[FAITES ECHO] Nicolas Merieux : l'écologie par le rire

Publié le lun 26/05/2025 - 12:00

Par Marie Alibert (Le Dauphiné Libéré)

Humoriste et militant engagé, le Grenoblois Nicolas Meyrieux a présenté son spectacle "On sait pas", jeudi 15 mai à 20 heures, pour une séance d'écologie par le rire.

Pourquoi êtes-vous attaché à parler d'écologie dans vos spectacles ?
C'est simple, ça s'appelle l'instinct de survie. Cette cause devrait tous nous toucher. Il n'y a même pas d'opinion politique à avoir là-dessus. Il y a une réalité que les scientifiques s'efforcent à nous dire depuis les années 1970, à savoir : si on ne change pas notre façon de vivre, l'humanité va disparaître d'ici la fin du siècle. Ce serait cool qu'on essaye de sauver tout ça, non. Qu'en pensez-vous ?

Quand on vous entend, c'est plutôt angoissant. Comment peut-on rire de ce sujet ?
C'est tout l'enjeu de mon spectacle. Je suis sur le fil du rasoir en permanence. Les gens rient beaucoup et en même temps, ils angoissent juste ce qu'il faut pour avoir envie de bouger. Si je les fais trop angoisser, ils n'ont plus envie d'écouter le discours et sont dans l'inaction. C'est souvent ce qui se passe. La plupart des gens font l'autruche, parce que c'est chiant et angoissant. L'avantage d'un spectacle de stand-up c'est que c'est tout sauf chiant, et angoissant juste ce qu'il faut. Ils ressortent en ayant bien ri et en ayant compris deux-trois trucs.

Votre spectacle est donc une thérapie collective et individuelle ?
C'est bien dit ! Il réussit à toucher les écolos convaincus et le grand public, pas encore dans l'action.

Vous, vous êtes devenu humoriste-agriculteur ?
Je parle d'écologie depuis plus de dix ans, à la télé, sur Internet ou dans mes spectacles. A force, je me suis dit, c'est bien d'en parler, c'est mieux d'en faire. Il faut que chacun mette la main à la pâte, dans le domaine où il se sent à l'aise. Selon moi, l'agriculture est la base de l'écologie. Avec une agriculture vertueuse, on résout plein de problèmes : on pollue moins les sols et les eaux, les gens sont en meilleure santé et le trou de la sécu disparaît, il y a moins d'inégalités car les bons produits sont la norme, ça stoppe la chute de la biodiversité... Passionné de plantes parce que j'adore manger, j'ai décidé de faire ça de ma vie. L'hiver dernier, j'ai planté mille arbres de différentes variétés dans les Landes, où je suis installé depuis 2019. On ne mange qu'une infime partie de ce que la nature nous a offert. Dans le monde, il y a 4 500 variétés de pommiers et nous, on n'en connaît que cinq, celles sélectionnées par l'agro-industrie. Pour préparer notre alimentation locale de demain, j'essaye de créer une collection de fruitiers en cherchant les variétés les plus résistantes sur mon territoire. Puis je les multiplierai pour les vendre localement. "Solution locale pour désordre global", comme disait Coline Serreau.

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