[THEMA] Le débat : le chat, ennemi de la biodiversité ?

Publié le mer 05/04/2023 - 12:00

Propos recueillis par Céline Cammarata

Alors que les réseaux sociaux croulent sous les vidéos de chats « trop mignons », les quinze millions de chats domestiques français pourraient représenter un danger pour la biodiversité. Parole à l’ex-député Libertés et Territoires François-Michel Lambert, auteur d’un amendement sur le caractère nuisible pour la biodiversité de cet animal, et à Alain Manjard, président de l’association Les amis des chats de Draguignan.

 

François-Michel LambertFrançois-Michel Lambert, ancien député Libertés et Territoires de la circonscription de Gardanne.

« La question du chat et de son impact sur la biodiversité doit être posée. Le chat comme animal de compagnie, c’est fantastique. La question n’est pas là. La population des chats augmente chaque année en France de 400 000 sujets, soit quatre à huit fois plus que la population humaine. Et je n’évoque que les chats de propriétaires, recensés car tatoués ou pucés, sans parler des chats errants. Or si un chat de propriétaire croque 20 à 30 petits mammifères, oiseaux et lézards dans une année, un chat errant en tue 100 à 300, et un chat haret (chat anciennement domestique devenu indépendant, NDLR) jusqu’à 1 000 par an. L’impact sur la biodiversité est énorme. Dans les Îles Kerguelen, ils déciment totalement la population d’albatros géants, en attaquant les oeufs et les poussins. Le même problème a été rencontré sur une île proche de Porquerolles. La France compte entre quinze et seize millions de chats domestiques qui consommeraient l’équivalent de 738 000 vaches et génèreraient plus de 375 000 tonnes de déchets de litière. Une fois souillée, cette litière n’est pas recyclable. Sans compter que la litière en silice est toxique. Nous devons donc légiférer sur la problématique du chat en globalité et prendre des décisions en totale transparence. Personne ne peut croire que l’on peut laisser les choses en l’état. »


Alain Manjard, président de l’association Les amis des chats de Draguignan, reconnue d’intérêt général.

« Le débat sur les oiseaux et les reptiles tués par les chats est un faux débat. La disparition énorme des espèces d’oiseaux et de mammifères des dernières décennies est avant tout le fait des activités humaines. Ce sont les pesticides et les fongicides qui déciment des populations entières, pas les chats ! L’espèce humaine détruit pour son confort et son plaisir. Rien à voir avec les vrais chats harets, qui sont rares, et qui chassent pour manger. Par ailleurs, le chat n’attrape sa proie qu’une fois sur sept. Il vit en équilibre avec les autres espèces. Je m’explique par un exemple : j’ai été contacté par les propriétaires d’un lotissement qui souhaitaient que je vienne enlever tous les chats sauvages du quartier, ce que, heureusement, la loi ne permet pas. Nous les capturons afin de les stériliser puis nous les relâchons à l’endroit de la capture. Je leur ai demandé de financer la stérilisation mais ils ont refusé et contacté une entreprise pour les tuer. Six mois plus tard, face à la prolifération des mulots, loirs, rats et souris, ils m’ont rappelé pour que je réintroduise des chats ! Les rongeurs avaient fait des galeries dans le polystyrène des isolations des maisons ! Il existe toujours un équilibre dans la nature. Et c’est l’espèce humaine qui le détruit. »

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