[INTERVIEW] Sylvie Chamvoux : « On a travaillé localement sur une feuille de route Territoire zéro bidonville »

Publié le ven 12/11/2021 - 11:00
© Photomontage. Fondation Abbé Pierre - Julie Chansel

Directrice Occitanie de la Fondation Abbé-Pierre, Sylvie Chamvoux nous parle du mal-logement dans l’agglomération montpelliéraine et de la feuille de route des associations pour lutter contre les bidonvilles.

Quel est l’état du mal-logement dans l’agglomération montpelliéraine ?

Aucune étude ne permet de dire de façon précise combien de personnes seraient sans logement. Dans l’Hérault, le SIAO-115 (1) répond à 90% des personnes appelant pour demander un hébergement d’urgence avec seulement 10 à 15% de réponses positives. Concernant le logement social, fin 2020 dans la métropole de Montpellier, il y a eu 25 800 demandes pour seulement 3 120 attributions, dont seulement 231 logements très sociaux (PLAI), alors que 74% des demandes (19 000) sont sous ce plafond, avec des revenus très modestes. Ces ménages sont alors amenés à chercher des solutions d’hébergement très largement insuffisantes, à se rabattre sur le parc privé, qui est très cher ou très dégradé, ou encore à s’éloigner pour se loger à la périphérie, avec des problèmes de mobilité. Nous sommes pourtant sur un territoire de mise en œuvre du « Logement d’abord » dont la philosophie est l’accès à un logement pour tout le monde.

Est-ce pour ces raisons que des familles vivent dans des bidonvilles ?

Ce n’est pas par choix que les gens vivent dans des bidonvilles mais à cause des problèmes de logement qui sont très forts à Montpellier. Une grande partie des 850 à 900 personnes qui vivaient en bidonville avant les expulsions était suivie par des associations depuis plusieurs années, dans des démarches d’accompagnement à l’accès aux droits, à l’insertion professionnelle, au logement, à la scolarisation des enfants. C’est un travail au long cours. Il faut des ressources, donc un emploi, pour accéder au logement. Des demandes d’hébergement au SAIO ou de logement social sont instruites, leur donnant accès aux listes d’attente dont j’ai parlé. Mais elles sont souvent confrontées à de la discrimination dans leurs démarches.

Pensez-vous qu’il soit possible de résorber ces bidonvilles et de loger tout le monde ?

Oui. D’ailleurs nous avons travaillé localement sur une feuille de route appelée « Territoire zéro bidonville », avec des moyens et un calendrier, non pas sur une année mais sur quatre à six ans minimum. La première question à traiter, c’est le manque de logements. Nous avons proposé de travailler à des solutions transitoires d’hébergement intercalaires dans des bâtiments vacants. La production de logements très sociaux, dans le parc social mais aussi dans le privé, sera aussi une des réponses. Tant qu’on n’aura pas résolu ce problème, on ne pourra pas résoudre celui du sans-abrisme et des bidonvilles.

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Note de bas de page : 

(1) le numéro d’urgence social, service intégré d'accueil et d'orientation.

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