[DOSSIER] Ces forêts qui nous font du bien

Publié le mer 09/02/2022 - 11:00

© Pixabay

Par Marie Martinez

Comment se sentir bien et renforcer son système immunitaire sans se fatiguer ? Il suffit d'aller faire un tour dans les bois, de respirer profondément, de profiter du moment présent. La science l’affirme : la forêt a des effets bénéfiques sur la santé physique et mentale.

Nous avons tous fait l'expérience d'une balade en forêt qui requinque, physiquement et moralement. Mais comment expliquer ce bien-être ? Est-ce l'atmosphère sereine des forêts, l'air pur, les parfums agréables, le chant des oiseaux, le bleu du ciel, le vert des arbres, le paradis retrouvé, le moment de détente... ? Tout cela à la fois.

Selon la sagesse populaire, « se mettre au vert », c'est aller se reposer à la campagne, d'autant que le vert est une des couleurs les plus apaisantes avec le bleu, l'autre couleur dominante de la nature[i]. Dans les années 80, Georges Plaisance, un ingénieur des Eaux et Forêts, avait déjà écrit des livres sur le rapport entre forêt et santé. Ce n'est que dans les années 2000 que les chercheurs japonais ont lancé des études qui ont mis en évidence le caractère bienfaisant de la nature sur la santé humaine[ii]. Des influences sensorielles sur le corps et le cerveau agissent notamment sur le système cardiovasculaire, le taux de stress, la tension artérielle, l'humeur... Le système immunitaire est renforcé pendant plusieurs jours ou semaines.

S'immerger en forêt

Les Japonais ont alors inventé le concept de shinrin yoku qui signifie « bain de forêt », parce qu'il suffit de se plonger dans une atmosphère sereine de forêt pour en ressentir les bienfaits. D'ailleurs, inutile de faire des kilomètres de randonnées : une petite balade dans les bois ou une rêverie dans une chaise longue sous un arbre font aussi bien l'affaire. En France, on a vu apparaître le terme de sylvothérapie (du latin silva = forêt et du grec therapeía = cure).

Les études se sont multipliées dans le monde sur l'influence de la nature[iii]. Par exemple, un malade passe moins de jours à l'hôpital et a besoin de moins d'antalgiques s'il voit des arbres de sa fenêtre. Des citadins qui vivent près d'un espace vert sont globalement en meilleure santé. Les élèves sont plus calmes, attentifs et créatifs dans une classe où l'on a disposé des plantes vertes (ce qui est aussi valable pour des employés dans un bureau décoré de plantes). D'ailleurs, le contact avec la nature est essentiel au développement des enfants et les adolescents.

Les enfants, dehors !

Des enfants trop sédentaires et privés de nature ont plus de probabilités de développer des dépressions, des troubles de l’attention, une moins grande résistance au stress et à l’adversité́, des problèmes de surpoids, de myopie... Ceux qui peuvent jouer dehors en toute sécurité́ ou faire du jardinage à l’école ou chez eux, développent davantage leur créativité́ et leur imagination, améliorent leur concentration et leur sommeil. C'est pourquoi de plus en plus d’instituteurs font la classe dehors, organisent des sorties au grand air. De plus, ces activités contribuent à instaurer un lien fort avec la nature : à l’âge adulte, ces enfants se sentiront naturellement concernés par le monde du vivant, leur environnement et les enjeux écologiques.

Un besoin biologique de forêt

Le cerveau humain est plus enclin à décoder et réagir positivement au son d'un ruisseau (l'eau, c'est la vie), plutôt qu'aux bruits de la circulation ou des machines qui génèrent du stress. La forêt est notre environnement naturel d'origine. Tous nos sens y sont activement stimulés : vue, odorat, ouïe, sens de l'équilibre, etc. Lorsque nous voyons de l’herbe, des plantes, des arbres, des rivières, que nous entendons des chants d’oiseaux, nous sommes rassurés : nous savons instinctivement qu’il y a de la nourriture, de l’air, autant d’éléments indispensables à notre survie. Notre besoin de nature est donc biologique, ancré au plus profond de nous. De plus, les arbres émettent des phytoncides, des molécules volatiles pour se défendre contre les insectes et les bactéries, qui sont, lorsque nous les inhalons, très bénéfiques pour notre système immunitaire.

Peu de risques et beaucoup de bienfaits

Bien évidemment, les conditions doivent être favorables à une parenthèse agréable. Le bain de forêt n'aura rien de bénéfique s'il fait trop chaud ou trop froid, si on se fait piquer par un serpent ou une tique (qui peut transmettre la maladie de Lyme), si on développe une allergie au pollen, si on se foule une cheville ou qu'on rentre terrifié et épuisé après s'être égaré des heures dans le brouillard... La forêt peut aussi générer du stress dont les mythes et les contes de fées nous ont nourris. Les risques sont toutefois limités car pour profiter des bienfaits des forêts il n'est pas nécessaire de s'aventurer bien loin. La méthode est simple : profiter du moment présent en observant, en respirant profondément, en écoutant les sons. Il suffit donc de s'immerger dans la forêt et de laisser faire : la nature fait bien les choses.

 


[i]Quand on parle de nature, il s'agit du monde vivant en général, c'est-à-dire des non-humains.

[ii]Shinrin yoku. L'art et la science du bain de forêt, Qing Li, éditions First, 2018, 320 pages.

[iii]Pourquoi la nature nous fait du bien, Nicolas Guéguen, Sébastien Meineri, éditions Dunod, 2012, 280 pages.

 

Garantissez l'indépendance rédactionnelle et financière de Sans transition !