action absolument légale peut poser problème du point de vue éthique, comme c'est le cas pour certaines actions de lobbying, il ne faut pas confondre les deux. La Commission a un rôle consultatif, non-contraignant, mais qui peut rappeler à l'ordre les élus.

 

Quels sont les écueils auxquels la commission est confrontée, depuis sa première réunion en avril ?

Le problème majeur auquel nous sommes confrontés est celui du transfert des compétences de la ville de Montpellier vers la métropole. Ce qui limite grandement le pouvoir d'action de la commission puisque celle-ci est la commission de la Ville de Montpellier. Cette question sera abordée lors de notre prochaine réunion, fin juin.

L'objectif d'Anticor : que la commission puisse s'intéresser aux élus en tant que personnes et non pas en tant que fonctions. Cela lui permettrait par exemple de juger la manière dont Philippe Saurel satisfait au critère de transparence dans la communication de documents administratifs, un des points importants de la charte. A la fois en tant que maire de Montpellier et de président de la métropole. En effet, suite au transfert de compétences, les documents intéressants pour Montpellier sont souvent entre les mains de la métropole et non de la ville.

 

Qu'est-ce que la commission va concrètement changer dans la vie des habitants ?

A court terme, il est clair que cette commission ne va pas changer fondamentalement la vie des habitants. Elle peut éveiller les citoyens, les faire réfléchir au problème de la corruption en politique. Elle est aussi une preuve que les mentalités évoluent déjà : le terme « éthique » apparaît désormais accolé à celui de « politique ».

Il est enfin intéressant de constater que les élus se posent des questions sur cette problématique, tout autant que l'opinion publique. Ce ne sont pas les institutions qui changent les citoyens mais les citoyens qui changent les institutions.

 

Amaëlle Olivier


L'association ANTICOR

Fondée en 2002 avec pour objectif de « lutter contre la corruption et rétablir l’éthique en politique », l'association cherche à recréer la confiance mise à mal entre les citoyens et leurs élus dans une période de crise de la représentativité. Anticor regroupe citoyens et élus de tous bords pour « faire respecter les exigences démocratiques non partisanes ». Elle travaille en lien avec les lanceurs d'alerte. Pour garantir son indépendance, elle n'est financée que par les dons et cotisations de ses adhérents.


Plus d'infos :

www.anticor.org/

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