Après une année de mobilisation collective, le projet de barrage Rhônergia, initié par l’État aux côtés de la CNR est officiellement abandonné. Une victoire après des mois de mobilisation. Fort de ce front associatif et citoyen unis pour préserver le Rhône, nous poursuivons notre engagement en lançant le projet : « APPEL POUR UN RHÔNE LIBRE ». L'objectif est de développer une stratégie et un plan d'actions en faveur de la protection de ce patrimoine unique du fleuve Rhône, avec pour ambition de préserver cet environnement pour les générations futures.
Depuis plus d'un an, un front associatif composé d'associations de protection de la nature, associations de pêcheurs, de chasseurs de gibiers d'eau, de citoyens, d'archéologues, d'agriculteurs, d'usagers du fleuve, et de scientifiques, militaient pour que Rhônergia, le nouveau projet de construction de barrage sur le fleuve Rhône ne voit pas le jour. La quantité d'arguments factuels permettait de démontrer qu'un vingt et unième barrage sur le
Rhône, en amont de Lyon, était :
– destructeur pour l’environnement exceptionnel du fleuve,
– très coûteux (barrage le plus cher d’Europe !)
– peu productif en énergie (barrage le moins puissant du Rhône),
– dangereux pour l’alimentation en eau potable en aval, destructeur de terres agricoles et source d’expropriations pour les riverains actuels du fleuve,
Tous ces arguments ont permis de convaincre nos responsables politiques. Cette victoire n'est pas la nôtre. C'est celle du vivant et la prise de conscience que la nature ne peut pas être continuellement exploitée, saccagée, détruite. Cette victoire, c'est aussi celle de la démocratie qui a permis au cours de la concertation, mais aussi des différents échanges et communiqués que le bon sens soit entendu.
LE COMBAT NE S'ARRETE PAS POUR AUTANT
Nous ne pouvons pas nous contenter de ce simple abandon. L'histoire nous démontre que rien n'est jamais acquis et qu'un projet des années 1980 de construction de barrage sur le Rhône à Loyettes (01), peut ressurgir des années plus tard et nous en avons bien eu la preuve avec Rhônergia. La doctrine du XXéme siècle prônée par l'état, par l'intermédiaire de la CNR, affirmant que : « le Rhône était au service de la Nation » a contribué à ce que le fleuve devienne le plus artificialisé du monde...
En effet, sur les 550 km de la frontière Suisse à la méditerranée : 20 barrages au fil de l'eau, 1 barrage de moyenne chute (Génissiat), soit environ un barrage tous les 25 km. 4 sites nucléaires, des sites industriels, des zones portuaires, des traversées d'agglomérations endiguées... Sur le Haut-Rhône Il ne reste plus que 26 km préservés d'aménagements dans le lit du fleuve entre l'aval du barrage de Sault-Brénaz et la confluence Ain-Rhône. Au vu des services rendus pendant des décennies par ce fleuve au pays, à l'économie, à ses habitants, il nous paraît juste et responsable d'accorder une protection qui doit désormais être définitive à ce dernier tronçon naturel du Rhône.
Nous, militants du front associatif et citoyens opposés au projet Rhônergia considérant que le Rhône a déjà subi trop d'agressions, proposons à l’État et à la CNR un projet alternatif protecteur de la biodiversité, de l'environnement, des paysages, du patrimoine, de l'agriculture, des habitants et des usagers du Rhône. Ce projet baptisé : « appel pour un Rhône libre » est porteur de valeurs élevées pour la citoyenneté, pour le vivant et notre histoire commune. Il vise à protéger de façon définitive la dernière partie du Rhône encore non artificialisée.