Khedidja Mamou, sociologue et architecte, enseigne à l'École nationale supérieure d'architecture de Montpellier. Elle est également chercheure sur les façons d'habiter, sur la participation et la coopération dans les projets de rénovation architecturale et urbaine.
En tant qu'enseignante, quelle ligne de conduite donnez-vous aux futurs architectes ?
Mon entrée principale est, tout simplement, le fait que tous les espaces sont habités : logements, bureaux, ou espaces extérieurs, publics, etc. À partir du moment où on y passe du temps, on y habite, on s'y projette. Avec mon approche de sociologue, j'insiste sur ces points. Parfois, je parle de confort et de qualité, mais c'est une thématique relativement récente, notamment dans un contexte de transition écologique et de réchauffement climatique. Avant, on parlait plutôt de santé et de bien-être. Ce n'est pas que les architectes conçoivent des espaces inconfortables, mais c'est souvent le cas.
Vous présentez l'état d'avancement de « Perf in Mind II ». De quoi s'agit-il ?
Au colloque Bâtifrais, j'intervenais avec l'ingénieure Muriel Dupret, spécialisée dans l’efficacité énergétique, sur le projet « Perf in Mind II », c'est-à-dire la suite du projet de recherche « Perf in Mind I » sur la rénovation performante de maisons individuelles. Nous avons présenté une méthodologie que nous avons pensée ensemble, ce qui est assez original. C'est donc une méthodologie croisée, entre ingénieure et sociologue. En gros, les ingénieurs sont plutôt tournés vers le quantitatif, les mesures et les chiffres. Et les sociologues s'intéressent plutôt au qualitatif : Ce que les gens font chez eux, comment ils se projettent dans un espace et ce qu'ils disent de leur ressenti, autour du confort et de l'inconfort, etc. J'ai été associée dans le volet « Perf in Mind II », notamment pour aller plus loin et approfondir toute la compréhension des pratiques et des ressentis des habitants autour du confort thermique d'été. C'était un projet intéressant à mettre en place et j'ai senti que les participants au colloque, qui sont venus nous écouter, trouvait un réel intérêt à ce projet.