Par Sortir du nucléaire
Les déversements d’hydrocarbures sont une des nombreuses pollutions que l’on peut attribuer aux installations nucléaires. Loin d’être anecdotiques, elles constituent un problème récurrent que les exploitants nucléaires ont du mal à endiguer. Nous avions déjà dénoncé en 2022 la pollution de la Moselle par la centrale de Cattenom. Cette fois, la quantité d’hydrocarbures rejetée dans la Garonne par la centrale de Golfech est estimée à, au plus, 2,2 m3 par l’exploitant (donc environ 2 200 litres). Les associations Réseau "Sortir du nucléaire", (RSDN), France Nature Environnement 82 (FNE 82), Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées (ATMP), Sortir du nucléaire 82 (SDN 82), Stop Golfech, l’association française des malades de la thyroïde (AFMT), le Réseau Citoyen de Surveillance de la Radioactivité Golfech – Le Blayais (RCSRGB) ont porté plainte contre EDF et le directeur de la centrale de Golfech le 9 avril 2024.
À l’origine de la pollution de la Garonne
Le 24 décembre 2023, la gendarmerie de Valence d’Agen a informé la centrale nucléaire de Golfech de la présence de traces d’irisation sur la Garonne, à Lamagistère, commune située à 3 trois kilomètres à l’aval de la centrale. Cette pollution est la conséquence de plusieurs problèmes qui se sont enchaînés. Le déshuileur de site, qui permet de séparer les hydrocarbures des eaux pluviales, s’est retrouvé saturé à cause d’une fuite d’huile en salle des machines. Les eaux pluviales en sortie du déshuileur ont été dirigées vers le bassin d’orage [1] et le contenu de ce bassin a été rejeté en grande partie dans la Garonne alors qu’il contenait des traces huilées bien visibles. Après avoir été informée par les services de police, EDF a fermé la vanne qui permet d’isoler le bassin d’orage, et ainsi de circonscrire cette irisation. Sauf qu’environ 2 m3 d’eau ont été déversés avant que la vanne ne soit refermée. L’ASN a réalisé le 4 janvier 2024 une inspection réactive à Golfech qui a mis en lumière des difficultés de l’exploitant à maîtriser des activités de maintenance suite à la détection de défaillances matérielles sur le déshuileur du site et un manque de maîtrise des effluents lors de fuites d’huile sur l’installation. Cette inspection a surtout pointé que des actions doivent être mises en place pour améliorer la surveillance des installations par les intervenants d’EDF, car les actuelles n’ont pas permis la détection de l’événement.
Des informations manquantes au moment de l’inspection
La défaillance des dispositifs de prévention a conduit au rejet accidentel d’hydrocarbures liquides dans la Garonne. Or, les hydrocarbures sont des substances pouvant causer des effets nuisibles à des degrés variables sur la faune et la flore piscicole ou la santé humaine : mortalité piscicole, dommages portés à l’habitat, résidus dans la végétation, etc. La quantité déversée est à peu près connue (estimée à, au plus, 2,2 m3 par l’exploitant, donc environ 2 200 litres). Mais les analyses d’EDF au moment de l’inspection du 4 janvier n’ont pas permis de définir la nature exacte et la quantité de chaque produit déversé.
Suite à ce constat inquiétant et à une pollution visible le RSDN, FNE 82, ATMP, SDN 82, Stop Golfech, AFMT, et le RCSRGB se sont associés pour signaler ces infractions au Procureur.