[CHIFFRES CHOCS] Pêches destructrices dans les aires marines protégées

Publié le mar 23/02/2021 - 14:12

Crédit photo : Pixabay - Golfe de Gascogne

 

Par France Nature Environnement

Réellement préservées, les « aires marines protégées » ? France Nature Environnement a mené l’enquête : on pêche presque autant dans les aires marines protégées du golfe de Gascogne qu’en dehors. Et avec les mêmes méthodes de pêche destructrices.

 

Les aires marines protégées n’empêchent pas les pêches destructrices

Les scientifiques sont formels : la principale cause de dégradation des océans est la surpêche et le recours à des techniques de pêche destructrices. Alors que l’état de la biodiversité marine dans l’espace maritime français est particulièrement préoccupant, une limitation des impacts de la pêche et une protection des zones les plus vulnérables semble indispensable. Ça tombe bien : 23,5% des mers françaises sont classées en « aires marines protégées ». Mais ce statut suffit-il réellement à préserver la biodiversité de nos océans ?

Au moyen d’une carte détaillant le nombre d’heures de pêche exercées entre 2015 et 2018 dans les aires marines protégées du golfe de Gascogne, France Nature Environnement dresse le bilan de quatre méthodes de pêche dont les impacts sur les milieux marins sont avérés : le chalut pélagique, les filets maillants, le chalut de fond et la pêche à la drague. Rien qu’en 2018, on évalue à plus de 174 000 le nombre d’heures de pêches destructrices dans ces aires protégées, contre 235 000 en dehors !

Concrètement, le chalut pélagique et les filets maillants capturent de nombreuses espèces non ciblées comme les tortues, les requins, les dauphins… ces derniers, pourtant protégés par la loi, sont capturés par milliers chaque année et meurent, pris au piège dans ces filets. Le chalut de fond et la pêche à la drague, de leur côté, raclent les fonds marins et ont des conséquences dramatiques sur les organismes et les habitats, comme les récifs et les bancs de sable.

Des aires protégées qui passent totalement à côté de leur objectif de protection

Ironie de l’histoire : ces aires protégées du golfe de Gascogne ont été spécifiquement créées pour protéger plusieurs espèces et habitats, qui sont directement impactés... par les méthodes de pêche toujours en cours dans ces zones. Autrement dit, rien n’a changé depuis leur création.

En toute logique, ces méthodes de pêche devraient être interdites dans ces zones protégées du golfe de Gascogne. En effet, pour être autorisée, une activité doit avoir fait l’objet d’une évaluation des incidences au préalable. Ici, elles n’ont jamais été réalisées... Pour certaines zones, cette évaluation se fait attendre depuis de nombreuses années. Une attente délibérée ? Quoi qu’il en soit, au vu des impacts connus de ces pêches sur les espèces et habitats présents dans ces zones, les études à venir ne peuvent que conduire à leur interdiction. Après plusieurs interpellations, la France consent enfin à lancer ces évaluations dans un délai de 5 ans... Et laisse les comités de pêche les réaliser, sans se soucier du conflit d’intérêt évident.

Pour découvrir la carte interactive : fne.asso.fr/devine-ou-je-vais-pecher

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